1 [+3 / -1] #4726 17/06/2021 10h27
@Gunday: un ami aide soignant en 2009, a eu dans son hôpital une étude sur l’hygiène des mains de ceux que vous nommez soignants. Notez que dans mon vocable, soignant exclue le corps médical, il s’agit principalement de ceux qui soignent les patients de façon dira-t-on rapprochée, c’est à dire avec un temps de contact prolongé (ce qu’un médecin a un jour voulu me démentir, mais les consultations de dix minutes ou moins ou seulement à la porte de la chambre ne me semblent pas un contact "prolongé"). Je mets les kinés dans une catégorie à part : hormis du respiratoire, encore que pour les bronchiolites on a décrété que ce n’était plus efficace (mon père a fait ça pendant 20 ans et les pathologies étaient en plein boom, ville industrielle oblige, dans les années 80-90), ils ne sont pas confrontés à faire des toilettes, donner à manger ou ouvrir des pansements, c’est à dire là où on approche les zones à risque, et on ne parle pas du mobilier qui est en contact avec les patients.
Cette étude avait conclue que les plus contaminants étaient les kinés. Bon, ils paluchent pas mal, les kinés.
Puis deuxième place des plus contaminants : les médecins…Bon. Ils se lavent bien les mains ? Interrogez les infirmières, combien n’ont pas vu un médecin mettre ses mains non lavées juste avant sur une plaie où on s’echine à faire un soin stérile… En tous cas, je l’ai vu, donc pour moi ça existe en vrai, peu importe que les statistiques ou l’esprit violemment scientifique de certains décrètent que ça ne vaut rien un témoignage tout seul. Mais je ne peux parler au nom de tous, je dis ce que je connais de facto.
Puis ensuite derrière, les infirmières, puis aide soignantes puis les plus propres étaient ces grands ignorés du système sanitaire que sont les agents de service.
Donc ça peut interroger sur ce qu’est une transmission par les soignants, statistiquement.
Après, quand un système hospitalier décréte que deux aides soignantes peuvent laver à elles seules plus de 25 résidents en une matinée car vous comprenez ça coûte cher le personnel, ou qu’une infirmière peut couvrir deux services à elle seule car on manque de personnel dis donc, faut pas s’étonner que si on multiplie le nombre de personnes en charge sur un laps de temps qui lui reste le même, cela a pour conséquence de devoir précipiter un travail qui sera moins bien fait, avec des multiplications des occasions de contact. Donc faut pas s’étonner si ces catégories là sont donc contaminantes.
Ça fait des années qu’elles alertent sur leurs conditions de travail, mais si on décréte que le vaccin c’est la solution et qu’on contibue business as usual, très bien. Ça ne fait que confirmer ce que je pense: que ne pas réfléchir aux fondements d’une crise sanitaire arrange du monde.
Après tout, Veran avait bien refusé qu’on réduise le temps des garde des internes. Ils ont bien raison de manifester pour soigner les gens en n’étant pas en privation de sommeil.
Donc analyser un risque c’est, comme je l’écrivais plus haut, avoir une vision globale.
Les statistiques c’est pas de la vision globale. C’est de la vision focalisée.
Ensuite, si une vaccination n’empêche pas d’être contaminant, son intérêt est donc bien plus pour la personne à risque afin de la prévenir des formes graves qu’elle peut craindre.
Quant aux conclusions déjà tirées sur l’efficacité ou pas du vaccin, permettez-moi juste de n’avoir pas envie de croire que la photo à moins d’un an de recul sur des traitements qui impactent potentiellement le génome, ne rende pas compte de ce qu’une chose seule pourra permettre d’avoir une vision d’ensemble plus claire: le temps. Il y a des causes dont les conséquences s’expriment seulement longtemps après. Et là on n’en sait rien.
Et pour le coup je rejoins le raisonnement de cette dangereuse complotiste qu’est Alexandra Henrion Caude: trop de convictions a priori et pas d’espace au doute, et cela me paraît gênant. La rhétorique de la guerre et de l’urgence prête à ne pas penser. Moi je pense qu’il faut pouvoir penser. Certains le font, je n’ai pas le sentiment qu’on souhaite les entendre.
J’écoute parfois Raoult, on peut dire ce qu’on veut de lui, mais souvent il dit, là il se passe cela, et je ne sais pas ce que ça veut dire. Accepter de ne pas savoir, puis investiguer. Je crois que ça c’est de la science.
La médecine a toujours eu une approche traditionnellement individualisée. L’argument moral de protéger la collectivité est pour moi une pure stratégie d’influence. Qui dénie la liberté individuelle.
Quand on est incapable d’ouvrir l’espace de discussion pour harmoniser les dimensions individuelles et collectives, cela m’inquiète juste pour l’état de l’éthique médicale. La politique est certes un enjeu, mais qui devrait écouter et respecter la médecine, pas lui insuffler des idéologies. On n’est pas à penser l’humain d’après des chiffres et des données livresques: on le soigne et c’est une autre affaire quand on est au lit du patient. Une affaire humaine qui ne se traite pas seulement avec une causalité linéaire, mais dans la prise en compte de multiples facteurs.
Après, quand j’entends dire que certains effets secondaires constatés ne peuvent être remontés aux autorités compétentes car ils ne sont simplement pas listés dans la liste des effets secondaires à signaler, ça me pose question si c’est vraiment ainsi que ça marche, en terme de méthodologie. Si on balise le cadre de pensée et que tout ce qui en sort n’existe plus, il me semble que ça biaise quelque peu l’observation.
Et malheureusement l’expérience que j’aie du milieu et juste de la vie, me pousse à penser que c’est possible. Mais avoir ce genre de doute, j’en conviens, peut me ranger à être un grave conspirationniste.
Mais la confiance aveugle, sans limite, et sans discernement potentiel, me semble d’une grande naïveté, là où j’en suis dans la vie. Mais c’est mon très subjectif avis. Je ne l’impose à personne.
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