Ce post va reprendre des éléments déjà cités (le temps de l’écrire, d’autres sont plus rapides) et tentera d’apporter des exemples chiffrés.
Quelles sont les pratiques permettant de transmette un patrimoine privé important (plusieurs M€) ? En effet construire et gérer un patrimoine sans étudier les conséquences du dernier jour, rendra très heureux madame fiscale.
La fiscalité cela se regarde à l’acquisition, lors de la détention et lors de la cession à titre onéreux ou gratuit.
En supposant un décès vers les 85 ans comment optimiser la transmission d’un patrimoine privé important sans en perdre le contrôle à 2 enfants (configuration classique)?
La démarche est presque un rétroplanning de décisions par rapport au décès prévisionnel.
Sur la base des règles fiscales 2020 (on peut pas prévoir l’avenir de madame fiscale).
1) Pour une activité professionnelle.
S’il s’agit d’un patrimoine professionnel ayant une activité industrielle, commerciale, artisanale, agricole ou libérale, le pacte Dutreil permet de réduire de 75% la valeur imposable sous certaines conditions. Cette partie ne sera pas étendue car non applicable au patrimoine privé. Et cette fois madame fiscale ne considère pas l’activité de location meublée professionnelle ou non comme une activité commerciale éligible au Dutreil.
2) Pour les biens immobiliers et parts SCPI, pouvant s’acquérir par l’effet levier de l’emprunt bancaire ou en compte courant d’associé, la société semble particulièrement bien adaptée.
Des subtilités entre société civile / SAS / SARL restant à analyser dans un post dédié, mais supposons que l’on fasse l’option de la société civile pour la souplesse/liberté des statuts et des pouvoirs.
La société civile fait l’acquisition avec emprunt des biens. Peu de temps après la création (quelques mois, années), une donation de la nue propriété des parts sociales avec réserve d’usufruit est réalisée. La valeur des parts sociales vaut quasiment zéro = valeur des biens – emprunt restant dû.
Avec des statuts bien rédigés sur les droits de vote cela permet de répondre à la problématique du pouvoir (vous pouvez donner 99% du capital et garder 99% du droit de vote et des décisions) et l’opération doit être envisagée vers les 40 ans (pour assurance moins cher et finaliser l’emprunt avant la retraite).
Globalement cela permet de transmettre 30% de ses revenus x20ans en franchise d’imposition + possibilité de capitaliser encore 25 ans des revenus de la société civile.
Exemple 140k€ revenu annuel salarié (couple de cadres) + 55k€ revenus locatifs net de charges locatives (hors impôt revenu) => emprunt de 63k€/an (1,1% sur 20 ans avec 0,17% assurance) soit 1100k€ de patrimoine immobilier avec un endettement de 32%.
Nous avons une transmission du bien d’une valeur initiale 1100k€ (hors réévaluation potentielle qui serait un plus d’environ 600k€ avec 1%/an sur 45 ans) +25 ans x 55k€ = 2475k€
en supposant que les impôts sur les revenus sont payés par ailleurs.
La seule limite de cette solution réside dans la capacité d’emprunt et de la rentabilité du bien.
3) pour les biens financiers. Quelle est la meilleure solution ?
Au décès, il faut globalement avoir un patrimoine maximal de 1100k€ : 2 enfants x 2 parents x 152 k€ d’assurance vie (abattement une assurance vie par enfant et par parent) et 2 enfants x 2 parents x100k€ (2 fois abattement de 100k€ par enfant / 0,8 (valeur nue propriété).
Cela donne 0 droits de succession au premier décès et environ 6,4k€ au second décès.
vers 67 ans faire une donation avec réserve d’usufruit successif sur le conjoint survivant : 2 enfants x 2 parents x 100k€ / 60% (valeur nue propriété) = 666k€.
=> en 15 ans avec des intérêts composés à 3% cela donne un patrimoine de 1000k€ au décès.
vers 52 ans faire une donation avec réserve d’usufruit successif sur le conjoint survivant : 2 enfants x 2 parents x 100k€ / 50% (valeur nue propriété) = 800k€.
=> en 30 ans avec des intérêts composés à 3% cela donne un patrimoine approximatif de 2000k€ au décès.
Avec une donation avant 51 ans, on augmente encore plus l’effet levier du démembrement (nue propriété 40% => 400k€ / 40% = 1000k€=> 2500k€ au moment du décès) mais encore faut-il avoir les biens dans son patrimoine.
A noter que cette logique de démembrement est aussi applicable à des biens immobiliers.
Des émoluments du Notaire vont s’appliquer à l’acte de donation (rien n’est gratuit):
Si démembrement de biens immobiliers : 1,2% du bien immobilier en pleine propriété (666k€+800k€) +0,6% de publicité foncière sur la nue propriété (400k€+400k€) = 18,6k€ + 4,8k€ = 23,4k€.
Si démembrement de biens mobiliers : 0,6% du bien en pleine propriété (666k€+800k€) = 9k€
Soit pour 3000k€ de patrimoine entre 9k€/3000k€= 0,3% et 23,4k€/3000k€=0,8% du patrimoine transmis.
Donc potentiellement, on transmet au décès à 85 ans environ 4100k€ de biens en quasi franchise de droits de succession : 1100k€ (patrimoine essentiellement assurance vie et résidence principale au décès) +1000k€ (donation 67 ans) + 2000k€ (donation 52 ans).
Sans réflexios anticipée, un patrimoine de 4100k€ au moment du décès (en supposant un mariage sous la communauté légale et une donation au dernier survivant) génère 320k€ de droits au premier décès et 445k€ au second soit 765k€ pour le plus grand plaisir de la solidarité nationale et de madame fiscale soit environ 18,6%.
A ces donations démembrées, il peut y avoir des donations manuelles d’argent définitives pour 2 enfants x 2 parents x 30k€ = 120k€ tous les 15 ans soit 240k€ mais on perd le contrôle et au regard des montants précédents.
Maintenant quels biens transmettre sans perdre le contrôle ?
La nue propriété d’un portefeuille d’action ou d’un contrat de capitalisation avec convention de démembrement entre usufruitier et nue propriétaire? => une partie du contrôle est perdu sur l’arbitrage possible du portefeuille (accord du nue propriétaire) ou sinon convention de quasi-usufruit.
En supposant une société civile possédant un portefeuille d’action ou un contrat de capitalisation et le démembrement des parts sociales (avec les pouvoirs étendus aux parents/ gérants) permet de rester maître des biens (possibilité d’arbitrage et de jouissance quasiment infinie) avec un droit de vote du nue propriétaire qui peut être réduit voir quasiment inexistant. Le nue propriétaire attendra sagement pour profiter des biens sauf volontaire contraire.
Concrètement quelle est la fiscalité des revenus du contrat de capitalisation si la société civile est à l’impôt sur le revenu et si elle est à l’impôt sur les sociétés ?
Si la société civile est à l’impôt sur les sociétés alors il y à un revenu « fictif » (car pas de trésorerie effectivement perçue). La société sera imposable (article 238 septies du Code général des impôts) au taux de 15% voir 28% chaque année de manière forfaitaire sur la plus-value réalisée au sein de celui-ci.
Cette plus-value sera considérée comme une « prime de remboursement ».L’assiette annuelle d’imposition est déterminée en revalorisant l’investissement au taux de 105% du TME (Taux Moyen des Emprunts d’Etat) en vigueur au moment de la souscription. Et il y a régularisation de l’IS lors de la fin du contrat.
Si la société est à l’impôt sur le revenu, en l’absence de rachat et au dénouement du contrat de capitalisation, je n’ai pas encore la réponse => avis aux amateurs. Comment on comptabilise cette croissance de valeur de la société ? Et comment elle est fiscalisée ?. Je comprends que l’on paie les cotisations sociales à 17,2% chaque année sur la croissance du contrat de comptabilisation et j’ai l’impression qu’au dénouement du contrat il y aurait 12,8% d’IR pour les associés sur la croissance globale du contrat. S’il a des connaisseurs?
Cette solution de contrat de capitalisation dans une société civile est-elle optimale ?
Quelles sont les autres solutions ?
Quelles sont les solutions des patrimoines encore plus important (>10M€) pour transmettre de manière optimisée?
4) Quand il est trop tard pour anticiper la transmission
Le choix de biens exonérés ou à fiscalité réduite type bois et foret.Les bois et les forêts et les parts de groupement forestier sont soumis aux droits de mutation sur seulement 25% de leur valeur. Le bénéfice de cet abattement de 75% est soumis à plusieurs conditions. La problématique de ce type de bien est sûrement la rentabilité relativement faible (1%?) et la liquidité.
A compléter