Vous confondez plusieurs choses. Les places en réa sont des places en service de réa. Le reste c’est de l’extension de réa.
Un médecin réanimateur ou pas , ne peut pas gérer plus de personnes que sa tête ne lui permet de le faire.
En février on avait 5200 lit de réa purs
On est à ce jour à 5800 . Ces lits sont des lits de réa "pur" dans des services de réa
L’extension qu’on fait, c’est en réquisitionnant les respirateurs des blocs opératoires. Comment ?
La réanimation n’est pas qu’une spécialité, enfin c’est un double spécialité
L’anesthésiste qui vous endort a fait les mêmes études que le réanimateur qui est dans la réa
La spécialité est l’anesthésie/réanimation. Une fois le cursus fini, certains vont en anesthésie d’autres en réa. Mais ils ont fait presque la même formation.
De sorte que quand vous bloquez les blocs opératoires, les déprogrammations, vous pouvez récupérer les respirateurs des blocs et éventuellement les anesthésistes. Mais ça reste des anesthésistes, ils sont réanimateurs dans le moment, pas dans la gestion d’un patient sous 15 jours qui nécessitent d’autres connaissances. L’anesthésiste pour le patient, c’est le mec qui endort. Pas du tout c’est le médecin qui vous tient en vie quand ça commence à défaillir au cours de la chirurgie, il réanime, il vous tient en vie … pour passer ensuite la main au réa qui va gérer la suite pendant plusieurs jours pour vous en sortir
Vous comprendrez donc bien qu’on peut passer à l’extension de réa les cas légers ou en voie d’amélioration mais pas les cas lourds qui ont besoin d’un vraie réanimateurs à part entière. Et qu’ils ne peuvent ne transférer que les cas dont ils sont sûrs que ça ne va pas s’aggraver de nouveau sinon comment les remettre dans un service de réa où il n’y a plus de place du tout ?
Deuxième chose : la réquisition des blocs dans le public et privé a été une catastrophe. Car d’une part première vague, le privé n’a été que peu utilisé , probablement pour une raison idéologique mais peu importe. Mais surtout il faut comprendre qu’il n’y a pas que le covid ; le cancer existe toujours, les maladies aussi, les infections aussi. Tout ça a abouti à des retards catastrophiques de prises en charges. A la reprise, les chirurgiens viscéraux ont une flambée de prise en charge de cancer avancés métastatiques. Alors quoi , le patient qui a une suspicion de cancer mérite t-il de moins bien être pris en charge que le patient covid ? Les oncologues ont eu après la première vague une augmentation de 30 % de la chimiothérapie à cause de ces même retards, ils attendent un pic de mortalité dans 2 à 3 ans
Donc si vous poussez la réa en extension, vous flinguez de l’autre côté les prises en charge. C’est un jeu de translation qu’il faut savoir équilibrer.
En résumé : prenez en charge tous les gens du covid et vous aurez plus de dégâts en suicide, cancer, maladie cardiovasculaire etc à cause de l’économie et des retards de prise en charge.
Et pourquoi pas plus de réa ? Peut être qu’il n’y en pas assez en France ? Mais il n’y en aurait de toute façon jamais assez avec ce genre de pandémie. Faut-il creuser la dette permanente pour prévenir une pandémie qui va arriver tous les "X" siècles ? Economiquement, intelligent ? Pas si sûr non plus…