Sur le vote ouvrier, voici un extrait d’un article pour la présidentielle de 2012 :
" [http://www.slate.fr/france/53797/jeunes-ouvriers-vote] Ouvriers
Cette étude est à prendre avec les mêmes précautions que les sondages d’intentions de vote, et sera redressée lundi 23 avril avec les résultats définitifs du premier tour (EDIT: l’article a été mis à jour avec les chiffres redressés). Mais elle donne quelques grands enseignements. D’abord, Marine Le Pen arriverait première chez les ouvriers (29% d’entre eux), une catégorie qu’elle a revendiquée tout au long de sa campagne.
«Contrairement à lui [Jean-Luc Mélenchon], je n’ai pas attendu 25 ans dans un siège de sénateur avant de m’intéresser à la classe ouvrière. De toute façon, l’électorat de Jean-Luc Mélenchon, ce n’est pas la classe ouvrière, mais un électorat de bobos», avait-elle dénoncé en mars. Le sondage d’Ipsos et de Logica lui donnerait raison, avec seulement 11% du vote ouvrier pour le candidat du Front de Gauche, contre 27% pour François Hollande et 19% pour Nicolas Sarkozy. En 2007, le Cevipof estime que le candidat de l’UMP avait récolté 26% du vote ouvrier.
Au total, les ouvriers auraient voté à 51% pour un candidat de droite et d’extrême droite et à 40% à gauche, avec 9% pour François Bayrou. Si cette tendance est confirmée, elle signifierait que les ouvriers continuent leur «droitisation».
«Depuis le début des années 1990, les ouvriers votent autant à gauche qu’à droite, nous affirmait Florent Gougou, spécialiste de la question au Centre d’études européennes de Sciences Po. En 2002, ils ont voté exactement dans les mêmes proportions à droite qu’à gauche.»"
Mon opinion sur le vote ouvrier.
Ils sont hostiles à la mondialisation, pour trois raisons, économique, immigration et culture :
1/ Ils l’assimilent à la liberté des capitaux et des délocalisations, aux paradis fiscaux.
2/ Pour des raisons d’immigrations, les derniers venus formant une "armée de réserve" chère à Karl Marx, ils bloquent la hausse des salaires et rendent l’accès au travail plus difficile.
3/ Pour des raisons de valeurs culturelles, les ouvriers vivent souvent au contact des immigrés, dans des grands ensembles, où se retrouvent des gens pauvres d’une autre culture, souvent d’islam. La cohabitation est délicate… Voir "Fractures françaises" de Christophe Guilluy.
Le problème de Mélenchon, c’est qu’il parle fort bien des aspects économiques, et qu’il est "angélique" sur les aspects concernant l’immigration et les aspects culturels. Le Pen répond, bien ou mal, aux trois questions.
Brillant orateur, le chef du Parti de Gauche s’adresse surtout à un électorat de petites classes moyennes typiquement de gauche, fonctionnaire et bac+4, en tous cas bien intégré. Lorsqu’il a voulu se présenter dans le Nord en 2012, il a été éliminé au premier tour. Voici un article qui évoque ce "retour au réel"…
[http://www.lemonde.fr/politique/article … 23448.html]
MARINE LE PEN FRÔLE LES 50 % DES VOIX
A 20 h 15, les résultats définitifs d’Hénin-Beaumont tombent. Mme Le Pen y fait son meilleur résultat et frôle les 50 % des voix. Plus tard, on apprendra qu’elle décroche la première place dans presque toutes les autres villes de la circonscription, sauf à Noyelles-Godault, où le maire centriste, Jean Urbaniak, lui passe devant.
Avec 42,36 % des voix sur la circonscription, Mme Le Pen se paie même le luxe de pratiquement doubler son score du premier tour des législatives de 2007.
M. Mélenchon, lui, est bien devant M. Kemel à Hénin-Beaumont. Même si c’est aussi le cas dans d’autres communes de la circonscription, dont les quatre dirigées par des communistes, ses 21,48 % ne sont cependant pas suffisants pour lui permettre de se qualifier pour le second tour. Il est devancé par M. Kemel, qui termine avec 23,50 % des suffrages. Ici, l’abstention s’élève à 42,88 %."
En conclusion, je dirai que la réalité de la condition de vie des ouvriers n’est pas du tout la même que celle des bobos bien installés, que la vie dans Paris diffère de Garge-lès-Gonesse ou Aubervilliers, que le succès médiatique tranche souvent avec la réalité des urnes. Le record revient à Eva Joly, candidate des Verts, encensée par les médias, à 9% dans les sondages complaisants du début de campagne, qui finit piteusement à 2% en 2012. Les réelles qualités de Mélenchon peuvent lui permettre de faire le "plein" des voix de gauche, de pomper l’électorat de Hamon, mais pas vraiment de réussir une percée chez les ouvriers et employés, car il ne répond pas aux demandes de cet électorat concernant l’immigration et les "valeurs" culturelles. On peut toujours désapprouver, ou culpabiliser ces aspects peu "politiquement corrects", mais on ne peut nier qu’ils existent, et surtout qu’ils pèsent lourds dans la campagne électorale.
Rastignac
Dernière modification par Rastignac (02/04/2017 20h38)