Bonjour à tous,
toutes ces histoire vaccins sont importantes. L’effet Doctissimo est en effet un peu trop poussé mais ça soulève quand même des questionnements intéressants, en prise directe avec l’économie.
A ce sujet, j’ai lu aujourd’hui un article dans le Figaro, que je trouvais fort intéressant :
La France a-t-elle peur du risque? DÉCRYPTAGE - La crise sanitaire a révélé combien l’aversion au risque a pénétré en profondeur dans toutes nos pratiques. Cette prudence à outrance contribue au déclin économique de la France et limite l’action politique.
Dans une certaine mesure, il renverse le sujet de la file : on parle ici plus des conséquences de l’état économique de la France sur la gestion de la Covid que l’inverse. J’essaye d’en restituer de façon synthétique les grandes lignes, pour votre bénéfice.
L’article débute ainsi :
Le Figaro, ibid a écrit :
Le 4 avril, Neil Astles, 59 ans, est décédé à l’hôpital de Liverpool. Il est la première victime officielle au Royaume-Uni de la rarissime thrombose soupçonnée être un effet secondaire du vaccin AstraZeneca. Dans le Daily Telegraph, sa sœur témoigne: «Si nous nous faisons tous vacciner, certains feront une thrombose, mais la réalité est que moins de gens mourront. (…) Malgré ce qui est arrivé à notre famille, il ne faut pas que les gens aient peur.» Son frère, dit-elle, a «simplement été extraordinairement malchanceux.»
Au-delà de la dignité du message, ça amène à s’interroger sur le rapport au risque dans notre pays. A commencer sous l’angle de l’épargnant.
La France est un épargnant prudent : cf. par exemple l’utilisation importante des livrets ou des fonds Euros en AV. Et des banques et compagnies d’assurance qui privilégient dans leurs bilans les produits de taux aux actions. En l’absence de fonds de pension ce serait un mauvais calcul collectif parce que :
Le Figaro a écrit :
…raréfier la demande pour les actions, «c’est augmenter le coût du capital et pénaliser l’investissement des entreprises», explique Christian Gollier.
QUOIQUE on note que l’entrepreneuriat se développe. Cf. par exemple le développement des micro entreprises et aussi le dynamisme du coté du capital-risque, qui se développe (les fonds de ce type aurait doublé les levées de fonds entre 2014 et 2019).
MAIS la prise de risque serait en France minée par plusieurs facteurs, de fond :
- Philosophique : le risque resterait suspect d’une certaine morgue de classe
- Déficiences structurelles en lien avec l’innovation (insuffisance des investissements dans la recherche fondamentale, fuite des cerveaux, déclin dans tous les secteurs industriels, à l’exception de l’aéronautique et du nucléaire).
- Environnement réglementaire : qui étouffe l’innovation, ce qui est fort bien illustrée par le principe de précaution, inscrit dans la Constitution en 2005.
L’article développe la thèse selon laquelle la crise sanitaire a révélé cette aversion au risque (en France mais peut être aussi plus largement en Europe). A commencer par la lenteur et les atermoiements en matière de prise de décision des autorités sanitaires (masques, pas masques, lenteur pour la validation administrative des tests en 2020, des traitements, des autotests plus récemment).
Mais aussi en ce qui concerne ces histoires de vaccination :
Le Figaro a écrit :
« Le sujet de la vaccination a été abordé d’une façon qui montre une mauvaise compréhension du couple risque/rendement», explique Éric Chaney. «Pour un risque de probabilité infime (les thromboses), le coût de la suspension même très temporaire de la vaccination est immense», abonde Christian Gollier.
Conclusions :
En somme, les français (en moyenne) chercheraient ceinture et bretelles. Ce qui s’illustre en matière sanitaire, au travers du ’principe de précaution’, qui est devenu le nouveau Dieu. Avec pour corolaire un attentisme à outrance, sur plein de sujets, notamment en matière de traitements ou de vaccination (attendre des années jusqu’à ce que la sacro-sainte science délivre son message). Si on s’était comporté avec cet état d’esprit aux XiXème et XXème siècles, Pasteur et consorts n’auraient jamais pu développer tout ce qu’ils ont développé.[/b]
Le pendant économique, c’est la notion de risque 0. Qui relève des mêmes ressorts que ci-dessus.
Le remède? De l’audace, arrêter de chercher le risque 0 (qui n’existe pas) ou d’appliquer le fameux ’principe de précaution’ à tort et à travers ….
Ou, dit autrement : arrêter d’avoir peur de son ombre (sur ce sujet, on peut consulter cet excellent billet : La peur de tout : “Philippe, n’avez-vous pas peur que…” .
Dernière modification par carignan99 (13/04/2021 13h49)