InvestisseurHeureux a écrit :
franck71 a écrit :
Donc au final, on ne peut pas dire que ça soit Byzance effectivement…
J’ai édité mon message pour ajouter la prime de Noël (270 euros pour une femme seule avec deux enfants).
Au final, on doit approcher les 1700 € par mois. Soit plus de 30% du 1250 € sur lequel on communique.
Cependant, ces aides me semblent bcp plus normales que les retraites cumulées de J. Toubon et consort. Je regrette simplement que l’on ne communique pas plus dessus, et présente une situation trompeuse.
Enfin, notre notre aide-soignante est bien "courageuse" de travailler.
Sauf erreur, si elle ne travaillait finalement pas, le RSA pour mère isolée avec ses deux enfants, est d’environ 1200 €, partiellement cumulable avec les APL et avec les autres aides. Au final, on arriverait à un "revenu" mensuel assez proche, mais sans avoir à gérer la garde des enfants…
Yonz a écrit :
il y a des bus dans toutes les grandes villes.
Précisons d’ailleurs que selon les régions, les foyers modestes bénéficient de réductions, voire de gratuité complète des transport, y compris les trains ou cars…
Pour professionnellement fréquenter pas mal d’aide-soignantes, celles que j’ai vues gagnaient souvent autour de 1200 euros net de tout…week-end bossé compris.
Le pire que j’aie vu étant dans un EHPAD d’un des trois gros groupes français (le seul non côté pour balancer sans nommer!)
En tant qu’infirmier je touchais moins de 3 euros de l’heure pour la prime de dimanche…c’est à dire entre 2 et 3 fois moins que quasi partout ailleurs.
Les AS devaient toucher la même chose, mais si on recontextualise, c’est un métier de m….. payé de la m….. par des gens qui eux, gagnent bien leur croute en faisant payer plein pot des petits vieux qui ont épargné toute leur vie et cotisé de partout, et plein de gens se font du beurre sur la vulnérabilité de ceux qui sont soignés et de celles qui soignent (mon exemple concerne, vous l’aurez compris, les EHPAD, on pourra le juger caricatural, mais malgré mon franc parler, je le pense comme je l’ai vu malheureusement trop souvent, et cela est le fruit d’une politique, quoi qu’on en dise).
Car même si elles touchent des aides, c’est exactement la même chose que dénonçait Faith au post 2908 quand il dit que quelqu’un qui gagne 1300 perd 200, c’est plus dur que quelqu’un qui gagne 100000 perd 20000.
Car derrière, vous avez aussi: les maux de dos chroniques qui s’aggravent avec l’âge…aussi les névralgies brachiales (plusieurs me décrivaient le même trajet douloureux tous les jours, lié aux efforts de soulèvement: on peut faire toutes les formations sur la manutention du monde, quand on doit bosser à la pendule, et bien on peut difficilement appliquer ce qui demanderait du temps et de l’attention)…
Et à l’attention de Yonz, la France de la province est fort mal pourvue en transport: pour aller dans la préfecture à 25 bornes de chez moi, il y a deux cars par jour. L’autre jour mon fils revenait par le train, comme il a neigé, ils ont supprimé tous les cars du soir. Heureusement que je travaillais sur place et ai pu le ramener, sinon nous étions bons pour faire 25 km aller pour aller le chercher (donc 50 kms). C’est ça la France profonde de la province. Même si ça roulait quand même sur la neige!
Beaucoup de parents font le taxi pour cela, et en campagne, faire le taxi c’est vite 60 bornes par jour et plus.
Là par exemple je fais des bilans de santé, et bien certains font 40 kms aller pour le faire. Pou remettre un résultat HIV, comme c’est confidentiel, et bien il faut reconvoquer la personne qui doit venir exprès.
C’est ça, oui, la province française, et la ruralité (qui doit aller en ville pour tout).
Quant aux gardes d’enfant, et bien parfois une AS n’en trouve pas près de chez elle faute de place. Donc un, deux, trois kms parfois. Multiplié par X. Surtout si elle est à la campagne. Et au-delà de ça, parfois il y a aussi des problèmes de compatibilité de personnes, qui vont prendre le dessus sur l’aspect pratique et matérialiste. Pour nous ça nous a conduit à changer notre fils d’école, c’était donc 10 kms aller à faire nous-mêmes. PAr chance ça tombait sur le trajet de ma compagne pour le travail, mais ce n’est pas toujours ainsi.
Et s’il s’avère qu’elle a des vélléités sportives et culturelles pour faire de son enfant une potentielle future élite qui s’extraie de la médiocre condition sociale qu’elle lui inflige, dans la France profonde il faut parfois encore faire de la borne, car tout ne se passe pas au pied de son immeuble, pas plus qu’en même temps, et du coup la suroptimisation que les écologistes urbains arrivent à appliquer dans leur propre vie, se trouve inapplicable dans ces zone reléguées de la nation!
Et puis, il se trouve qu’il arrive des trucs très embètants: la maladie d’un enfant: et hop, rebelote on reprend la bagnole. On doit planter le boulot, ou passer x coups de téléphone au mari quand il y a la chance d’en avoir un, disponible, ou la famille quand elle est là. Ou des amis. Mais tout le monde n’a pas ces ressources.
Et puis, la voiture peut tomber en panne: les voitures de gens moins riches, payées moins chères, tombent souvent plus en panne forcément…ça c’est souvent le truc qui fait mettre le genou à terre.
Et aussi, quand il y a eu un divorce, et ben ça garantit pas les pensions alimentaires! Pour toucher les pensions alimentaires, faut qu’il soit honnète ou qu’il ne soit pas non plus trop pauvre. Parfois elle est pas si belle la vie!
Vous m’excuserez donc la petite digression sociale, qui n’est pas destinée à faire pleurer dans les chaumières, loin s’en faut, mais juste pour rappeler que derrière des batailles de chiffres à qui l’on peut faire dire tant de choses, souvent celles qu’on a envie, il y a des gens, des vécus, dans la vraie vie, qui, quand on les regarde et s’y intéresse, nous montrent qu’en fait, les choses sont souvent plus complexes que l’on croit.
Après je suis un grand naïf idéaliste qui voudrait que tout le monde y soit heureux…mais ce que je constate, c’est que bien des gens sont en fait très peu conscients de ce que vivent parfois leur voisin qui ne montre rien, alors qu’en fait derrière sa porte le monde s’effondre.
Je ne parle même pas de nos politiques, pour l’essentiel totalement hors-sol d’une façon assez dramatique!
Et que vouloir bosser à se casser le dos, pour 1300 balles par mois, même si on a des aides derrière, bah quelque part faut en vouloir. Surtout quand on voit les remerciements que ça suscite.
Mais certaines préfèrent cela pour garder une estime d’elles-même, plutôt que de se résigner à un assistanat dont la plupart n’ont en fait aucune envie.
Mais bon, ce n’est que mon témoignage subjectif et partial. Mais c’est ça que je vois.