EDIT : j’avais émis quelques approximations et erreurs. Le message ci-après est donc corrigé, après avoir lu cette source qui expose un cas proche : Cabinet Stanislas Lhéritier: Cas pratique: communauté, SCI, procédure de divorce et décès
Prenons un exemple : Jean a un frère, Xavier. Ils sont chacun mariés selon le régime légal, et veulent constituer une SCI à 50/50 grâce à la donation que leur font les parents. Ils ne veulent pas que leurs épouses soient associées de la SCI.
Les parts de la SCI sont un bien propre pour Jean et Xavier, car l’argent d’une donation est un bien propre, et que le remploi d’un capital propre pour acquérir des parts sociales de SCI donne le caractère de bien propre à ces parts sociales acquises par un époux.
"Les fruits de biens propres sont communs". Or, les fruits = les dividendes. Pas de dividende = pas de fruits, donc pas de revenus communs ; seulement une augmentation de valeur de la SCI (si le bénéfice est placé en réserve) ; donc augmentation de la valeur des biens propres de Jean et de Xavier.
Si SCI IR, Jean et Xavier sont imposables (IR+PS) sur le revenu foncier. Or, en pratique, c’est le foyer fiscal, le couple, qui paie les impôts avec l’argent de la communauté. La communauté de Jean et sa femme Simone va donc payer une imposition relative à un bien propre de Jean. Or, "l’impôt sur les revenus constitue une charge directe des revenus personnels d’un époux, étrangère aux besoins de la vie familiale". (arrêt du 22 février 1978)
A partir de là, deux cas :
- si les dividendes (revenu commun) versés par la SCI sont à peu près équivalents au « revenu foncier net », alors la communauté aura reçu un revenu et elle aura aussi payé l’imposition relatif à ce revenu, ce qui est normal et équitable.
- En revanche, si la SCI met tout ou partie du bénéfice en réserve, la communauté aura payé l’imposition qui est la dépense nécessaire d’un bien propre, sans pour autant recevoir le revenu équivalent, ce qui n’est pas normal ; Jean doit alors récompense à la communauté pour le montant de cette imposition payée.
On voit que le problème, c’est qu’en SCI IR, on a deux définitions très différentes du revenu : le revenu fiscal est reporté obligatoirement sur Jean et Xavier, comme étant la somme des loyers HC diminuée des charges déductibles ; alors que le revenu civil, ce sont les dividendes, qui dépendent du vote de l’AG.
Dans un tel cas, la SCI IS me semble bien mieux adaptée. Ainsi, les charges et revenus de la SCI (y compris son imposition) sont ceux de la personne morale, indépendamment des associés. Les associés décident ensuite, en toute indépendance, soit de laisser le résultat dans la SCI (et d’augmenter donc la valeur de leur bien propre), soit de verser un dividende (et d’apporter donc des revenus communs à leur ménage).
Dernière modification par Bernard2K (12/10/2020 15h05)