Avant de prendre des positions short, il vaut mieux à mon avis bien évaluer le rapport de forces entre "longs" et "shorts". On peut éventuellement avoir raison sur la surévaluation de telle ou telle action, mais néanmoins se faire complètement rincer sur une position short, notamment dans un contexte de marché haussier (les fins de cycle étant d’ailleurs souvent caractérisées par une dernière accélération haussière brutale). La montée en puissance de la gestion indicielle, avec des flux structurellement longs, et le QE sont d’autres risques structurels pour les vendeurs à découvert… quand bien même ils auraient raison sur les fondamentaux.
Pour évaluer le rapport de forces entre "longs" et "shorts", je regarde les positions shorts en pourcentage du flottant, données par exemple sur ce site pour les valeurs du NYSE et là pour les valeurs du NASDAQ.
Voici ce que ça donne pour quelques-uns des valeurs citées sur cette file :
1) Shorts ultra-minoritaires = risque élevé (perso je resterais à l’écart d’une position short, mais pour qui est convaincu de la thèse short, une micro position spéculative peut être envisagée) :
Procter & Gamble (PG) : positions short en % du flottant = 0,92% (perso je la trouve surévaluée, mais bon je ne vais pas parier contre la foule enthousiaste, qui pourrait la porter encore plus haut)
Apple (AAPL) : 1,14%
Starbucks (SBUX) : 1,42%
Deere (DE) : 1,64%
Salesforce (CRM) : 1,99%
Marriott International (MAR) : 2,95%
Cummins (CMI) : 3,50%
2) "Battleground stocks" = bataille intense entre les longs et les shorts, qui peut basculer d’un côté ou de l’autre :
AMD (AMD) : 9,37%
Snap (SNAP) : 14,86%
Tesla (TSLA) : 20,55%
Enphase Energy (ENPH) : 28,12%
3) Les shorts ont la main : dans la plupart des cas, l’intense activité de VAD sur ces actions contribue à faire baisser leurs cours… mais pas toujours (cf. Carvana)
Wayfair (W) : 31,89%
Beyond Meat (BYND) : 33,11%
US Steel (US Steel) : 33,89%
Carvana (CVNA) : 36,31%
Verra Mobility (VRRM) : 55,09%
Perso je ne parierais pas à la baisse contre une action avec moins de 5%, voire 10%, de positions shorts dans le flottant, sauf éventuellement si je connaissais extrêmement bien le dossier (et même dans ce cas, je prendrais le risque de me faire emporter par la foule des longs).
Je prends en compte le pourcentage de shorts dans mon screener maison, quand j’évalue la possibilité de prendre une position long (en ce moment, par exemple, je regarde Enphase). J’ai tendance à exclure toute valeur où ce pourcentage dépasse 20-25%.
Le pourcentage de shorts dans le flottant est aussi intéressant en termes dynamiques : un débouclage des positions shorts, associé à une amélioration des fondamentaux, étant pour moi un signal très bullish sur une valeur.
Evidemment, tout dépend de la tolérance au risque de chacun, et de son caractère contrarian ou pas. Mais même pour un pur contrarian, une calibration prudente des positions shorts sur des valeurs "populaires" auprès de la foule, me semble de mise.
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.