Cher InvestisseurHeureux,
Votre remarque ci-dessus m’a fait sourire. Ne m’en voulez pas si je vous dis qu’ils ont réussi à vous faire gober leur propagande gauchiste. Bien sûr, ce sont des économistes renommés, mais ils ont un parti pris idéologique, qui dans le cas présent leur a fait faire une erreur d’analyse.
En tout cas, leur message comme quoi la politique de "quotient familial et autres transferts familiaux" serait injuste ne tient pas la route. Regardons leurs chiffres, en se focalisant sur les deux extrémités de leur courbe.
D’après eux, une famille à revenu très modeste reçoit environ 150€/mois/enfant et une famille à revenu très élevé reçoit 380€/mois/enfant. Ce dernier chiffre est de l’imposture intellectuelle, car il se décompose en:
- 100€ de prestations familiales (allocations familiales, etc.)
- 280€ d’effet du quotient familial. En effet, grâce au système du quotient familial (dont sont par définition exclus les revenus modestes, puisque de toute manière ils ne paient pas d’IR), un couple avec enfant(s) paie moins d’IR qu’un couple sans enfant, mais cet avantage est plafonné à moins de 2300€/an/enfant pour les 2 premiers enfants et 2 fois ce montant pour les 3ème et 4ème enfant.
La plupart des couples aisés ayant deux enfants maximum, l’avantage par enfant, en divisant par 12, est plafonné à moins de 200€/mois/enfant, sauf au delà du 3ème où c’est moins de 400€/mois/enfant. J’imagine que les 280€/mois/enfant que ces économistes ont calculés est une moyenne entre les 200- et les 400- mais cela m’étonne, car ils semblent donc supposer que les couples aisés ont en moyenne 3,5 enfants.
Mais ne chipotons pas sur leur calcul, même s’il est probablement faux. Le plus grave est ailleurs, dans le raisonnement lui-même. Le quotient familial n’est pas un "cadeau" fait aux personnes aisées. Il traduit simplement le fait que:
- les personnes aisées sans enfant paient énormément d’impôts (IR, CSG, charges salariales et patronales non contributives de droits comme les cotisations d’assurance maladie, etc.)
- et que les personnes aisées avec enfant(s) en paient un peu moins, grâce au quotient familial.
En résumé, le quotient familial, loin d’être un cadeau, atténue légèrement (au maximum, 200€/mois/enfant pour les 2 premiers enfants) la fiscalité quasi-confiscatoire que paient les personnes aisées sans enfant.
Regardons maintenant les prestations familiales. D’après ces économistes, les revenus modestes reçoivent 150€/mois/enfant et les revenus élevés 100€/mois/enfant, écart qui ne serait pas suffisamment élevé et serait donc injuste. Que ces économistes se rassurent. Les 40% des revenus les plus faibles reçoivent bien plus que 150€/mois/enfant. Nos brillants économistes n’ont en effet pas tenu compte d’autres prestations non strictement labellisées familiales, mais versées aux revenus modestes et dont le montant augmente en présence d’enfants :
- places en crèches beaucoup plus facilement attribuées aux revenus modestes, avec par ex. à Paris modulation du tarif mensuel par enfant entre 75€ et 750€ (rapport 1à 10!)en fonction du revenu mensuel de la famille et du nombre d’enfants
- prêt à taux zéro pour l’achat de la résidence principale
- coûts des cantines scolaires et des loisirs scolaires/vacances de neige, etc., qui sont calculées selon un barème favorisant les revenus modestes ayant plusieurs enfants
- allocations logements (APL, etc.): idem
- aides CE (comités d’entreprises): qui subventionnent souvent davantage les revenus modestes, ayant des enfants.
- etc.
Que l’on se méprenne pas. Je ne critique pas ces transferts au profit des familles les plus modestes. Mais je critique ces économistes qui limitent leur analyse de transferts familiaux à quelques allocations familiales stricto sensu …