@FunnyDjo : Non, je n’ai pas vu de SCPI. Toutes les SCI de nos ministres détiennent des biens propres (parfois même la RP, pour M. Le Maire et Mme Parly) - parfois à la suite de successions.
En essayant de lisser les inévitables biais liés aux héritages et aux évidentes disparités des comportements de consommation et d’épargne, on constate en gros que :
- des responsables politiques avec une longue carrière politique et sans autre activité professionnelle (du type M. Mélenchon, M. Ayrault, M. Castaner etc.) peuvent atteindre des patrimoines d’environ 1-1,5M€ vers la fin de carrière (d’autres avec une longévité politique comparable comme M. Le Drian ou M. Collomb sont néanmoins bien en deçà) ;
- des hauts fonctionnaires avec des carrières éminentes dans la haute fonction publique ou le secteur public / para-public (du type M. Blanquer, Mme Borne etc.) atteignent des patrimoines autour de 1M€ ;
- sans surprise, la voie privilégiée vers un enrichissement plus important, pour un haut fonctionnaire, consiste à "pantoufler", ou, pour ne pas y mettre de connotation négative, à s’orienter vers le secteur privé, comme Mme Pannier-Runacher à la Compagnie des Alpes ou Mme Pénicaud chez Danone. Quand le pantouflage n’est qu’un intérim de courte durée entre 2 fonctions politiques (comme pour M. Philippe chez Areva), l’effet d’accélération sur le patrimoine est évidemment plus modeste.
En termes de compétence de la gestion patrimoniale, je pense que cet échantillon, en moyenne, est assez loin du niveau du forum ;-) car en général ces personnes sont sans doute bcp plus motivées par leur carrière (souvent brillante) que par l’optimisation patrimoniale.
Néanmoins, le patrimoine de Mme Cluzel me semble a priori bien géré (et en tout cas bcp mieux que la moyenne des ministres) : en ayant recours à l’endettement pour acquérir de multiples (petits) biens immobiliers (immobilier locatif, j’imagine), son patrimoine dépasse 900k€ malgré des revenus assez modestes (autour de 35k€).
Donc on trouve parmi nos ministres une grande diversité de compétence de gestion patrimoniale et de comportements d’épargne/consommation, à l’image de la population générale. ;-)
@Carpediem / Yonz : Effectivement, pour les responsables publics ayant accès à des informations confidentielles sur les entreprises, il y a différentes solutions qui sont mises en place :
- gestion purement passive des titres vifs détenus à la prise de fonction
- obligation de déclarer tout mouvement à l’employeur
- les ETF sont fortement encouragés, plutôt que les titres vifs
C’était le cas pour moi, comme banquier central. Le patrimoine du Chairman de la Fed Jerome Powell est presque entièrement constitué d’ETF (pour près de 100M$), sans aucun titre vif.
Cela dit, il est évident que même en respectant les règles éthiques imposées par l’employeur public, il y aurait un risque politique pour un Ministre des Finances ou autre haut responsable politique de détenir des titres vifs. Il ne faut pas simplement éviter les conflits d’intérêts, mais aussi l’apparence de conflits d’intérêts. C’est clair que ça doit avoir un effet paralysant sur l’investissement en bourse.
[A mon modeste niveau d’expert de banque centrale, c’était aussi le cas : mon père ayant eu le malheur d’acheter des actions BNP Paribas pour mon compte sans m’en informer préalablement, j’ai eu droit à 5 années d’audits scrupuleux de tous mes comptes par mon employeur - je pense que l’augmentation de mon patrimoine géré à l’aveyronnaise me rendait en outre naturellement suspect ;-) Je n’ai commencé à investir activement en bourse qu’après mon départ de cette institution.]
Dernière modification par Scipion8 (03/04/2019 11h31)