Oui, je partage vos interrogations. La question du mode de financement est complexe. Surtout une fois que le PEA est au plafond et comporte un taux de plus-values élevé : on a envie de le laisser capitaliser le plus longtemps possible, le plus efficacement possible.
Néanmoins, avec le box spread comme mode de financement, je m’aperçois que ce n’est pas si grave que ça. Conserver l’avantage fiscal du PEA devient moins important si l’on ne désinvestit jamais. Qu’on capitalise avant de sortir l’argent ou qu’on sorte l’argent puis qu’on capitalise, ça revient au même en terme de pouvoir d’achat tant qu’on ne vend pas une seconde fois. Dès lors, ce qui compte le plus est l’espérance de rendement ajustée du risque du portefeuille global…
Imaginons que j’ai évalué que mon allocation stratégique supporterait 150% de levier. Mettons que que je détiens 50% de mes avoirs en PEA et 50% en CTO. Cela implique qu’il faudrait que je mette 200% de levier sur mon CTO.
Les marges de maintenance du CTO sont à 25% (on peut même descendre à 10%/15% sur les gros ETF en Portfolio Margin), soit un levier maximal de 400% avant l’appel de marge. En affectant mes actifs à volatilité modérée sur le CTO (ça tombe bien, je ne peux pas mettre d’obligations en PEA), je peux absorber un sacré crash avant d’être contraint de réduire le levier en catastrophe. Quand bien même, je pourrai toujours retirer du PEA pour regonfler le CTO (en dernier recours).
On peut aussi pousser à son paroxysme l’idée du box spread pour en faire un crédit à la consommation roulant, comme un lombard "classique"… Ce que vous faites déjà ponctuellement. Les pertes accumulées par les box spreads permettent en outre de compenser les plus-values d’un désinvestissement en CTO (pour consommer sans accroître la dette ou rééquilibrer le portefeuille).
Si l’on approche le problème du mode de financement sous cet angle, l’arbitrage entre ETF à levier en PEA et Box Spread (d’un montant calibré pour avoir une exposition action similaire, donc avec au moins un rééquilibrage trimestriel) devient plus une question de comparaison des coûts.
Pour un ETF à levier, on paye approximativement le coût d’emprunt overnight + quelques dizaines de bips (ces ETF utilisent des futures) sur la moitié de la valeur de la position (pour faire x2 alors qu’on a mis 1), auxquels s’ajoutent le TER de l’ETF sur 100% de la position. Pour la box, on paye le taux correspondant à l’échéance du spread (3 mois, pas si différent de l’overnight) sur le levier au-dessus de 100%, plus le TER du ETF classique. Avantage de coût à la Box !
La question du volatility drag (ou du boost lorsque le marché a une tendance haussière durable) est complexe, comme vous l’indiquez. Toutefois, dès lors que tout le patrimoine n’est pas constitué d’actifs intrinsèquement leveragés comme le LQQ, on se retrouve à devoir prendre des décisions de rééquilibrage qui ne sont pas si différentes. Si vous avez 10% de LQQ qui passent à 12% de la valeur globale, votre taux de levier a lui aussi augmenté à 12% : est-ce que vous rééquilibrez votre position LQQ ? Si oui, cela revient à faire des ajustements ponctuels du levier assez similaires à un renouvellement de box spread à levier cible constant. Si non, cela veut dire que le profil de risque de votre portefeuille global évolue vers plus de risque. La question du "trop" est épineuse, oui !
Je dis ça, mais ce n’est clairement pas demain que je casse mon PEA pour passer uniquement en box spreads, hein. On ne sait pas comment la fiscalité des box spreads et du CTO peut évoluer.
Par contre, il n’est pas impossible que mon AV soit sévèrement élaguée à la fin de mon crédit MyLombard chez BoursoBank !