S’agissant du Chili, le confinement rendu nécessaire par la reprise épidémique et la saturation du système hospitalier ne démontre pas une supposée inefficacité des vaccins (leur efficacité est désormais largement démontrée), mais le risque à lever trop rapidement les mesures de distanciation sociale dans un pays où la vaccination a certes été rapide, mais qui reste encore loin du seuil d’immunité globale de la population.
Mathématiquement, ça se comprend bien :
- la campagne de vaccination fait baisser linéairement le "réservoir" de personnes vulnérables au virus
- une levée trop rapide des mesures de distanciation sociale fait monter le taux de reproduction du virus au-dessus de 1, avec un effet exponentiel sur la circulation du virus
L’exemple chilien suggère qu’une vaccination rapide de la population n’autorise pas une levée trop rapide des mesures de distanciation sociale - il vaut mieux une approche plus graduelle, à l’image de ce que réussit actuellement Israël et, peut-être, le Royaume-Uni.
Selon le New York Times, c’est précisément le succès de la campagne de vaccination au Chili qui aurait contribué à une confiance excessive des autorités et de la population dans la levée trop précoce des mesures de distanciation sociale :
New York Times a écrit :
Chile’s fast inoculation rollout leaves it poised to be among the first countries in the world to reach herd immunity — more than one-third of its population has received at least one vaccine dose. Yet the country is in the throes of a record-breaking surge of infections and deaths, and its health care system is overwhelmed.
Pascale Bonnefoy and Ernesto Londoño write that the speedy and efficient vaccination drive has been part of the problem. It gave Chileans a false sense of security, and the government moved too quickly to reopen its borders and ease restrictions on businesses.
Facing the deadly new surge, the country has put in a new set of strict lockdown measures for nearly 14 million people. The country serves as a cautionary tale for other nations looking to vaccination drives to quickly put an end to the era of sluggish economies and social distancing.
Heureusement, voilà un problème que nous ne risquons pas d’affronter en France, au vu de la lenteur d’escargot de notre campagne de vaccination…
Fin décembre, on m’avait critiqué ici pour avoir dit que le QI de la population était peut-être un déterminant important du succès de la campagne de vaccination : 3 mois plus tard, il me semble que la démonstration en est faite, et malheureusement la France (l’un des pays où le scepticisme vaccinal est le plus fort dans la population) est en train payer le prix de sa bêtise par des milliers de morts, et bien sûr des points de PIB (puisque c’est le sujet de la file).
C’est d’autant plus dramatique que tous les experts et autorités de santé avaient publiquement alerté sur le risque créé par les variants : nous avions 3 mois d’avance sur nos voisins britanniques - nous n’en avons absolument rien fait : lenteur délibérée de la campagne vaccinale (à coups d’arguments "ce n’est pas une course" - alors que c’est très exactement cela), incompétence européenne dans la gestion des approvisionnements, recherche du bouc émissaire étranger (britannique, de préférence) pour cacher sa propre nullité, interdiction de vaccins ayant fait largement leurs preuves, délires bureaucratiques insensés, inventions incompréhensibles (confinement en extérieur…), incapacité du Chef à reconnaître et corriger ses erreurs (Macron, Bolsonaro, Trump, même combat : même incapacité à reconnaître ses erreurs, même déni de la réalité, même rejet des avis des experts, même insensibilité au sort de la population). Le résultat de tout cela, c’est que cette épidémie fera au final beaucoup plus de victimes chez nous après la mise en circulation des vaccins qu’avant… C’est notre bêtise face à un péril imminent, plus que le virus lui-même, qui tue.
Scipion8, le 31/12/2020 a écrit :
Laissons là ce débat stérile. Comme en bourse, c’est le temps qui va trancher ce débat. Un mutant très contagieux fait des ravages chez nos voisins britanniques. Il est déjà chez nous et depuis février, on sait bien qu’il est illusoire de penser freiner la contagion par des mesures de restriction des déplacements internationaux. La France a fait par ailleurs le choix original (unique à ma connaissance parmi les pays comparables) d’une vaccination au ralenti. On va voir ce que donne la combinaison de ces 2 éléments. Perso, ça m’inquiète beaucoup, pour mes parents à la santé fragile, pour mon pays. Et je ne suis pas le seul que ça inquiète (cf. l’avertissement du conseil scientifique).
On refera un point dans 2 mois, et on verra alors lequel, entre vous et moi, était complètement à côté de ses baskets.
Pour ma part, je ne peux rien faire pour mon pays (le spectacle atterrant de l’incompétence au pouvoir me désespère d’avoir loupé l’oral de l’ENA à la fin de mes études…), mais j’ai fait tout ce que j’ai pu pour ma famille : pression maximale sur mes parents, initialement sceptiques face au vaccin : ils se sont fait vacciner dans les 2 premiers déciles de leur classe d’âge. Et inscription en ligne des personnes âgées de mon entourage (parfois peu à l’aise avec internet), dès que des fenêtres d’inscription s’ouvraient. Aucun d’eux ne mourra de ce fléau. Et je me ferai évidemment vacciner dès que la fenêtre s’ouvrira pour ma classe d’âge (probable que je me fasse vacciner aux USA plutôt qu’en France, au rythme où ça avance chez nous). Mais je me désole du fait que notre pays (et l’UE, plus largement) figurera, au bout du compte, parmi les plus durement touchés par ce fléau - notamment en raison d’une gestion catastrophique de la campagne de vaccination.
Dernière modification par Scipion8 (31/03/2021 15h15)