Teleperformance : analyse de la chute boursière, enquête colombienne, OPA Majorel et impact de l'IA
Cette discussion analyse la chute boursière significative de Teleperformance (TEP) depuis début 2022, déclenchée initialement en novembre 2022 par l'annonce d'une enquête du gouvernement colombien sur les conditions de travail, notamment dans la modération de contenu pour des plateformes comme TikTok. La baisse initiale de plus de 30% a suscité des débats parmi les membres : certains l'ont jugée disproportionnée au regard de la part du chiffre d'affaires concernée (environ 7%), tandis que d'autres ont souligné le risque réputationnel, le potentiel d'extension des problèmes à d'autres pays et ont établi un parallèle avec le cas Orpea. Les accusations spécifiques (salaires bas, exposition à des contenus choquants, entraves syndicales) ont été discutées, avec des contre-arguments portant sur les certifications de l'entreprise (Great Place to Work®), les salaires supérieurs au minimum légal et la nature inhérente au travail de modération.
La gestion de crise par Teleperformance, incluant une suspension de cotation, un programme de rachat d'actions jugé modeste par certains, et une communication active, a été suivie de près. Un revirement notable a été la décision initiale d'abandonner le segment le plus controversé de la modération, avant de revenir sur cette décision en mars 2023, créant de la confusion. La situation s'est complexifiée en avril 2023 avec l'annonce d'un projet d'OPA sur Majorel pour 3 milliards d'euros, accueillie négativement par le marché et suscitant des interrogations sur le prix et le rationnel stratégique. Tout au long de cette période, des participants comme emilienlar ont partagé leur perspective de long terme, ayant progressivement réduit leur position importante au fil des ans face aux doutes sur le modèle économique et les risques. La forte rémunération du PDG et les ventes d'initiés ont également été mentionnées comme des points de préoccupation.
À partir de mi-2023, l'impact potentiel de l'intelligence artificielle (IA) générative est devenu un sujet central et clivant. Une partie des participants y voit une menace existentielle pour le modèle de TEP, craignant l'automatisation massive des services clients, la réinternalisation par les clients et la perte de valeur ajoutée, citant l'exemple de Klarna et de son assistant IA (dont l'annonce a provoqué une nouvelle chute brutale en février 2024, bien que certains aient suspecté une manipulation de marché). D'autres considèrent l'IA comme une opportunité majeure, arguant que TEP, par sa taille, ses données et son expertise (BPO, verticales sectorielles), est idéalement placée pour intégrer l'IA, améliorer son efficacité, proposer des services plus complexes et mutualiser les coûts, renforçant ainsi son avantage concurrentiel. Les partenariats technologiques (AWS, Microsoft) et les limites intrinsèques de l'IA (absence de conscience, d'empathie, nécessité de supervision humaine) ont été avancés pour soutenir cette thèse.
La discussion met en lumière une forte déconnexion entre la performance boursière désastreuse du titre, qui a atteint des plus bas de plusieurs années, et des fondamentaux financiers qui montrent une croissance (bien que ralentie) et une rentabilité persistantes. Les multiples de valorisation sont devenus très bas par rapport à l'historique de l'entreprise, amenant certains participants à considérer le titre comme un point d'entrée potentiellement attractif malgré les risques. D'autres restent cependant prudents face à la volatilité extrême, aux incertitudes liées à l'IA, à la pression de la vente à découvert (VAD) et à la perception d'un risque réputationnel persistant lié aux conditions de travail. Les derniers résultats publiés (jusqu'au T1 2025) montrent une croissance organique modeste et une décélération dans les services spécialisés, confirmant un environnement complexe pour l'entreprise.
Mots-clés : Teleperformance, Chute boursière, Enquête Colombie, Intelligence artificielle, OPA Majorel, Relation client, Valorisation.