BILAN DU PORTEFEUILLE GLOBAL - LE FILM -
SCENE 7) PANORAMIQUE DE ROTATIONS
PREMIER DEGRE) ROTATION SECTORIELLE
Autre élément du b.a.-ba pour béotien : les entreprises peuvent être classées en une douzaine de secteurs économiques, qui ont des réactions différentes aux cycles (ou aux fluctuations). Par exemple les secteurs sensés dominer en fonction de la phase économique sont :

J’ai constitué mon portefeuille Croissance Verte CV100 sans me préoccuper des secteurs. C’était bien sur plutôt les métiers liés à des activités vertes qui m’intéressaient quelle que soit leur classification.
Je me suis néanmoins posé des question sur sa viabilité au regard de la sacro-sainte diversification (sectorielle en l’occurence). Les quelques études de corrélation que j’ai mené ne m’ont guère convaincu de la validité de cette approche.
Malgré mes préventions, donc, à l’égard des secteurs, j’ai ensuite articulé mon portefeuille Généraliste G100 autour de thèmes qui m’intéressaient, en essayant de les faire rentrer dans une diversification de secteurs (parfois un peu artificiellement).
Au final, en regroupant les deux portefeuilles, j’arrive aujourd’hui à 170 lignes dont la répartition dans la classification ICB (Yahoo Finance) est :

Mon déséquilibre apparent de diversification au profit des Technologiques et Industrielles n’est pas si fort en le comparant à celui d’un indice monde, et semble se faire essentiellement aux dépens de la Finance, de l’Immobilier et de l’Energie.
Evidemment, tout ça peut changer en classification GICS (dans laquelle je suis largement exposé à l’Energie bien que n’ayant pas de pétrole…).
La question est de savoir si mon niveau d’exposition à certains secteurs peut être préjudiciable à ma performance en cas de « rotation » comme cela est réputé arriver en ce moment (et comme souvent après un krach).
STRATEGIE DE ROTATION
Le problème est que d’un cycle à l’autre, il semble que les comportements sectoriels soient à chaque fois plus différents que semblables ! Par exemple pendant la crise des sub-primes (fin 2007 à mi 2009), les biens durables étaient en panne alors que la technologie était en forme (alors qu’elle avait été le secteur plus touché en 2000, étant au cœur de la crise de la bulle internet). Mais était-ce bien la même technologie ? D’ailleurs ce secteur a fini par être largement remanié en 2018 dans la classification GICS entrainant des changements de classement pour près de 10 % du S&P500…

Au final, 3 secteurs n’ont plus rien à voir avec le passé…
D’autre part, du point de vue de la performance, des fluctuations sur des échelles de temps annuelles peuvent être lissées par des tendances de long terme. Ainsi le comportement du NASDAQ100 par rapport au S&P500, pourtant de plus en plus dominé par les technologiques (sans parler du CAC40).

Imaginons qu’on puisse - même si l’historique des cycles précédents ne nous apprend rien - tout de même identifier des secteurs en retard de valorisation. Le but d’une stratégie de rotation sectorielle est de guetter les signes d’un changement de phase de cycle de façon à rééquilibrer le portefeuille. C’est très logique en théorie mais reconnaître ces transitions sectorielles est notoirement difficile à faire dans la réalité.
Imaginons que nous puissions le faire aussi, comme il semble que ce soit le cas ces dernières semaines. Une étude souvent citée de 2008 a révélé que même avec une prévoyance parfaite et en ignorant les coûts de transaction, une stratégie idéale de rotation sectorielle aurait généré au mieux 2,3% de sur-performance annuelle de 1948 à 2007.
Et si l’investisseur anticipait le cycle économique, devançant ses pairs ? Alors la sur-performance serait réduite de 2,3% à 1,9% !
Toutes ces données empiriques suggèrent que la stratégie de rotation sectorielle ne fonctionne tout simplement pas…
Ce n’est guère étonnant au vue des bases branlantes en terme de classification : Les 11 secteurs sont à la fois bien trop hétérogènes (dé-corrélations internes) et flous.
Il faudrait peut-être essayer de retrouver une homogénéité à l’intérieur des classes en réduisant leurs tailles à des « métiers », plutôt que des secteurs (ou des sous-sous-secteurs si l’on veut).
Ça tombe bien, mon portefeuille est organisé en métiers !
MES THEMES :
A mon avis, et ce n’est que lui :
FINANCE :
Holdings
Elles sont traditionnellement décotées, ont peu rebondi et devraient profiter d’ une rotation, de par leurs actifs défensifs.
Fintechs
Elles ont beaucoup rebondi comme toute la tech, mais devraient résister à une rotation car la mutation qu’elles accompagnent n’en est qu’à ses débuts et elles peuvent être le relais d’un système bancaire à bout de souffle. Elles sont classées Technologie mais permettent de contrebalancer ma sous-exposition au « secteur » financier.
Les métiers dont je me suis tenu à l’écart comme l’Assurance et surtout la Banque vont – pour ce que j’en comprend - rester empêtrées dans les taux bas, même si leur énorme retard de valorisation devrait se combler un peu. Celles qui sont en fonds pourraient tenter une diversification mais on risque plutôt de voir une concentration.
TECHNOLOGIE DE L’INFORMATION :
Les avis sont très partagés. Le mien est que c’est le secteur qui est très partagé, entre les entreprises non rentables qui ont profité d’une demande conjoncturelle spécifique qui ne restera pas à son niveau, et celles qui apportent un plus sur une demande réelle et durable. Il y a une correction, ou une consolidation, ou une respiration bien naturelle. Ensuite, les bulles idiosyncratiques se dégonfleront toute seules et les effets de contagion resteront limités.
Dans mes métiers, je pense que :
Tech-Pub
Très dynamique et tout temps bien que volatile.
Tech-Analyse
Il y a encore beaucoup de potentiel dans le domaine (IA, big data, digital twins, etc.), mais certaines de mes valeurs plafonnent (Dassault Systèmes, Trimble).
Tech-Services
Devient mature par pans. Le cloud va aller vers des concentrations pour lutter contre AWS. Les services de mise en relation tant professionnelles que commerciales vont continuer à se digitaliser et à grandir.
Sont également classés Technologie pas mal de valeurs vertes dont toute l’énergie solaire
. Pour eux je suis certain qu’ils vont continuer à grimper avec Biden aux commandes.
Je suis suffisamment exposé pour ne pas avoir à regarder les autres métiers que je n’ai pas, qu’ils aient ou non des possibilités de croissance.
INDUSTRIE :
Ce secteur est un immense fourre-tout sans cohérence.
Concernant mes thèmes :
L’Espace
reste une conviction forte de long terme.
Les Réseaux
sont un secteur un peu artificiel conçu pour rassembler quelques convictions. A revoir.
Les Semi-conducteurs
(comptabilisés en Technologie) sont devenus une base essentielle de toutes les phases des cycles économiques. Ils résisteront.
Pas mal de Verts sont classés dans l’Industrie dont les valeurs de l’hydrogène
, en lesquels j’ai confiance pour poursuivre leur hausse.
Bien d’autres thèmes existent dans ce secteur, avec beaucoup d’entreprises décotées qui pourraient rebondir, mais tant que les miens résistent, est-il utile d’aller les chercher ?
UTILITIES :
J’ai une bonne exposition aux entreprises de gestion de l’eau et des déchets (verts)
. Cela n’apparait pas de manière évidente car leur valorisation a pris du retard mais elles représentent près de 10 % des lignes (Plus les Utilities énergétiques quand elles sont comptabilisées comme telles). Ce retard va clairement devoir être rattrapé et mon portefeuille en profiterait.
SANTE :
Mes deux thèmes paraissent protégés d’une rotation sectorielle :
Les Tests
resteront durablement utiles même post-covid.
Les Equipements Biomédicaux
vont rebondir à la reprise des activités hospitalières normales.
Si ce secteur de mon portefeuille paraît un peu faiblement valorisé par rapport à un indice monde c’est qu’il ne contient pas de big pharma car je ne crois pas en la capacité de performance de leur modèle (la création de valeur s’est déplacé vers les entreprises de Recherche et validation CRO et les fabricants purs).
CONSOMMATION :
Mes valeurs du luxe et cosmétique
profiteront probablement d’une reprise, mais d’une rotation ?
Les valeurs du e-commerce
corrigent inévitablement mais ont su se rendre indispensables.
J’ai très peu de Consommation défensive qui est un secteur qui devrait rebondir.
COMMUNICATION SERVICES :
Entre des valeurs matures qui peuvent profiter d’une rotation post-covid (Disney, Sony, ou même Apple) et des valeurs plus techno qui ne me semblent pas trop en danger, mon petit thème Communication me semble apte à résister.
MATERIAUX :
Quelques expositions vertes indirectes mais pas de minières (j’ai failli créer un thème minières de métaux rares et précieux à l’origine et il aurait été efficace !). Certaines matières premières risquent d’être très recherchés dans les mois à venir.
ENERGIE :
Si ce secteur correspond aux énergies fossiles, je confirme : je n’y suis pas et n’y serai pas exposé. Il rebondit bien sur de façon conjoncturelle mais la tendance longue est à la baisse depuis des années et va continuer. Il y a des coups ponctuels à faire mais je n’y participerai pas.
Si ce secteur inclut à la production d’énergie renouvelable, j’y suis bien exposé.
IMMOBILIER :
Je n’y suis pas exposé, par choix de diversification de mon patrimoine (non que je n’ai pas été tenté). Pas de regrets donc !
D’autre part, le secteur est aujourd’hui une belle illustration d’hétérogénéité invalidant la notion de rotation sectorielle !
Conclusion provisoire :
Rien ne vaut, bien sur, une analyse entreprise par entreprise car même au niveau des métiers, les classifications resteront toujours imprécises. Néanmoins, aucun de mes thèmes ne me semble en danger de trop forte baisse en cas de réelle rotation et la moitié me semble positionnée pour en profiter.

La question est plutôt : vont ils continuer à sur-performer les indices ou faudrait-il réaliser une rotation du portefeuille ? Je ne suis guère motivé pour un tel changement. Après tout, si j’ai gardé des thèmes peu performants en 2020 comme les Holdings, l’Instrumentation médicale ou la Gestion de l’Environnement, c’est bien dans l’espoir qu’elles profiteront de la rotation. Rotation qui n’en sera pas obligatoirement une mais plutôt un rattrapage à l’exemple de ces deux derniers mois avec un début de remontée de ces thèmes en retard, mais un bon maintien de la plupart des autres thèmes.