KingFlan a écrit :
On peux vendre nos monuments historiques à Disney !
Hors trait d’humour (ou pas), vendre des actifs d’état c’est privatiser et peut être aussi l’occasion de réduire le déficit, améliorer le service par la concurrence, autres bienfaits bien connus. Mais il nous reste encore beaucoup d’entreprises publiques dont on pourrait sérieusement se séparer ? dans la catégorie non-stratégique / superflu type FDJ.
Dur d’évaluer la valeur d’un monument historique. Pour son prix, la plupart des monuments historiques sont de vieux immeubles, sans autre intérêt que de représenter l’histoire de l’époque (bâtiments classés) ou de rendre hommage à quelqu’un ou quelque chose. C’est sûr que s’il s’agit de la Tour Eiffel, on pourra trouver preneur en Asie ou au Moyen-Orient, mais les monuments aux morts et les bâtiments classés, qui constituent l’essentiel des monuments historiques, ça coûte davantage en entretien que ça ne rapporte. Même cédés pour un euro symbolique, ce n’est pas une bonne affaire…
Les privatisations n’améliorent généralement pas la concurrence, car dans la plupart des secteurs lucratifs, on retrouve une oligarchie de grosses entreprises qui s’entendent sur les prix. Les bienfaits de la libre concurrence, ils servent surtout d’argument marketing pour faire passer une privatisation, idéalement à prix cassé pour gâter le repreneur (cf la vente des autoroutes).
Par ailleurs, il reste peu d’établissements publics agissant dans un secteur suffisamment lucratif pour intéresser le privé. Ca fait longtemps qu’ils ont été vendus pour encaisser du fric, en disant que "c’est la faute à Bruxelles", ce qui est faux, car la Commission veut juste que la concurrence ne soit pas faussée, elle se fiche de savoir qu’une entreprise soit publique ou non.
Il y a 50 ans, l’Etat créait beaucoup d’entreprises publiques lucratives, mais aujourd’hui il n’en reste pratiquement plus. Lorsque l’Etat intervient en créant un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), c’est généralement en raison d’une carence du secteur privé, qui n’arrive pas à être suffisamment rentable pour investir le secteur en question sans faire faillite ni demander des subventions gigantesques à l’Etat (gestion des déchets, culture, transports en commun…).
Vous pouvez voir la liste des principaux EPIC, il ne reste pas grand chose de sexy à vendre au privé : Établissement public à caractère industriel et commercial en France ? Wikipédia
Ce que fait l’Etat plutôt que de vendre un EPIC, c’est "d’externaliser" ses missions. Par exemple plutôt que de privatiser l’ANPE (quand il en a marre de la renommer…), il paie le privé pour suivre, former, motiver et trouver du boulot à une partie des chômeurs. Cela revient dans les faits à une privatisation partielle, à cela près que l’Etat ne vend rien sur le moment, mais espère faire des économies en ayant moins de chômeurs à suivre. Là aussi, tout comme les privatisations, l’exemple a montré que sur le long terme, cela coûte infiniment plus cher à l’Etat de faire appel au privé… La raison en est que le but du privé est d’être rentable, donc de dégager un excédent à distribuer aux actionnaires, plutôt que des déficits d’exploitation. Il faut bien que cette marge bénéficiaire provienne de quelque part et elle s’ajoute aux coûts…
Sur les établissements publics de santé, plutôt qu’industriels et commerciaux, comparez une clinique privée et un hôpital, c’est très flagrant : la clinique garde ce qui rapporte bien et refile le reste au public. Jamais le privé n’irait acheter un hôpital sans être chèrement payé par l’Etat, afin de continuer à exercer ses missions actuelles lourdement déficitaires. Même chose pour les établissements publics éducatifs, monter une université privée, pourquoi pas si les gens paient cher (Dauphine, écoles de commerce…), mais gérer le système éducatif en général, ça coûte plus que ça ne rapporte.