Bon, je constate une chose (et je crois prétendre être factuel-même si à mes yeux prétendre être factuel peut être soumis à la critique de la subjectivité qu’on met dans son regard, c’est à dire qu’on ne peut décréter par soi-même être factuel, le choix d’une source étant forcément un parti pris, et la neutralité étant, on peut dire, une idée, un principe directeur à une façon de raisonner plus qu’une réalité "fixe"), c’est que dans tous les raisonnements que je lis, il y a un max d’émotionnel sous-jacent.
C’est pour ça que j’aime bien regarder les vidéos de Raoult (ayé, je suis perdu probablement pour certains), à chaque fois il rappelle un basique à mes yeux: garder son calme, prendre de la distance et raison garder.
Je suis inquiet, et ce n’est pas nouveau, pour la liberté individuelle. Non pas que je l’oppose à la sécurité collective, mais il me semble qu’il est facile de renvoyer à l’incapacité des gens de choisir, quand en fait ils ne peuvent choisir, car pour le coup, ils n’ont pas une vision synthétique des éléments "factuels" à disposition pour faire des choix éclairer.
et si vous voulez une information, elle, réellement factuelle, du vécu du vrai, quand je bossais en cardio dans un hôpital d’une grande métropole française, en 2000, et bien il m’est arrivé de faire signer des consentements éclairés à des petites mamies de 90 balais, avant qu’elles ne passent leur cathétérisme cardiaque. Les connaisseurs sauront qu’il y a un risque hémorragique certain, puisqu’on balance un cathéter par l’artère fémorale jusqu’au coeur, suite auquel on se retrouve avec un bon gros pansement compressif de quelques jours et un potentiel hématome jusqu’à parfois la cheville.
Mais croyez-moi, l’important était surtout que la mamie signe le papelard et que l’hôpital soit couvert, et on n’avait largement pas le temps de passer deux heures au bord du lit à blablater pour donner tous les détails à quelqu’un qui de toutes façons entend mal, ne comprend rien, et en plus pourrait se poser des questions. Mais le papier était signeé, le cahier des charges de l’hosto rempli, et au final, s’il y avait un incident, on aurait dit que c’était dans l’’ordre des choses, et personne n’aurait été vraiment inquiété.
C’est ça la réalité de la médecine en France, mais juste faut pas le dire. Mais tous les soignants le savent.
C’est peut-être juste un peu pour ce genre de joyeusetés que là où je bosse, la cadre et la majorité des paramédicaux, sont fort peu chauds pour expérimenter les progrès de la science (allez, on peut jeter les caillasses, mais de toutes façons les soignants intelligents, dont je crois maintenant faire partie, ont compris que de nombreuses fois il vaut mieux taire ses convictions et les vivre, que de les exprimer à des gens qui ne voudront pas les entendre et réagiront avec une violence rare et non feinte…après tout on en prend assez dans la gueule alors qu’on essaie d’aider les autres, pour s’en reprendre une couchette, en tous cas en ce qui me concerne, j’ai déjà assez mangé).
Moi ce qui m’inquiète donc, c’est déjà l’absence de nuance et de distance dans le raisonnement.
On serait en guerre, soit.
Sauf que dans une vraie guerre, il y a une logistique.
Quand j’ai bossé en Suisse dans un petit hôpital local, en 98, il y avait trois étages. Un étage était laissé vide, complétement dispo, justement en cas de guerre. C’est ça la logistique de guerre.
Pas un truc où on a cramé le stock de masque et où le mec qui gère le truc tente de balayer la poussière sous le tapis en faisant disparaître un rapport qui cause du truc.
Ce qui m’inquiète, hors l’absence de nuance et l’émotionnel non dénué de violence (qui en fait ne fait que parler de la peur non assumée de ceux qui expriment cette violence), c’est déjà l’absence de tout discours sur l’hygiène de vie.
C’est devenu optionnel, aujourd’hui, la prévention primaire. Nada, nitz, fini. Aux oubliettes.
Parce que le vaccin va tout résoudre. Chouette. C’est beau la technologie toute puissante. Bientôt même plus la peine de boire moins, de cesser le tabac, de manger moins de trucs chimiques, gras et bourrés d’addditifs, et moins. Comme ça le business as usual peut continuer, en vendant un vaccin en plus sur la couche d’objets consommés que nous achetons pour faire tourner l’économie.
C’est vrai, la prévention primaire, c’est un truc qui n’est pas marchand, faut consommer moins de tout, c’est pas cool pour l’économie.
Et derrière les discours de super spécialistes de tout et de la vaccination et de l’immunologie…demain je vous file les clés de l’infirmerie, et je laisse tout le monde tenir la boutique, j’irai me détendre…bref, excusez-moi, c’est l’effet vacances, quand je repense au boulot, ça me stresse…parce que oui, c’est stress déjà au départ, alors en plus quand tout le monde s’y met, surtout sans vraie expérience de terrain…mais je m’emporte.
Moi il y a un truc sur l’immunité collective qui me fait marrer souvent, c’est quand les gens veulent faire culpabiliser ceux qui ne veulent pas se vacciner en disant qu’ils profitent de l’immunité de ceux qui se vaccinent…et qu’ils vont être dangereux pour les autres.
Mais si ceux qui se vaccinent ont confiance, de quoi doivent-ils avoir peur, alors? Pourquoi devraient-ils reporter le poids de leurs peurs sur qui assume un risque? S’ils ont confiance alors ils n’ont pas de risque. Il y a dans ce raisonnement quelque chose qui m’échappe. Bon, je risque la volée de bois vert, mais quand même c’est juste du bon sens basique.
Perso je ne me vaccine pas contre la grippe, j’assume le risque. Si j’ai des symptomes, je met un masque, je me lave les mains. Idem pour les autres pathos transmissibles, donc j’assume le risque.
Quid du citoyen lambda qui sautera sur le vaccin mais qui me croise au supermarché en baissant son masque et en me crachant à la figure, et qui ne se lave jamais les mains?
Mais c’est plus facile de croire maitriser un risque en comptabilisant qui se fait vacciner, que de surveiller qui met bien son masque et qui se lave ou pas les mains.
Science ou pensée magique scientifisée et ritualisée?
Société de l’obsessionalité qui cherche ses rituels contre la peur?
Je ne peux poursuivre ce post dans tous les recoins de développement que je souhaiterais, mais ce sont quelques questions que je jette là, au coeur d’une société qui voudrait croire possible d’éradiquer la mort, et de vaincre toute maladie, au lieu d’accepter que l’humain n’est pas tout puissant face à la nature, et qu’il vaut mieux la connaître et l’accompagner, que se battre contre et vouloir la vaincre.