#101 29/08/2023 14h51
- Yumeria
- Membre (2020)
- Réputation : 72
Hello,
Intéressant débat, mais qui s’éloigne tout de même du sujet.
Vu la qualité de certaines interventions, je pense que nous sommes plusieurs sur ce forum à travailler au sein de l’exploitant des centrales nucléaires française, ou au moins dans le secteur de l’énergie
Si je peux me permettre ma contribution, je fais partie des personnes pensant que notre demande en énergie ne vas pas diminuer, mais plutôt augmenter. C’est déjà le premier écueil, jusqu’à récemment, et encore maintenant, une autre partie pense que notre demande en énergie va diminuer. C’est pour moi un non sens, notre société ayant vraiment "explosée" vers le progrès lors de la découverte du pétrole, et de la quantité d’énergie pouvant être extraite à partir d’une goutte de cette huile. L’humanité pour moi ira toujours vers l’avant, et pour aller de l’avant il faut plus d’énergie. Maintenant il faut travailler à rendre cette énergie moins polluante. Il faudra gérer cette augmentation par une hausse de l’usage de l’électricité, tout en diminuant l’usage des fossiles que ça soit en usage final (chauffage au gaz etc ) ou en combustible (CCG ou charbon).
Cette transformation de nos usages doit se faire de manière progressive, et il faudrait ne pas confondre vitesse et précipitation. Clairement, se tirer une balle dans le pied, en s’imposant des normes drastiques qui ne sont suivis par personne dans le monde ne me semble pas aller dans le sens du progrès, aussi bien d’un point de vue sociétale que d’un point de vue climatique.
Selon l’OCDE, en 2021, l’empreinte carbone en France par habitant est de 8.9 T. D’autres organismes ont d’autres valeurs, yc le 9.9 cité par kromoz0hm. En ordre de grandeur, la France ne fait pas partie des plus grands pollueurs des pays dit développés. Si notre empreinte carbone est supérieure à la moyenne mondiale, cela provient avant tout de notre confort de vie. On peut se mettre pour objectif de revenir à la moyenne mondiale, mais cela irait de pair, sans innovation technologique majeure, avec il me semble un abaissement de notre niveau de vie. Quoiqu’en pense nos décideurs ou même certains experts, on ne peut pas "imposer" au peuple son mode de vie, ou alors il faut appeler un chat un chat : une dictature. Perso je n’ai pas peur des mots. Et je suis prêt à parier qu’en France, personne ne voudrait vivre comme au Bangladesh ou le Guatemala.
On peut aussi compter sur une situation géographique privilégiée et une population relativement restreinte (ex : Norvège) mais le modèle ne me semble pas reproductible.
En conséquence, il faut fixer des objectifs atteignables et bénéficiant d’un consensus, et non pas d’un consensus "factice" entre soit disant sachant. Les objectifs fixés par l’UE ne seront pas tenus dans le consensus, ils seraient tenus uniquement au prix d’un affaiblissement majeur de notre mode de vie et du rayonnement de l’Europe dans le monde. C’est franchement fort dommage, et en plus, ça ne sauvera pas Gaïa. Loin de là car des pays n’ayant pas notre souci de l’environnement en profiteront pour nous prendre des parts de marché.
Si on zoome sur le marché de l’énergie, pour la quantité d’espace occupée, pour le retour sur investissements hors subvention, pour la facilité de pilotage, pour l’impact en terme de CO2, on ne fait pas mieux que le nucléaire à l’heure actuelle. Dans un monde parfait, la majorité des systèmes électriques pilotables devraient être du nucléaire. Dans la même veine que mon commentaire précédent, je n’ai aucun problème à dire qu’un expert ou dirigeant disant que d’une part le changement climatique est là, et qu’en même temps le nucléaire c’est mal est un charlatan (et j’ai tout un tas d’autres termes en tête que je n’écrirais pas ici). On ne peut pas à la fois dire qu’une personne est malade, qu’elle va mourir si on ne fait rien, et en même temps lui refuser le traitement le plus rapide, le moins cher et le plus efficace. Les décisions sont prises trop souvent sur la base d’un ressenti politique, et non pas sur le fait d’un consensus scientifique.
Dans notre monde, il faut aussi tenir compte que l’argent ne pousse pas sur les arbres. L’ère de l’argent gratuit semble se terminer pour le moment, je ne vois pas comment on va financer la transition énergétique vu qu’en plus, on est déjà endetté jusqu’au cou. Le rythme de déploiement des énergies renouvelables ne va pas s’accélérer sur le moyen terme. La question de la rentabilité est gentiment entrain de revenir sur la table. En 2020, la personne demandant le TRI d’un projet renouvelable était vu comme un égorgeur de chaton mignon, et on la toiser du regard sans lui répondre. En 2023 on lui répond en toussotant que malheureusement, le TRI est très faible, que les temps sont durs, et que le sujet va être travaillé avec l’ensemble des parties prenantes du projet (ie on va demander aux fournisseurs / développeurs de réduire leur marge, on va demander aux Etats plus de subvention, etc).
Par ailleurs, autant je suis très partisan du photovoltaïque en autoconsommation, autant j’ai toujours du mal à voir en quoi un parc éolien est moins polluant qu’une centrale nucléaire. Entre l’extraction des terres rares, la durée de vie très courte (par rapport à une centrale nucléaire), le bétonnage d’hectare de terres agricoles, conduisant à une délocalisation de la production alimentaire dont le transport va entrainer de la pollution, l’adaptation des systèmes énergétiques … j’ai du mal à voir les gains.
En synthèse, ma pensée est que la transition énergétique est nécessaire, qu’il faut qu’elle fasse l’objet d’un consensus au sein de la population, qu’il faut calibrer son déploiement de manière réaliste, et que ça ne sert à rien de se faire du mal si les autres ne suivent pas.
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