Stratégie 2025
Comme je l’avais décrit dans des posts précédents, j’ai engagé en 2018 une transformation structurelle de mon portefeuille financier visant à satisfaire mes objectifs de rendement, à améliorer le profile de croissance et à optimiser la pondération des pays et secteurs. L’essentiel de la restructuration est désormais achevé et je me penche maintenant sur l’avenir et la stratégie pour les années à venir.
Retour en arrière (2018-2020)
Avant de passer aux nouveaux objectifs, voici un bilan succinct des points clefs de la transformation :
Mise en place d’un cash flow de dividendes régulier et résilient de 1.000 € net par mois d’ici 2028.
Ce point est bien engagé et devrait aboutir d’ici deux ans environ. Je peux donc maintenant lever le pied sur les valeurs de rendement, mis à part quelques petits renforcement par ci par là.
Amélioration de la qualité du portefeuille.
Au cours des dernières années j’ai éliminé progressivement les titres les plus faibles, fragiles ou trop cycliques. A la place j’ai acheté ou renforcé des titres de qualité supérieure (L’Oréal, LVMH, Kering, Legrand…).
Réduction de la volatilité.
Avant de parler de (sur)performance, je pense qu’il faut d’abord créer un fond de portefeuille solide avec des titres ayant un drawback faible. J’ai ainsi renforcé des lignes comme Air Liquide ou Sanofi en France et développé la même approche sur les titres américains (McDonald’s, Verizon, Johnson’n’Johnson). En gros des titres qui ne brillent pas forcément dans la hausse potentielle, mais qui baissent moins que le marché en cas de crise et qui se rétablissent rapidement.
Equilibrage mondial.
Il y a quelques années j’étais très faible sur les USA et j’ai monté ma pondération à 20% actuellement. Ce sujet reste d’actualité et je continuerai à investir dans cette direction sur les années à venir.
Amélioration du profile de croissance
Pendant le confinement au printemps, j’ai largement eu le temps de me pencher sur cette question. J’ai étudié en détail toutes les entreprises du CAC40 et du Dow Jones pour déterminer une base homogène de comparaison. J’ai calculé un profile de croissance sur 8 ans (2010-2019) qui est une moyenne de la croissance du chiffre d’affaires, du BNPA hors Eléments exceptionnels (non-Gaap aux USA) ainsi que de l’EBITDA (ou à défaut Marge brute d’autofinancement courante). En prenant en compte les modifications les plus récentes des indices, je tombe sur un profile de croissance de 6% p.a. pour le CAC40 et 8% p.a . pour le Dow Jones. Il s’agit d’une médiane sur tous les titres, sans tenir compte de leur pondération dans l’indice. Je me satisfais de cette approximation, car mon propre portefeuille a des lignes à peu près équipondérées et je ne tiens pas compte de la taille d’une entreprise pour constituer mes positions.
Le profile de croissance médian de mon propre portefeuille a évolué comme ça :
2017 5.0%
2018 5.4%
2019 7.3%
2020 8.4% YTD
Dans ma réflexion, j’ai donc rattrapé progressivement mon retard en termes de croissance pour me positionner légèrement au-dessus de la moyenne.
Il est bien connu qu’un alpha en termes de performance n’est possible qu’avec une sélection de titres ayant une croissance supérieure à la moyenne. Dans le futur je vais donc continuer à veiller sur ce point et privilégier les titres de croissance. Je n’ai pas fait de statistiques sur le S&P 500, car ce serait trop gourmand en temps d’étudier en détail toutes ces sociétés, mais je suppose que la croissance médiane est légèrement supérieure au Dow Jones. Dans ma sélection propre, il ne doit donc pas y avoir de relâchement !
Stratégie 2025
Tous les points clefs cités ci-dessus restent bien-sûr d’actualité. Maintenant que la question du rendement et de la solidité est réglée, je vais me pencher dans les années suivantes à développer méthodiquement mon portefeuille avec 4 axes prioritaires : croissance, santé, technologie et vision.
Croissance et qualité
Je vais continuer à développer le profile de croissance et donc privilégier les sociétés de qualité supérieure. J’ai déjà bien nettoyé mon portefeuille ces derniers temps, mais il reste encore un peu de ballast à expurger progressivement.
Santé
Dans l’indice MSCI World la santé représente actuellement 14% du total. Comme le montre mon graphique, j’avais fin 2017 une sous-pondération notable. Depuis j’ai bien développé cette poche et elle reste un secteur prioritaire.
Technologie et assimilés
C’est bien-sûr le principal moteur de la hausse des cours ces dernières années et j’ai déjà beaucoup œuvré pour rattraper mon retard, mais il me reste des progrès notables à faire puisque ce secteur représente actuellement 22% du MSCI World.
Selon les sources, la classification des entreprises n’est pas toujours la même. Ainsi Worldline, Visa ou FiServ sont officiellement des sociétés de services financiers, mais leur business est quand même très proche d’une société technologique. Même topo pour certaines sociétés classées en consommation discrétionnaire (Alibaba, JD.com) ou dans le secteur Télécommunications (Alphabet). Je les considère en fait proches des technologiques. Pour les avoir à l’œil j’ai créé une catégorie que j’ai nommée « assimilés » et que je considère donc comme prioritaire au même titre que les technologiques officielles.
Vision
A la base, mon portefeuille est fortement orienté vers les entreprises classiques (« boring predictable compagnies » comme dirait Peter Lynch) mais le monde change et les entreprises innovantes apportent souvent un surcroît de performance. Les gérants professionnels cherchent toujours à se faire mousser pour augmenter leur business et tout le monde invente de nouveaux concepts et créé de nouveaux noms. Ce n’est qu’avec plusieurs années de recul qu’on peut juger si tout cela fait sens.
Ecologie, Megatrends, Economie circulaire, Bio, Nouveaux matériaux, Digitalisation, Robotique, Intelligence artificielle, Lutte contre le réchauffement climatique, Innovation, Singularités… Peu importe les noms, il est clair que les enjeux actuels et futurs sont des thèmes d’investissement porteurs.
Pour simplifier le suivi de mon portefeuille et mes progrès, j’ai défini pour moi le terme de « vision » qui regroupe toutes les entreprises qui innovent dans les domaines ci-dessus et transforment notre futur, ainsi que les entreprises matures qui sont des profiteurs de l’évolution du monde.
Dans mon approche « vision » je fais donc un monitoring des sociétés industrielles qui ne tombent pas dans les catégories « technologie » ou « santé ». J’y inclus par exemple Albioma (électricité par biomasse), Encavis (électricité solaire et éolienne), Hannon Armstrong (Investissements verts) ou Digital Realty Trust (REIT dans les centres d’appels). J’y inclus aussi le vénérable Air Liquide, qui est leader dans la production d’hydrogène et à qui pourrait s’ouvrir un gigantesque nouveau marché si l’hydrogène-carburant devait se démocratiser comme le souhaitent les autorités.
En termes de stratégie, j’ai donc l’intention de privilégier les sociétés de type « vision » qui contribuent à transformer notre avenir et/ou qui répondent à des enjeux majeurs.
Voici donc les réflexions-cadre de ma stratégie 2025. Je compte développer progressivement mon portefeuille en privilégiant ces axes porteurs. La théorie est simple, mais la mise en pratique est compliquée, car tous les titres technologiques sont actuellement à des prix exorbitants et il y a un hype majeur sur tout ce qui touche à l’écologie. Par sûr que ce soient des bons points d’entrée. Je reste vigilent, mais attentif aux opportunités !