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Situation économique et avenir économique de l'Allemagne

Allemagne: perspectives économiques et débats sur son modèle

Cette discussion analyse longuement la situation économique allemande, son évolution et les différentes perspectives pour l’avenir. Les membres débattent des forces et des faiblesses du modèle économique allemand, soulignant des points de divergence d’opinions concernant son impact sur l’Europe.

Un point central de la discussion porte sur la solidité de l’économie allemande. Des participants remettent en question la perception généralement positive, évoquant des menaces comme la concurrence internationale (notamment des États-Unis), le prix de l’énergie, et la situation économique fragile du reste de l’Europe. D’autres membres insistent sur la basse des prix de l’immobilier et la capacité d’investissement de l’Allemagne comme des atouts déterminants.

Le rôle de l’Allemagne au sein de la zone euro est également débattu. Certains participants estiment que l’Allemagne contribue peu au redressement de ses partenaires, en raison de sa politique budgétaire et salariale. Ils soulignent la dépendance de l’Allemagne vis-à-vis du reste de l’Europe et interrogent son impact sur la crise européenne. Inversement, d'autres membres minimisent la responsabilité allemande dans la situation économique de la zone euro. La gestion de la dette et l'endettement des ménages et entreprises sont aussi des axes de discussion.

La discussion explore ensuite des sujets liés à la spécialisation économique des pays européens. Les membres se questionnent sur la meilleure stratégie à adopter pour un pays : une spécialisation à l'image du modèle allemand ou une approche différente privilégiant l'innovation et la croissance à long terme dans des secteurs porteurs. Le débat met en lumière les difficultés à concilier une spécialisation économique avec les exigences de la démocratie. La décentralisation, la codétermination en entreprise et le poids du management intermédiaire sont également abordés comme des éléments spécifiques du modèle allemand.

Enfin, la discussion aborde la question du salaire minimum, pointant la différence entre le modèle allemand et le modèle français. La compétitivité et le coût du travail sont débattus, avec des avis divergents sur l’impact des salaires bas dans certains secteurs d’activité. Les membres analysent le lien entre l’excédent commercial allemand et l’impact sur ses partenaires européens. Les dernières interventions évoquent l’influence de la BCE sur la situation, l’impact de la guerre en Ukraine, et la résilience de l'économie allemande face aux prédictions pessimistes.


1    #76 12/04/2023 15h40

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Arrêtons cette histoire de gaz pas cher car :
- le gaz est une ressource mondiale : si les prix sont bas aux US alors les opérateurs vont chercher à exporter pour toucher $12 plutôt que $2.
=> https://about.bnef.com/blog/us-to-see-d … -capacity/

- de nombreux pays avancés sont pauvres en ressources naturelles : Suisse, Japon, Taiwan, Corée du Sud, etc.
Si la croissance et l’avancée technologique reposait sur le pétrole, la Russie serait un mastodonte économique.


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#77 12/04/2023 16h47

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kiwijuice a écrit :

Arrêtons cette histoire de gaz pas cher car :
- le gaz est une ressource mondiale : si les prix sont bas aux US alors les opérateurs vont chercher à exporter pour toucher $12 plutôt que $2.

Le GNL ne représente que 10% à 15% du marché du gaz mondial (source n°1 et source n°2) donc je ne vois pas comment vous pouvez généraliser en disant que le gaz est une ressource mondiale. Ce sont d’abord des marchés locaux et/ou bilatéraux présentant une forte rigidité. Par ailleurs, si l’arbitrage était si simple à réaliser pourquoi un différentiel de prix aussi important perdure depuis plus de 2 ans entre l’Europe et les US ? Les prix devraient avoir convergé (aux coûts de friction près comme le transport) en vertu de la théorie de l’absence d’opportunité d’arbitrage.

kiwijuice a écrit :

- de nombreux pays avancés sont pauvres en ressources naturelles : Suisse, Japon, Taiwan, Corée du Sud, etc.
Si la croissance et l’avancée technologique reposait sur le pétrole, la Russie serait un mastodonte économique.

Oui, évidemment et ce n’était pas du tout le sens de mon propos ci-dessus. Mon interrogation est la suivante : comment toute chose égale par ailleurs un pays avec un poids de l’industrie aussi important et qui repose notamment sur l’exploitation et la transformation de ressources fossiles arrive-t-il à s’en sortir toujours aussi bien ?

Dernière modification par Concerto (12/04/2023 17h18)

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1    #78 12/04/2023 21h09

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Pour faire des arbitrages entre les Etats-Unis et l’Europe, il faut disposer de terminaux de liquéfaction, dont la construction prend environ 4 ans (après l’obtention des autorisations), ainsi que de méthaniers (les premières livraisons disponibles sont pour 2027). Il n’est donc pas possible d’avoir une réaction rapide à des écarts de prix ; lorsque les acteurs de marché pensent que cet écart de prix va durer dans le temps, de nouveaux projets sont décidés (aux Etats-Unis ou ailleurs) et ils seront disponibles au moins 4 ans plus tard.

Par ailleurs, le coût correspondant à la liquéfaction, au transport et à la regazéification du gaz est de l’ordre de 4 $ / MMBtu, pour un engagement d’environ 20 ans. Il y a donc un différentiel de prix "intrinsèque" entre les pays producteurs et les pays importateurs, qui peut éventuellement se réduire au coût marginal (moins de 2 $/ MMBtu) en cas de surplus de gaz.

Ces coûts de "transport", très importants par rapport à ceux du pétrole par exemple, expliquent qu’il y a historiquement peu de surcapacités, des prix par région et des pics de prix très marqués lors de tensions sur l’approvisionnement (ex: 2011 / suites de Fukushima).

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#79 13/04/2023 12h47

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Concerto, le 12/04/2023 a écrit :

Oui, évidemment et ce n’était pas du tout le sens de mon propos ci-dessus. Mon interrogation est la suivante : comment toute chose égale par ailleurs un pays avec un poids de l’industrie aussi important et qui repose notamment sur l’exploitation et la transformation de ressources fossiles arrive-t-il à s’en sortir toujours aussi bien ?

Moi-aussi je n’explique pas trop la relative bonne santé en Europe malgré les coûts de l’énergie en hausse et significativement supérieurs aux USA.

On a aussi vite oublié l’Inflation Reduction Act aux USA et ses incitations multiples pour attirer les entreprises européennes et étrangères.

Mon sentiment est qu’il y a une inertie, et qu’exactement comme il a fallu du temps pour voir les dégâts du Brexit, il faudra du temps pour que l’impact des possibles délocalisations ou constructions d’usine aux USA plutôt qu’en Europe se voient dans les chiffres.

Maintenant, si cette délocalisation/relocalisation n’arrive finalement jamais, tant mieux !

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#80 13/04/2023 14h29

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Pour mieux comprendre, il faudrait aussi mieux savoir :
   - quelle est la part de l’industrie allemande qui est vraiment "énergie intensive";
   - quelle est la part de l’énergie dans ses coûts;
   - quelle part de ces coûts de l’énergie repose sur le prix spot ou court terme de l’énergie, et quelle part à été négociée à long terme (et à quel niveau);
   - quel serait les coûts, en particulier de transport (et de taxes), pour importer en Europe les produits actuellement fabriqués en Allemagne (ou dans ses "satellites"), s’ils étaient fabriqués ailleurs (ceci concerne surtout les produits avec un ratio valeur/poids peu élevé, par ex les voitures).

Je suis bien d’accord avec le fait qu’il y a une inertie (on ne choisit pas où localiser une usine sans prendre en compte les impacts potentiels pendant pas mal d’années), et ainsi que, plus que leurs valeurs actuelles "spot", c’est le niveau des prix de l’énergie, des taxes, des coûts et de la disponibilité de main d’œuvre, et bien d’autres choses (dont la proximité des clients), tel qu’il est raisonnablement anticipé pour les décennies à venir, qui est pris en compte.

Si l’Allemagne (ou par ex la Suisse dans certaines industries) arrive à s’en sortir si bien, c’est peut-être aussi parce que,  dans la valeur créée, il y a des éléments (différents du coût de l’énergie) (peut-être liés à la matière grise) dans lesquels ils sont très compétitifs, et qui comptent pour plus qu’on ne pourrait le croire…


J'écris comme "membre" du forum, sauf mention contraire. (parrain Fortuneo: 12356125)

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Favoris 1    #81 13/04/2023 15h07

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Concerto, le 12/04/2023 a écrit :

kiwijuice a écrit :

Arrêtons cette histoire de gaz pas cher car :
- le gaz est une ressource mondiale : si les prix sont bas aux US alors les opérateurs vont chercher à exporter pour toucher $12 plutôt que $2.

Le GNL ne représente que 10% à 15% du marché du gaz mondial (source n°1 et source n°2) donc je ne vois pas comment vous pouvez généraliser en disant que le gaz est une ressource mondiale. Ce sont d’abord des marchés locaux et/ou bilatéraux présentant une forte rigidité. Par ailleurs, si l’arbitrage était si simple à réaliser pourquoi un différentiel de prix aussi important perdure depuis plus de 2 ans entre l’Europe et les US ? Les prix devraient avoir convergé (aux coûts de friction près comme le transport) en vertu de la théorie de l’absence d’opportunité d’arbitrage.

kiwijuice a écrit :

- de nombreux pays avancés sont pauvres en ressources naturelles : Suisse, Japon, Taiwan, Corée du Sud, etc.
Si la croissance et l’avancée technologique reposait sur le pétrole, la Russie serait un mastodonte économique.

Oui, évidemment et ce n’était pas du tout le sens de mon propos ci-dessus. Mon interrogation est la suivante : comment toute chose égale par ailleurs un pays avec un poids de l’industrie aussi important et qui repose notamment sur l’exploitation et la transformation de ressources fossiles arrive-t-il à s’en sortir toujours aussi bien ?

Réponses données avant.


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#82 28/04/2023 11h24

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Alpins a écrit :

Printemps 2023, on parle maintenant de croissance modérée:

Pour l’année en cours, Les cinq principaux instituts (Ifo, IfW, IWH, RWI et DIW) s’attendent à une croissance de 0,3% de l’économie allemande, contre une contraction de 0,4% prévue à l’automne.

Nous verrons à la fin de l’année ce qu’il en est mais au Q1 :
- Il n’y a pas eu de croissance ce trimestre-ci, contre un consensus attendu à +0,2%
- La performance de l’Allemagne est inférieure à celle de ses voisins européens (par exemple, la France réalise +0,2% de croissance)

Source

D’un autre côté, le gouvernement allemand a tout juste révisé sa prévision de croissance 2023 de +0,2% à +0,4% ! Entre ce réalisé du Q1 inférieur à l’attendu et cette prévision annuelle réhaussée, je suis assez curieux de savoir comment cela se terminera au final.

Source

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#83 28/04/2023 15h54

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Attention à ne pas se focaliser seulement sur le PNB et sa croissance.  Il convient de ’retraiter’ la croissance de l’activité par la croissance de la dette (à minima publique, idéalement publique et privée), un exercice pour lequel la France ne brille pas de manière générale.

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1    #84 28/12/2024 14h23

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Ici un très long article qui fait le point sur la situation actuelle en l’Allemagne.

L’Allemagne dans la macro-crise : Anatomie d’un pays cassé

Quels seront les effets de la crise allemande sur le reste du continent ? Peut-elle permettre une accélération de l’intégration européenne que freinaient bien souvent les Allemands jusqu’ici ? Ou va-t-elle au contraire la bloquer davantage encore du fait du repli de l’Allemagne sur elle-même dans un réflexe de sauve-qui-peut souverainiste ? Avant d’émettre quelques hypothèses à ce sujet, il faut prendre toute la mesure de la profondeur de la triple crise que traverse l’Allemagne : crise du système politique, crise d’identité, crise économique. Les différentes dimensions de cette macro-crise sont étroitement interconnectées.

Le paysage politique est chamboulé par l’émergence de nouveaux partis ( comme l’AfD ou le très récent BSW) qui entraînent une redistirbution des cartes.

On avait pu considérer parfois au début des années 2000 que la montée en puissance des Verts aurait pu compenser à gauche le déclin progressif du SPD — les Verts étant amenés à les remplacer à terme comme un des deux partis dominants du système politique allemand. Mais ce parti a cessé de progresser au cours des dernières années  : ils ne sont plus crédités que de 10 % des voix dans les sondages pour les élections de 2025. Un peu comme en France, mais à un niveau plus élevé, leur base sociale, centrée sur les Allemands les plus diplômés reste trop étroite, et les Verts allemands n’ont pas réussi pour l’instant à se muer en un véritable « Volkspartei » — un parti du peuple comme on dit Outre-Rhin.

Enfin, dernière venue dans le paysage de plus en plus fragmenté de la politique allemande : la Bündnis Sara Wagenknecht (BSW) apparue au printemps dernier — un ovni politique. Ce parti, issu d’une scission de Die Linke, est à la fois conservateur sur les sujets de société — et en particulier sur la question des migrations — et assez radical sur les questions sociales et économiques. Il est aussi pro-Poutine en matière de politique étrangère. Sara Wagenknecht, âgée de 55 ans, est née et a été socialisée en Allemagne de l’Est. Elle était devenue dans les années 2000 une des figures de proue de Die Linke, présidant notamment son groupe parlementaire au Bundestag, tout en devenant aussi la compagne d’Oskar Lafontaine, ancien secrétaire général du SPD et ancien candidat SPD à la chancellerie, qui avait cofondé Die Linke après avoir rompu avec le gouvernement de Gerhard Schröder.

Les liens entre démographie, émigration et immigration sont passés en revue :

Les Allemands ont donc émigré massivement depuis deux siècles non pas vers des colonies allemandes mais vers des pays étrangers, non contrôlés par l’Allemagne. Combiné aux déplacements forcés des quelques douze millions d’Allemands de l’Est de l’Europe chassés de leurs lieux de vie après la Seconde Guerre mondiale, c’est ce qui permet d’expliquer en partie l’attitude globalement positive adoptée par l’opinion allemande et le gouvernement conservateur d’Angela Merkel en 2015 face à la crise des réfugiés syriens.

À cela est venu s’ajouter une conscience plus précoce et plus répandue qu’en France de la gravité de la crise écologique et de ses conséquences probables même si, en parallèle, l’Allemagne reste aussi le paradis des grosses voitures et un gros consommateur de charbon. Ces deux mouvements conjugués ont amené la fertilité à tomber à 1,4 enfants par femme dans le pays dès 1975, il y a cinquante ans, au lieu des 2,1 qui pourraient permettre de stabiliser la population. Il est intéressant de noter que ce taux est un peu remonté depuis 2010, résultat d’une relativement bonne santé économique combinée à un effort important pour doter enfin le pays de crèches et de structures d’accueil pour les enfants après l’école, mené sous la houlette d’Angela Merkel — femme d’origine Est-Allemande socialisée dans un pays où contrairement à l’Allemagne de l’Ouest, les femmes occupaient toutes des emplois.

L’Allemagne figure en revanche, derrière la Suède et l’Autriche, parmi les pays européens où ces flux d’immigrants ont été les plus importants depuis dix ans. Aujourd’hui en France, 13,1 % des habitants sont nés à l’étranger, une part quasiment stable sur les dernières décennies. Mais cette proportion est de 19,5 % en Allemagne, 50 % de plus. Elle est une des plus importantes d’Europe en dehors des paradis fiscaux comme Malte ou le Luxembourg. La France compte aujourd’hui 8,2 % d’étrangers dans sa population à peine plus qu’il y a dix ans, l’Allemagne en compte 14,6 % — quasiment le double de 2013.

Et enfin dresse un tableau de la situation économique actuelle.

Tous les moteurs qui avaient fait de l’Allemagne la puissance économique dominante au sein de l’Union sont en effet à l’arrêt. La relative bonne santé économique de l’Allemagne après la crise financière de 2008 puis pendant la crise de la zone euro avait poussé les Allemands à se poser en maîtres d’école au sein de l’Union. Cette époque est révolue. L’Allemagne semble bien partie désormais pour devenir à son tour « l’homme malade » de l’Europe.

Mais depuis la pandémie de Covid-19 et la guerre en Ukraine, rien ne va plus. L’industrie allemande est apparue tout d’un coup comme un colosse aux pieds d’argile : la production industrielle recule très rapidement, de même que les exportations en dehors de l’Union, et il y a tout lieu de penser que ce n’est que le début d’un processus qui risque encore de s’accélérer.

À cela sont venues s’ajouter les difficultés suscitées dans les secteurs à haute intensité énergétique — sidérurgie et chimie principalement — par la guerre d’agression russe contre l’Ukraine et la coupure des approvisionnements en énergie fossile comme le gaz en provenance de Russie. Cette coupure a entraîné une hausse importante du prix de l’énergie dans toute l’Europe et particulièrement en Allemagne. La forte dépendance du pays à l’égard des énergies fossiles russes est le résultat de l’Ostpolitik initiée par le chancelier SPD Willy Brandt dans les années 1970 et relancée par le chancelier SPD Gerhard Schröder au tournant des années 2000 avec la construction du gazoduc Nord Stream.

Cette politique d’austérité permanente, imposée partout en Europe par le gouvernement allemand suite à la crise financière de 2008, a eu des effets très négatifs pour toute l’économie européenne. Elle porte une responsabilité majeure dans sa stagnation prolongée depuis quinze années. Mais cette approche a eu aussi à la longue des effets négatifs massifs pour l’économie allemande elle-même.

Hier le président allemand a dissout le parlement suite à la rupture de la coalition. Les élections législatives anticipées auront lieu dans deux mois, à suivre de près.


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