Petites remarques d’un professeur d’Histoire-Géographie :
Lecture
En 6e, lors du premier cours, je me débrouille toujours pour faire lire un texte à haute voix, à une dizaine d’élèves, puis je recommence la fois suivante. Ceux qui ne savent pas lire clairement, dès ce premier cours, sont en échec pour l’écrit, dans toutes les matières (/ Anglais, math…).
Ce qui a changé, c’est que dans certains lycées, en seconde, certains déchiffrent péniblement. Mais au collège, ils étaient sages, et puis "il faut valoriser l’oral !" Et bien sûr ils perdent un an en seconde générale pour rien …
Classes européennes :
Dire que les professeurs font plus attention aux "bons" et délaissent les "mauvais" est ridicule. Un prof tente de réussir son cours, (ou au moins de pas trop le rater…) avec ceux qui participent.
Le nombre d’heures de cours ne joue pas pour les classes européennes. Il existe 2 motivations réelles pour les parents :
1/ un meilleur niveau en langue, à terme.
2/ le gamin se retrouve avec des bons élèves, ou du moins pas trop de "cas lourds" qui empêchent d’apprendre. A terme, son niveau est meilleur, partout.
C’est pareil en première S, beaucoup y vont parce que les "bons" veulent être avec les "bons" et réussir des études supérieures.
Bons élèves bloqués :
C’est à mon sens le plus gros échec des minables appelés "pédagogos" par la grande majorité des profs en poste (et j’ai connu une vingtaine d’établissements, de la zep dure au top lycée).
Dans certains collèges, des élèves sérieux et volontaires (quelque soit leurs "religions") sont empêchés de réussir par 3 ou 4 "cas lourds" qui bloquent le cours. J’en ai eu un en quatrième (13 ans) qui m’a interrompu, à juste titre, lorsque j’évoquais la garde à vue. Il en savait plus que moi, il en avait déjà 2 à son actif… il a été viré définitivement du collège. Dans la plupart des collèges, j’évalue à 3 ou 5 gamins sur 400 ou 500 vraiment irrécupérables. Mais il faut se les garder 4 ans, sans aucun progrès, en acceptant qu’ils bloquent le travail des autres (en évitant de les faire redoubler pour qu’ils partent plus vite !). L’orienter à 12 ans, c’est du fascisme…
Le très gros avantage du privé, c’est qu’ils n’ont pas ces 3 ou 4 cas lourds (pardon, des "nenfants") qui plombent l’établissement.
Plus grave, l’enseignement de l’orthographe de la grammaire a été détruit à l’école primaire. J’ai pu le vérifier avec une petite élève sérieuse, attentive de cinquième qui ne comprenait pas les erreurs que je soulignais. Elle a progressé par elle-même, mais il est évident que la responsabilité est plus amont, que les programmes et l’enseignement du primaire sont en cause. Ce genre de filles bien suivies, possédaient une orthographe impeccable en cinquième "avant"…
Pédagogo et pouvoir
En sacralisant "l’enfant", en attaquant les notes, en détruisant le latin et le grec avec des mensonges grossiers, en trafiquant les programmes d’histoire, cette mouvance montre son pouvoir. Et même étale sa bêtise en public avec des rapports incompréhensibles, comme récemment au Conseil supérieur des programmes, ou ne siège, bien sûr aucun professeur en poste…
Voir
Le conseil supérieur des programmes : " Les héritiers des Précieuses ridicules", dit Pascal Praud
Ces pédagogos forment, à la louche, 2 ou 3% des profs en poste, 40 à 60 % sont plutôt républicains (= il faut savoir lire en sixième) et le reste attend que ça se passe… Mais ils ont le pouvoir dans les médias, au ministère, dans l’opinion publique… "tous les enfants peuvent avoir un bac S sans travailler avec la mention très bien". Sinon, "discrimination" !
Bien sûr, rien n’est fait ni proposé pour ces enfants en difficulté pour la maîtrise de la langue en sixième : il vaut mieux supprimer les notes, valoriser l’oral, donner des notes de groupe, faire des prix de camaraderie… Le problème de ces incapables, c’est que les gamins sont intelligents : dans une classe, il y en a toujours 3 ou 4 qui préviennent les autres ! Et donc cette "protection" offerte par les pédagogos contre l’arbitraire des profs n’en n’est pas une, car ce qui compte le plus pour le gamin, c’est le regard des autres. Et quand il ne sait pas bien lire en sixième, c’est terrible, aussi je change vite de gamin après une phrase péniblement ânonnée…
Rastignac
Dernière modification par Rastignac (19/08/2015 15h54)