@Stokes (et bien entendu à tout forumeur intéressé!)
au préalable, je souhaite préciser que ce message n’est pas un appel à votre bannissement parce que vous aborderiez chaque sujet sur fond de lutte des classes. D’abord parce que je ne suis pas sectaire et ensuite parce que la lutte des classes est une grille de lecture intellectuellement intéressante (bien qu’à mon sens erronée).
Concernant les grèves dans les transports et au risque de me répéter, je soutiens qu’elles sont le fait de syndicats qui ne représentent guère qu’eux-mêmes. S’ils étaient réellement représentatifs, ils seraient bien plus puissants et n’auraient pas besoin de lancer des blocages de cette ampleur ou alors des mouvements bien plus courts (confère par ex. le syndicat du métro londonien, très puissant : il bloque 2 jours une fois tous les 3/4 ans et obtient peu ou prou ce qu’ils veut).
On peut en effet discuter du bien fondé du soutien public à la SNCF, en tant qu’outil d’aménagement et de développement du territoire. J’ai pris le train hier pour me rendre à Paris à un rdv pro : train à l’heure dans les deux sens, personnel de bord agréable, wifi fonctionnant à la perfection, bar approvisionné. C’est comme ça que les cheminots emporteront l’adhésion de la population, pas en l’empêchant de circuler.
Concernant les grèves à l’Université, je suis en profond désaccord avec vous. Dans ma petite fac de Province (population étudiante largement d’origine ’modeste’, voire ’très modeste’), les étudiants ne font pas grève. Beaucoup espèrent simplement passer leurs examens au mois de Mai pour ensuite bosser en juin, juillet, août, pour gagner trois sous et ainsi financer l’an prochain. Et continuer sereinement leurs études. Quand je faisais des études universitaires, j’aurais eu honte de faire grève - comment aurais-je pu regarder en face mes parents qui bossaient dur pour me les payer (trop riche pour avoir une bourse et j’ai du attendre le DEA pour enfin y accéder, en l’espèce une bourse au mérite)?
Sur la sélection à l’entrée à l’Université (mise en place de fait par parcours Sup), je ne vois pas en quoi il est choquant de sélectionner. Ça éviterait peut être le tourisme estudiantin financé par la collectivité.
Là encore, on peut discuter. En l’espèce, du bien fondé du système Parcours Sup, qui est effectivement débile puisque, de fait, un algorithme va décider si un étudiant va pouvoir ou pas s’inscrire dans la fac de son choix.
Dommage, alors qu’il existe des systèmes de sélection beaucoup plus simples et rationnels. Par exemple en demandant aux étudiants de participer à leurs frais de scolarité (par ex. 1/3 ou un quart, donc de l’ordre de 5-10 k€ l’année j’imagine pour des études en sciences humaines, jusqu’à 10-20k€ pour les cursus plus techniques ; chiffres totalement illustratifs et estimés à la louche, non sourcés).
Et pour financer ces frais, la mise en place d’un vrai système de bourses (très déficient en France), publiques et privées, et d’un système performant d’accession aux prêts étudiants (par ex. garantis par l’État et remboursés sur les feuilles de paye à l’entrée dans la vie active, à partir d’un salaire minimum, comme ça se fait en Australie).
Si un étudiant ne veut pas financer une petite partie des frais en lien avec le cursus qu’il veut faire, quelle est sa réelle motivation?
Ça écrèmerait en sélectionnant les plus motivés, ce qui rendrait d’ailleurs possible une vraie sélection sur dossier de la part des Universités, avec entretien individualisé (ce qui sera de fait impossible avec Parcours Sup, vue la masse de dossiers à traiter par les équipes enseignantes).
Ma boule de cristal me dit que vous ne serez pas d’accord avec ma lecture (très capitaliste j’imagine) de l’actualité économique et universitaire, mais tant pis.
Cela étant dit, n’est-ce pas un affreux capitaliste qui est à l’origine de la fondation de la Clay Mathematics Institute (CMI), dont l’un des défis consiste à approfondir la compréhension des solutions des équations de Navier-Stokes? 