2 #2426 15/04/2020 11h24
- Audois
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Bernard2K a écrit :
On retombe sur une discussion hyper classique concernant la zone euro : peut-on avoir une monnaie unique quand on a seulement la politique monétaire en commun, mais pas la politique budgétaire ?
La seule chose qui gardait les politiques budgétaires dans une relative cohérence, c’était le pacte de stabilité qui vient de voler en éclat comme vous dites. Les pays qui sont en excédent budgétaire et qui sont "riches" ne voient pas pourquoi ils paieraient plus cher leur dette, parce qu’ils doivent garantir la dette des mauvais élèves aussi.
D’éminents économistes étaient déjà pessimistes sur la capacité de survie à long terme de la zone euro en l’absence de convergence de la politique budgétaire, et la crise actuelle pose à nouveau la question de façon particulièrement prégnante.
Nous sommes tout à fait d’accord. La seule "nuance" (et je sais qu’elle est le cœur du débat !) est mon relatif optimisme. Je suis persuadé que les "riches" du nord de l’UE vont comprendre qu’une UE privée de l’Italie, la Grèce, l’Espagne, et peut-être demain la France poussée par les partis "souverainistes", cette UE réduite aux "vertueux du Nord" ne sera plus pour eux ce grand marché qui les a justement rendu riches !
Nous avons déjà perdu la GB, ce qui n’est pas du tout une bonne affaire pour les économies des "riches" de l’Union. Si nous perdons encore trois ou quatre pays que restera-t-il ? Au mieux un "marché commun" sans l’Euro. Adieu la PAC, adieu les fonds structurels, etc.
Bien évidemment il faut imaginer un contrôle quantitatif (c’est facile) et qualitatif d’un budget européen, qu’il soit abondé par des dettes collectives ou autrement. Le débat va être les priorités admises pour ce budget : remise à niveau des systèmes de santé, investissements productifs, etc. Il va aussi porter sur les modalités du contrôle. Il y a des précédents de détournements de crédits européens (cf. les scandales sur la lagune de Venise par exemple) qui inquiètent à juste titre les pays vertueux.
Bref, la perspective de ce budget européen soulève de vraies questions difficiles, mais ma vision est que le statu-quo n’est plus tenable. Quand deux grands pays d’Europe (Italie, Espagne) s’effondrent du fait d’une catastrophe sanitaire, quand d’autres sont déjà dans la tourmente (Grèce notamment), la réponse égoïste devient intolérable. Les 18 mois à venir seront décisifs.
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