J’ai eu un peu de mal à comprendre l’étude, alors je me permets de donner quelques compléments au résumé de MetalFlakeGreen :
- la définition de la "mitigation", c’est que R est réduit mais reste supérieur à 1. L’épidémie se diffuse, mais plus lentement que si on ne fait rien.
- la définition de la "suppression", c’est que R est réduit à moins que 1. Puisque chaque malade contamine moins de 1 personne, l’épidémie s’arrête… à condition de maintenir les mesures jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de cas, et aussi d’éviter toute réimportation de l’étranger. C’est ce qu’a fait la Chine, avec le problème évident qu’ils sont en train de rencontrer : dès qu’on lève les mesures, ça flambe à nouveau. Elle porte bien son nom, car en anglais, suppression est à traduire "réprimer, empêcher la croissance" et non pas une suppression absolue.
Dans leurs scénarios, il faut bien comprendre que "home quarantine" n’est pas une quarantaine généralisée, mais une quarantaine des membres du foyer des cas identifiés.
A l’inverse, SD, "social distanciation of entire population" est une mesure qui touche tout le monde. Seule, c’est une mesure peu contraignante car elle suppose seulement une réduction de 75 % des contacts sociaux généraux (sans compter ceux du foyer, école et travail) + réduction de 25 % des contacts au travail, aucune réduction des contacts à l’école, et une augmentation de 25 % des contacts entre membres du foyer. Ca serait une mesure du type "évitons tous les rassemblements, maintenons les distances de 1 mètre, mais continuons à aller à l’école et au travail".
C’est pourquoi cette mesure, pour être efficace en étalant les cas dans le temps, doit être associé à au moins deux autres :
- sur la courbe orange du second graphique, elle est associée à isolation des cas et quarantaine des membres du foyer des cas ;
- sur la courbe verte du second graphique, elle est associée à l’isolation des cas et à la fermeture des écoles et des universités (mais pas à la quarantaine des membres du foyer).
Je relève aussi que les auteurs ne considèrent jamais qu’une mesure est totalement respectée. Par exemple dans la "home quarantine", on suppose que seulement 50 % des membres du foyer respectent la mesure. C’est sans doute une bonne chose de partir sur de tels chiffres car c’est ce qui permet d’avoir un modèle assez réaliste.
Ce qui est rassurant, c’est qu’avec les mesures fortes prises en France, on va très loin dans l’empilement de mesures, par rapport à ce qui est envisagé par ces auteurs. L’épidémie devrait donc décroître rapidement sans submerger les hôpitaux.
Ce qui n’est pas rassurant, comme relevé par MetalFlakeGreen, c’est qu’il n’y a pas de plan de sortie. Dès qu’on relâchera les mesures, il y aura recrudescence de cas… D’où le scénario avec alternance de périodes avec mesures, périodes sans mesures… Comment la vie économique va-t-elle être possible dans ces conditions ? Quelle relance de la consommation espérer dans ces conditions ? Ca ne sent vraiment pas bon pour l’économie.
Dernière modification par Bernard2K (17/03/2020 13h51)