On est un peu hors sujet ici en discutant des critiques faites à Pïketty (d’autant que ça a été débattu ailleurs, et que Piketty les a même reprises sur son site, et a lui-même écrit des réponses/objections à ces critiques, mais rares sont ses détracteurs à les évoquer…, beaucoup préférant un dénigrement au premier degré).
La démonstration faites dans l’article cité par Igor prétend que Piketty justifierait son "r > g" par le fait que la part de capital détenue par les x% les plus riches aurait augmenté. Cette démonstration s’écroule quand on tente de répondre à la question "Où donc dans le livre cette relation de causalité est-elle faite par l’auteur ?", car la réponse est : "nulle part".
D’ailleurs le livre (qui analyse d’ailleurs séparément les évolutions de la répartition des patrimoines, et celle de la répartition des revenus, car ça n’est pas la même chose, et au niveau des revenus, il identifie bien aux USA quelques % de cadres super bien payés) indique même que la part de capital détenue par les x% (par exemple 0.1%) les plus riches a, dans l’histoire, tour à tour augmenté et diminué (et pas qu’il augmente éternellement).
Le livre de Piketty consacre aussi quelques chapitres aux thèmes suivants :
- le rendement obtenu par ceux qui détiennent déjà un gros patrimoine semble (en moyenne) nettement supérieur à celui obtenu par ceux détenant un plus petit patrimoine (c’est en tout cas ce que montre la corrélation entre rendement et taille du capital détenu par les diverses fondations qui financent les grandes universités américaines, qui présentent l’avantage de publier toutes les informations associées, alors que pour les patrimoines privés l’accès aux informations est plus difficile)
- la part des patrimoines provenant de l’héritage (analysée pour différents pays, avec son évolution dans le temps), augmente pas mal ces dernières années.
Ces chapitres montrent effectivement qu’on évoluait (durant les dernières années avant la parution du livre) vers un monde de rentiers, comme celui d’avant 1910 dans les pays développés, et qu’il devenait bien plus difficile (même s’il reste des exceptions, comme il y en avait avant 1910, par exemple si on réussit à développer une start-up) de se bâtir un patrimoine conséquent par son travail qu’avec son patrimoine préexistant.