Si vous me permettez de revenir au sujet de l’impact du covid-19 sur l’économie. L’intérêt du confinement, c’est qu’il donne le temps de lire la presse.
Le résumé de l’édito de Paul Krugman du NY Times :
(source : Opinion | The Covid-19 Slump Has Arrived - The New York Times )
Avec 10 millions d’inscriptions au chômage en 2 semaines contre 0,5 en période normale, on est bien dans une catastrophe économique ; Dans une crise pareille, il ne s’agit pas de faire de la relance économique ; ça n’a pas de sens, puisque l’économie est à l’arrêt, on ne peut pas la forcer à redémarrer. Il s’agit de faire de la survie économique : permettre aux ménages et aux entreprises de survivre à la crise.
De ce point de vue, le plan de soutien CARES Act contient de bonnes mesures : la hausse des aides au chômeurs, l’élargissement des aides aux chômeurs à ceux qui n’y ont normalement pas droit tels que les entrepreneurs indépendants et freelance ; et des prêts aux petites entreprises, qui peuvent même se transformer en abandon de créance (donc en subvention) si elles continuent à payer leurs salariés.
Le problème est plutôt dans la mise en oeuvre : les fonctionnaires qui gèrent l’allocation chômage sont débordés, ceux qui gèrent les aides aux petites entreprises aussi, et les gouverneurs (des états) n’ont pas suffisamment accès aux ressources fédérales qui leur sont indispensables pour gérer la prise. C’est là qu’on voit les limites de l’administration Trump, qui méprise l’expertise, et où tout finit plus ou moins par être dirigé par Jared Kushner (NDT : il s’agit du gendre de Donald Trump, notoirement incompétent, cf un article de la même édition du NYTimes qui démonte son amateurisme et le bordel qu’il sème dans tout ce qu’il prétend diriger ; malheureusement, actuellement, il prétend diriger la réaction au coronavirus ! Source : Opinion | Jared Kushner Is Going to Get Us All Killed - The New York Times ).
Krugman conclut : je ne doute pas qu’on finira par faire le nécessaire, au final. Mais, quand on perd 6 millions d’emplois par semaine, "au final" n’est pas suffisant.
Dans Le Monde du jour, Daniel Cohen livre une analyse intéressante également :
il dit, comme Krugman, que dans une économie à l’arrêt, il ne faut pas un plan de relance, il faut soutenir les ménages et les entreprises pour qu’elles survivent. Cette aide ne doit pas massive et aveugle : à l’heure du numérique, nous avons les moyens d’individualiser les soutiens, de les adapter aux situations. Au total, chaque mois de crise qui passe coûte en gros 3 % de PIB et 3 % de déficit budgétaire. Il appelle à davantage de solidarité européenne.
Sur les évolutions que cela amène : il dit que c’est peut-être le début de la fin du capitalisme mondialisé (qui cherche à abaisser les coûts en produisant à l’autre bout de la planète) et un gros coup d’accélérateur au capitalisme numérique (télétravail, télé-loisirs, télé-enseignement), au prix d’un renoncement aux promesses humanistes d’une société post-industrielle (car cette virtualisation va avec toujours plus d’individualisme et avec un recul des libertés individuelles).
On lit aussi, 2 pages plus tôt, l’impact sur l’industrie automobile française : - 72 % au mois de mars et -34 % sur le trimestre !
Nota : je livre ces résumés avant tout car, tant qu’à avoir lu ces articles, les résumer m’oblige à les synthétiser et mieux comprendre et mémoriser. Si certains trouvent de l’intérêt à leur lecture, notamment parce que c’est un gain de temps où qu’ils ne lisent pas couramment l’anglais, tant mieux pour moi et tant mieux pour eux. Par contre, pour ceux qui voudraient polémiquer sur les opinions ainsi retranscrites : ce n’est pas mon but et je n’ai pas vraiment de temps à y consacrer. Mais qu’ils n’hésitent surtout pas à écrire leurs remarques directement aux auteurs dont j’ai maladroitement résumé les propos.
Dernière modification par Bernard2K (03/04/2020 10h17)