Jef56 a écrit :
L’équation est simple finalement, si les prix du gaz et du pétrole restent au plancher pendant plusieurs années la faillite sera inévitable, si les prix remontent l’entreprise pourra s’en sortir.
Tant qu’on n’écrit pas les chiffres, on ne peut avoir d’appréciation raisonnable. Je vous propose un bref résumé de mes lectures et analyses.
Au cours du troisième trimestre, le prix de vente moyen du pétrole a été de 41,25 USD et celui du gaz de 0,87 USD. L’EBITDA ajusté de dépréciations est de 560 MUSD avec couverture et de 325 MUSD sans couverture.
Les capex - qui comprennent les intérêtes obligataires, puisque ceux-ci sont capitalisés - sont de 528 MUSD. Le groupe n’ayant pas à payer d’impôts en raison des énormes dépréciations, on peut considérer que le free cash flow est : EBITDA ajusté - capex, soit -203 MUSD.
En extrapolant sur une année, ce qui paraît très raisonnable, la perte en cash est inférieure à un milliard de dollars par an.
Ainsi, à ce rythme, et en supposant que la direction puisse faire rouler la dette, la société tient facilement jusqu’en 2020. Mais je suis convaincu que les capex vont encore baisser et que la boîte pourra tenir jusqu’en 2022.
Finalement ça laisse pas mal de temps pour que les cours des matières premières se ressaisissent…
Mais envisageons le pire, notamment en cas de pression prolongée sur les cours. Evidemment, cela va être difficile pour la société, d’autant plus que parmi les solutions envisageables, je ne crois pas à la solution de vente d’actifs, car d’une part les mauvais actifs (ceux qui sont moins rentables) ne se vendraient pas ou trop peu cher, et d’autre part, l’entreprise serait condamnée à très court terme si elle se mettait à ventre ses meilleurs actifs (ceux qui lui permettent de survivre, en fait).
Racheter les obligations à 50% et en émettre d’autres me semble la meilleure solution (c’est d’ailleurs un peu ce qui vient d’être fait).
Sinon, il n’y a que deux issues possibles :
- l’augmentation de capital : ça me semble compliqué avec Icahn aux manettes
- le chapître 11 : là, c’est pas bon pour les obligataires, c’est sûr, mais cela ne signifie pas que l’on perde notre mise. Il y aura certainement réorganisation du groupe (c’est peut-être d’ailleurs ce que recherche Icahn) et les obligations auront des chances d’être payées plus tard.
Bref, avec ces chiffres (qui ne donnent qu’une idée de la situation), il n’y a pas lieu de s’affoler, comme le fait le marché. Compte tenu des difficultés des concurents d’une part et d’autres pays gros producteurs de pétrole qui souffrent et demandent une baisse de production de l’Arabaie Saoudite (Vénézuela, Arlgérie, Russie, Nigéria, …) d’autre part, j’ai du mal à envisager des cours aussi bas pendant plus d’un an. Mais même si je me trompe (et je n’ai aucun moyen de le savoir), j’ai encore au moins quatre ans, sinon six, pour que cela change. On est donc loin de la banqueroute imminiente que price le marché.