Bonjour IH,
Merci pour vos remarques intéressantes. Quelques éléments de réponse :
1) Concernant la répartition actuelle de mon portefeuille, pour simplifier :
Positions longues :
40% d’obligations (souveraines US et AT1 EUR/USD principalement)
60% d’actions (45% de MSCI World et 15% d’ETF small caps et divers)
Positions courtes :
Short NASDAQ (futures NQ) : 122% de la valeur totale de mes actions
Short NASDAQ (long etf QID) : 4% de la valeur totale de mes actions, levier 2
Short facteur momentum (short etf MTUM) : 10% de la valeur totale de mes actions
Short semiconducteurs (long etf SOXS) : 4% de la valeur totale de mes actions, levier 3
Compte tenu de la taille de mon portefeuille, mon positionnement actuel relève donc plutôt du "je pose mes c## sur la table" que du bac à sable.
2) Je pense comme vous, que les positions courtes sont extrêmement risquées, le marché actions étant structurellement haussier. Pour un investisseur particulier dont l’horizon se situe à long terme, même en cas de conviction d’une baisse imminente, il vaut souvent mieux ne rien faire. Et dans tous les cas, il est certainement plus recommandable de sécuriser une plus-value, quitte à louper une partie de la hausse, plutôt que de se positionner "contre" les marchés.
IH a écrit :
Mais là quelle certitude vous avez que les bourses baissent significativement depuis le moment où vous êtes short, y compris en laissant le temps au temps ?
Premièrement, j’ai construit ma position short de façon progressive, mon point neutre n’est donc pas si éloigné : à un peu moins de 10% du plus haut NASDAQ, en appliquant le beta historique NDX/SPX, cela revient à environ 7% sur SP500). Je m’attends à une correction de 10 à 20% sur SPX, soit 13 à 26% sur NASDAQ.
Je n’ai absolument aucune certitude sur le fait que le NASDAQ baissera significativement, mais les indicateurs que j’utilise depuis plusieurs années ne laissent que peu de doutes sur l’arrivée et l’ampleur de cette correction. Comme vous l’aviez souligné dans un message précédent, mon timing a été plutôt bon lors du COVID, et sur l’année 2022 où j’ai réussi à ne pas perdre d’argent sans avoir vendu mes positions longues.
Je continue d’apprendre en faisant, il est clair que je suis rentré beaucoup trop tôt sur mes shorts (c’est une constante, je dois travailler dessus), et il aurait été plus malin de me retourner tactiquement, ou au moins de repasser au neutre, sur le point bas de fin avril que j’ai pourtant souligné quelques messages plus haut. Je me rends compte que dans un marché aussi spéculatif que post-COVID, la survalorisation est une condition, et non un déclencheur de retour à la moyenne. J’ai aussi appris ces dernières années qu’il est plus sage de se placer short sur un plus haut historique, que sur un plus haut intermédiaire.
IH a écrit :
Alors que + les nouvelles sont mauvaises + les taux baisseront et les bourses monteront encore + haut ?!
Là en revanche, je ne vous rejoins pas. Contrairement à une croyance très répandue, les données de marché indiquent une perspective différente :

A l’exception de 1960 et 1989, le SP500 a nettement corrigé après la première baisse de taux.
S’il y a de l’intérêt, je rechercherai les graphiques, mais historiquement, les marchés montent fortement en fin de cycle de hausse des taux (cf. pivot fin 2023), et le mouvement qui suit la première baisse dépend surtout d’un facteur : l’imminence ou non d’une récession économique.

En d’autres termes, historiquement, si les taux baissent pour de "bonnes raisons", le marché poursuit dans sa lancée. Si les taux baissent pour cause de récession, le marché corrige fortement.
Alors, même s’il est vrai que je n’ai pas de boule de cristal, compte tenu :
- du niveau de spéculation et de participation des petits spéculateurs, plus élevé qu’en 2021,
- des indicateurs historiques de prévision d’une récession,
- du crédit, de l’emploi, des dépenses d’investissement, du transport,
- du positionnement élevé et du sentiment euphorique actuel,
- de l’approche du cycle de baisse des taux par la Fed,
- et pour ne rien gâcher, compte tenu de la valorisation historiquement élevée du marché,
J’ai pris le pari que le marché subira une baisse significative, et j’ai pris une position particulièrement risquée pour capitaliser sur ce mouvement que j’anticipe.
Bien entendu, je réévalue ma thèse tous les jours à l’étude de tous les éléments dont je dispose.
Il y a plusieurs risques : une erreur dans mon analyse, "soft-landing" plutôt qu’une récession, une accélération des injections actuelles de liquidités par les banques centrales (un QE "furtif" est en cours depuis octobre 2023), une nouvelle présidence américaine qui sacrifierait le dollar pour éviter une récession, etc. Je suis ces développements de très près.
A l’inverse, il y a aussi plusieurs cygnes noirs qui pourraient perturber les marchés : l’arrivée de la Chine sur Taiwan, un embrasement du conflit au Moyen-Orient ou sur le front ukrainien, et bien sûr, ceux qu’il est impossible de prévoir, caractéristique même d’un évènement de marché. Je n’accorde aucune probabilité à ces scénarios dans ma stratégie. Nous verrons ce que l’avenir nous réserve.