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5 #1 11/02/2024 00h34
- Plutarque
- Membre (2019)
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Bonjour à tous,
Comme promis la semaine dernière, je viens vous présenter une nouvelle étude de cas.
Pour situer la chronologie des choses, je précise que le compromis de vente vient d’être signé et que j’entame ma période de rétractation. Je vais essayer d’expliquer la philosophie de ce nouvel investissement, et comment j’y suis arrivé, en détaillant au maximum ma démarche, autant dans un souci d’avoir des retours qui me seraient profitables que dans un souci pédagogique pour partager une méthode qui pourrait être utile à d’autres.
Le point de départ est mon souhait de continuer la démarche initiée dans le précédent projet d’Alençon lancé en janvier 2023, en « industrialisant » et en « rationnalisant » la démarche, afin de trouver un nouveau projet encore plus intéressant, qui ressemblera à celui d’Alençon mais en en gommant les défauts, et si possible avoir un meilleur rendement. Le principal défaut de ce précédent investissement était de se trouver dans un quartier un peu sensible (Perseigne à Alençon), malgré tout j’estime a posteriori que cet investissement est un succès, même si cela m’a valu beaucoup de travail au niveau de la copropriété pour faire un grand ménage.
L’étude de cas que je présente ici trouve sa source en avril 2023 (date de mise en vente de l’appartement objet de cette étude de cas), presque au moment où j’ai signé l’acte authentique d’Alençon, et où déjà je continuais à prospecter en vue du projet suivant. L’idée est la suivante : chercher un appartement à maximum 1h45 de mon domicile du sud Ile-de-France où les biens sans travaux sont très chers, construit en 2005/2010 pour arriver sur une fin de défiscalisation en de Robien, DPE en lettre D maximum (et pour cela j’évite les RDC et les derniers étages), avec un rendement brut à 12 % minimum. Dit comme cela, cela semble être la recherche du mouton à cinq pattes.
Mais j’ai identifié quelques villes où cela est possible, et parmi ces villes, j’ai trouvé une liste de résidences qui cochent ces critères (outil utilisé : Patrim via impots.gouv.fr qui donne la date de construction des immeubles). L’idée est de faire une étude de marché pour ces quelques villes. En plus d’identifier les résidences construites en 2005-2010, j’essaye d’identifier quel type de bien se loue le mieux dans chacune de ces villes, si les résidences se trouvent ou non dans un quartier recherché de la ville, quelles sont les charges de copropriétés des résidences, etc. Cela me permet de sélectionner une ou deux résidences par ville, qui coche tous mes critères. Et ensuite, l’idée est de me concentrer sur ces résidences (une dizaine de résidences au total sur plusieurs villes).
Pour chacune de ces résidences, je cherche à contacter le syndic pour avoir des infos, et faire comprendre que je suis intéressé par des biens à bon prix. S’il s’agit d’un syndic de proximité ouvert aux échanges, je demande à m’entretenir avec le président du conseil syndical, que j’informe de ma recherche (ce technique peut m’amener des vendeurs en direct qui connaissent le prix que je suis prêt à payer, c’est le summum, mais pour l’instant cela n’est jamais allé jusqu’au bout, faute à des vendeurs souvent trop gourmands).
Bien entendu, le souhait d’un rendement brut de 12% minimum sur un appartement récent sans travaux en DPE C ou D va forcément demander des contreparties. Il ne faudra pas s’attendre à des villes très dynamiques, ni à avoir un emplacement premium, il y aura des concessions à faire.
Dans cette liste de villes se trouve Vierzon, une ville qui a déjà été pas mal discutée sur ce forum, notamment grâce aux excellents messages du regretté DDtee, voir notamment :
- https://www.investisseurs-heureux.fr/t20229
- https://www.investisseurs-heureux.fr/t23465
Pour faire simple, Vierzon est une ville de 26000 habitants au prix au m² très bas (800€/m² en moyenne), avec une réputation assez mauvaise et où les biens peuvent rester en location ou en vente assez longtemps avant de trouver preneur. Le tableau est posé. Il peut faire peur. Toutefois, les agences immobilières sondées ainsi que plusieurs autres personnes bien placées pour répondre sont unanimes sur un point : le bien le plus recherché à Vierzon est le T3. Un T3 en bon état et bien placé en ville se loue assez facilement. En revanche, les petites surfaces ont du mal à se louer.
Et j’ai identifié à Vierzon une résidence de 2006 qui coche tous les critères. Elle est située à 400 mètres de la gare et assez proche du centre-ville, le ravalement est en excellent état sur les photos et sur Google Maps, le syndic est une agence familiale locale géré par un père et sa fille (le père a acquis l’agence en 1968 et y aide encore sa fille malgré sa retraite et ses 73 ans), les charges de copropriétés sont modérées, la résidence est fermée et sécurisée. Cette résidence a 4 étages, sans ascenseur (ce qui participe aux charges modérées). Je me mets donc en tête de viser un T3 idéalement au 2ème étage, ou à défaut au 1er étage. Pas de RDC ni de dernier étage.
C’est ainsi que je tombe en juin 2023 sur un appartement cochant les critères, qui est mis en vente depuis avril 2023 autour de 60000€ FAI. C’est un T3 de 62 m² au 2ème étage, avec balcon et place de parking (pratique car située au plus proche de la porte de la résidence), en bon état, avec 3 placards, un revêtement de sol lino effet parquet en très bon état (pas de moquette, très bien), il y a juste à passer un coup de peinture sur certains murs et mettre à jour les meubles de cuisine pour être un peu plus premium et se distinguer des autres T3 de Vierzon. La façade a été nettoyée récemment par des cordistes, ce qui fait que les façades sont impeccables :
La cerise sur le gâteau est le DPE, que je vous laisse découvrir.
Première chose qui me plaît : l’agence qui a le mandat est la petite agence familiale syndic de l’immeuble. Je sais que cette situation va me permettre de pouvoir abattre la carte de leur proposer la gestion locative, c’est une astuce qui ne coûte rien (car on peut toujours revenir dessus ensuite) et qui vous permet de gagner sur tous les tableaux avec une agence de proximité qui fait transaction/gestion/syndic :
- Le gérant va être motivé à convaincre le vendeur de baisser son prix
- Le gérant peut baisser ses honoraires puisqu’il se rattrapera sur la gestion locative après (attention cette astuce marche moins bien dans des agences de type Citya/Foncia où transaction/gestion/syndic sont cloisonnés et chaque salarié travaille pour sa pomme et ses objectifs personnels)
A noter que les frais d’agence sont à charge acquéreur, ce qui est un excellent point (pour réduire l’assiette des frais de notaire). Je suis toujours étonné de voir Foncia/Citya en rester aux honoraires à charge vendeur, alors que cela ne coûterait rien de les passer en acquéreur, mais c’est un autre débat.
Concernant le vendeur, c’est un couple ayant acheté en défiscalisation en De Robien, qui a fini de rembourser son crédit (très bien pour moi), qui ne s’occupe pas du tout de son appartement, et qui ne sait même pas situer Vierzon sur une carte. Pire que ça : ils ont confié la gestion à Citya Bourges, qui est loin de Vierzon, et qui est à l’image du groupe Citya. Autant dire que cet appartement est un fiasco, avec des grosses périodes de vacance puisque personne ne fait rien, Citya ne fait aucun effort et les vendeurs laissent traîner sans rien faire. Même le minimum syndical (passer un coup de peinture et mettre à jour les meubles de cuisine pour de la qualité minimum) n’est pas fait.
On est donc dans une configuration idéale, avec une situation de l’immobilier qui commençait fortement à se dégrader en juin 2023, avec un marché où l’acquéreur est roi.
Je fais donc en juin 2023 une offre à 42000€ FAI (37500€ nets vendeur + 4500€ agence), sachant que l’appartement est en vente depuis 2 mois. Hélas, l’offre ne passe pas, et le vendeur ne fait pas de contre-offre, sans doute échaudé par ma tentative de négocier 30% du prix demandé. A noter que je fais environ 3 à 4 offres d’achat par mois sur des appartements des 10 résidences ciblées, et je suis habitué à être en échec. De toutes façons, mon but n’est pas d’acheter un appartement tous les mois, l’important est qu’une offre passe de temps en temps.
En janvier 2024, je constate que l’appartement est toujours en vente. Je refais donc une offre, mais en baissant mon prix de 2000€, pour arriver à 40000€ FAI. Eh oui, l’immobilier a baissé ! La gérante me fait comprendre qu’il y a une possibilité. Le retour arrive en 24 heures, l’offre est acceptée. L’agence baisse ses honoraires à 3000€, ce qui donne un net vendeur à 37000€.
J’inclus la classique déduction du mobilier à hauteur de 900€, ainsi que la fameuse clause que je mets dans toutes mes offres d’achat : « Conformément à la réglementation, le montant du fonds travaux, s’il existe, attaché aux lots vendus est définitivement acquis à la copropriété, et ne fera l’objet d’aucun remboursement de l’acquéreur au vendeur », qui permet d’éviter d’avoir à payer la quote-part du fond travaux (une économie souvent de plusieurs centaines d’euros). Il n’y a pas de petit profit quand on achète un appartement à 37000€ !
Voici les ventes (hors frais d’agence et de notaire, à comparer à 37000€ donc) de biens similaires dans la résidence sur les deux dernières années :
20/10/2021, T3 3ème étage 61m², 43000€
30/03/2022, T3 2ème étage 60m², 50000€
20/05/2022, T3 RDC 57m², 67000€
03/08/2022, T3 RDC 60m², 53000€
09/09/2022, T2 RDC 57m², 52500€
17/02/2023, T3 2ème étage 61m², 59800€
31/10/2023, T3 3ème étage 61m², 45000€
A 37000€, on est à 596€/m². Pour une résidence de 2006 en DPE C, c’est assez incroyable. Je dirais qu’on est même en dessous du prix plancher pour un T3 habitable en l’état.
Au niveau des chiffres :
- loyer projeté : 490€ HC (avec 39€ par mois de charges locatives pour le locataire)
- prix net vendeur : 37000€
- frais d’agence : 3000€ (à charge acquéreur)
- frais de notaire : 4000€
- rendement brut incluant frais d’agence et de notaire : (490x12)/(37000+3000+4000) = 13,4%
Bien sûr, il faudra compter de la vacance locative à chaque roulement (estimé tous les 3 ans en moyenne sur un T3 de qualité), et il faut tenir compte du fait que Vierzon est une ville tenue par les communistes où la taxe foncière est plus élevée que dans les autres villes environnantes. Cela étant, le rendement brut très élevé permet de voir venir.
Contrairement à mes habitudes, je ne détaillerai pas trop la partie crédit/cash-flow (sauf si certains le demandent), mais il faut savoir que le DPE C me permet d’avoir une ligne à taux zéro dans mon crédit, le Crédit agricole IDF proposant un « prêt immo durable » dans la limite de 10% du prix du bien et de 50000€, si le DPE est A, B ou C. Avec 10000€ d’apport (pour sécuriser l’obtention du crédit) et un crédit sur 20 ans, le cash-flow est positif de manière assez nette.
Comme toujours, je suis impatient de lire vos remarques et commentaires !
Dernière modification par Plutarque (11/02/2024 01h18)
Mots-clés : immobilier, sortie de défiscalisation, t3
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