1) historique
La valeur présente un parcours boursier rebutant. Le groupe oscillait entre stratégie hésitante et croissance externe hasardeuse, le seul concept qui ait été appliqué de façon constante est celui de la décroissance des résultats. Le cours en 2008 était de 43 euros cela se passe de tout commentaire.
Sous la direction d’Isabelle Kocher un plan de cession d’actifs de 15 milliards d’euros ainsi que des acquisitions d’un montant équivalent dans les domaines de l’efficacité énergétique, de la production d’électricité renouvelable et visant les pays émergents. L’année 2015 a été logiquement l’année ou les comptes ont été passés à la paille de fer 8,7 milliards d’euros de dépréciation comptable suivi d’une année 2016 le groupe a encore affiché une perte de 400 millions d’euros.
Le cours de l’action est passé de 20 euros environ fin 2014 à 13,26 euros.
2) En tant qu’investisseur la question qui se pose la baisse de l’action offre elle un point d’entrée ?
Après tout sur la base d’un cours de 13,26 euros et d’un dividende de 0,70 euros la société offre un rendement de 5,27 %.
Pour répondre à cette question il faut passer en revue les éléments suivants :
- Le marché de l’électricité et du gaz est il porteur ?
- La qualité des actifs détenus par engie
- La société offre elle après restructuration une rentabilité permettant de poursuivre la rémunération des actionnaires par dividende ?
A) Evolution des marchés du gaz et de l’électricité.
L’AIE prévoit d’ici 2040 une augmentation de la demande primaire d’énergie d’un tiers d’ici 2040. La part de l’électricité dans le mix est passée de 9,4% à 18,5 % de l’offre entre 1973 et 2015. Cette tendance est amenée à se poursuivre voire à s’intensifier dans les années à venir : voitures électriques, crypto monnaies, internet des objets, intelligence artificielle, big data. Toutes ces innovations induisent une forte demande d’électricité à terme.
Evidemment cette demande accrue d’énergie ne sera pas uniforme :
- Plus forte croissance dans les pays émergents que matures
- Environnement favorable à la production d’électricité renouvelable par rapport à la génération thermique (charbon).
B) La qualité des actifs
I) Répartition géographique
Sur la base de l’ebitda 2017:
- Les infrastructures europe ( réseau de gazoducs de l’ancien GDF) représentent 36 % du résultat. En tant qu’investisseur individuel j‘ai un bon souvenir des infrastructures (Aéroport de Paris, Autoroute du Sud de la France), je considère que c’est un segment porteur de stabilité et de bénéfices récurrents en contrepartie d’une faible croissance organique.
- Les émergents représentent 32 % du résultat. C’est le segment ou se situe la croissance de demain
- L’europe et l’amérique de nord représentent 30% du résultat
- Les investissements programmés dans la production d’électricité (centrales) font apparaitre une répartition 95% versus 5% en faveur des pays émergents.
- Si l’on prend en compte uniquement la production électrique le groupe a produit par exemple 40211 mégawatts dans la zone afrique asie contre 18652 mégawatts dans la zone europe.
II) Nature des actifs
- La production électrique globale du groupe est de 102692 Mégawatts
- L’électricité renouvelable représente désormais 23,1 % de la production électrique du groupe.
- En France pour 7600 mégawatts produits 51 % est d’origine hydrauliques (barrages du rhône et midi pyrénées), 25 % d’éolien, 13 % provient de centrales thermiques à gaz.
- Le nucléaire représente 6429 mégawatts (les 7 réacteurs belges), l’exposition au nucléaire est donc limitée surtout depuis l’abandon du projet Nex Gen en Grande Bretagne.
- Dans la zone afrique asie 89 % de la production (40200 MGW) est issue du thermique gaz. Ces centrales à gaz sont situées majoritairement dans le proche orient et servent à la désalinisation de l’eau de mer.
- Dans la zone amérique latine 67 % de la production (18100 MGW) est d’origine hydraulique.
III) Métiers pratiqués :
- Distribution de gaz en aval après cession de la branche exploration production à Total (gazoducs, stockage gaz, terminaux de gazéification)
- Infrastructures électricité
- Production d’électricité
- Efficacité énergétique
IV) Conclusion :
- Dans son ensemble le mix géographique du portefeuille d’actifs semble porteur avec une répartition entre les infrastructures europe (sécurité) et les pays émergents (croissance). Les prix de revient de l’électricité sont les suivants :
Hydraulique : 15 à 20 euros le kwh
Eolien : 57 à 79 euros le kwh
Photovoltaïque au sol : 74 à 135 euros le kwh (suivant climat)
Gaz et charbon : 100 euros le kwh
EPR (nucléaire) : 120 euros le Kwh
Nucléaire ancien: 50 euros le Kwh
Les positions obtenues par la société dans l’hydraulique en amérique latine et en europe ont donc une valeur patrimoniale forte. Le mix technologique semble en conséquence bien positionné.
- Les facteurs de risque sont les suivants :
a) exposition au nucléaire ( beaucoup moins qu’EDF toutefois), environ 6% de la production
b) risque géopolitique dans les émergents, apparition possible de régimes autoritaires avec nationalisations contraintes des moyens de production.
C) La rentabilité actuelle et prévue du groupe.
La capitalisation est de 32,29 Milliards d’euros
Le chiffre d’affaires de 65 milliards d’euros soit un multiple de 0,49
Ebitda de 9 milliards d’euros soit un multiple de 3,58
Cash flow des opérations 8,3 milliards d’euros soit un multiple de 3,89
Résultat net récurrent part du groupe 2,6 milliards d’euros soit un multiple 12,41
Endettement de 20,9 milliards d’euros en baisse de 2,1 milliards d’euros.
Les objectifs 2018 sont les suivants :
Ebitda de 9,3 à 9,7 milliard d’euros
Résultat net du groupe entre 2,45 et 2,65 milliards d’euros (impact de le cession de l’activité exploration production à Total)
Dividende porté à 0,75 au titre de l’exercice 2018.
La société semble avoir atteint le bas de cycle
La rémunération par dividende est le suivante
- 5,27 % sur la base du coupon de 0,70
- 5,65 % sur la base de l’objectif de dividende de 0,75
- Au delà de 2018 on peut espérer un coupon de 0,80 soit un rendement 6,03 %
- Au nominatif administré la distribution est augmentée de 10% (3 ans de détention quand même) ce qui pourrait donner à terme un coupon de 0,8 + 10% soit une rémunération de 6,63 %
D) Mon attitude personnelle
- Le marché évolue en « tôle ondulée » avec des risques de correction à moyen terme
- La distribution du coupon sert d’amortisseur en cas de chute du marché.
- Changement de management: clamadieu remplace mestrallet à la présidence avec une réputation d’homme à poigne.
- Cette action permet de percevoir les dividendes dans un P.E.A. sans frottis fiscal
- En valeur de fond de portefeuille en buy and hold elle peut servir à alimenter en cash le P.E.A. mais il ne faut pas s’attendre à une flambée du cours.
- il semble que sous la présidence macron l’état veuille sortir du capital d’Engie à suivre.
- Je me suis positionné dessus en connaissance de cause
Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.