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John Wiley & Sons : une maison d'édition bien solide

Analyse de l'action John Wiley & Sons : opportunité d'investissement en 2012?

Cette discussion porte sur l'analyse de l'action John Wiley & Sons, une maison d'édition spécialisée dans les contenus scientifiques et éducatifs. Les membres évaluent le potentiel d'investissement de cette société, en se basant sur son historique financier et sa stratégie future. Un point central est la solidité financière de Wiley, mise en avant par les marges brutes élevées (69,5%), la forte profitabilité (marge opérationnelle de 15,7%), et un endettement maîtrisé (Debt/Equity à 0,5). Des arguments positifs soulignent également le potentiel de croissance à long terme, notamment grâce à sa position dominante sur un marché de niche et son large fossé concurrentiel ("wide moat").

Les participants mentionnent la stratégie de Wiley visant à se recentrer sur son cœur de métier et à accélérer sa transition numérique. Cependant, une incertitude notable concerne l'impact de cette transition sur les marges et la capacité de l'entreprise à maintenir sa position dominante dans l'environnement numérique. La discussion aborde la question de la diversification, Wiley souhaitant se séparer de certaines activités moins rentables comme la publication de livres de cuisine ou de guides de voyage. L'analyse inclut des données financières comme le ratio FCF/Sales à 17,5% et le ROE à 19,5%, confirmant la rentabilité de l'entreprise.

Plusieurs méthodes de valorisation sont utilisées, notamment la comparaison avec des pairs (McGraw Hill et Pearson PLC) et une analyse DCF (Discounted Cash Flow). Les estimations convergent vers une valeur intrinsèque supérieure au cours de bourse de l'époque, suggérant une décote significative. Néanmoins, la discussion souligne l'importance de prendre en compte les risques liés à la transition numérique et à l'évolution du marché de l'édition, notamment la baisse des commandes de librairies et le changement des habitudes d'achat des étudiants. L'analyse des résultats du deuxième trimestre 2013, avec une baisse du chiffre d'affaires et de l'EPS, met en lumière la nécessité de mettre à jour les prévisions et remet en question l'opportunité d'investissement à court terme.

Enfin, la discussion mentionne des investisseurs renommés comme Joel Greenblatt et David Dreman, qui ont investi dans Wiley, mais en soulignant un changement de stratégie d'investissement chez Greenblatt vers une gestion moins active. Ceci apporte un élément contextuel supplémentaire à l'analyse, mettant en exergue l'opinion d'investisseurs expérimentés. L'importance de la gestion du risque et de la diligence raisonnable est ainsi implicitement soulignée tout au long de la discussion.


4    #1 16/11/2012 22h41

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Dans les médias il y a des boites qui se spécialisent dans les journaux à scandale comme News Corp, des entreprises qui vous feraient presque honte d’en être actionnaire comme Lagardère; et puis il y a aussi des sociétés comme John Wiley & Sons.



Wiley est une maison de publication qui se spécialise dans le domaine scientifique, médical, et le monde de la recherche (60% des revenus). La boite publie ainsi les contenus de tonnes de journaux scientifiques, de noms connus comme la New York Academy of Sciences ou l’Institute of Electrical and Electronics Engineers (IEEE). Et si l’entreprise ne vous dit rien; vous connaitrez sans doute sa série de bouquins "pour les nuls"! Elle génère ses revenus principalement aux US:


La stratégie pour l’avenir est claire:
- se recentrer sur son activité principale de publication de contenu scientifique et d’éducation, notamment en se séparant de ses activités dans la publication d’ouvrages comme les livres de cuisines ou les guides de voyage.
- prendre le virage du numérique.

Au niveau financier, Wiley est en croissance régulière et n’a pas vraiment connu la crise, même si on note un ralentissement de la croissance sur les 4 dernières années:


La croissance: pour le CA, une moyenne de plus de 9% sur 10 ans; 7,6% sur 5 ans; et 3,5% sur 3 ans. Le ralentissement observé sur le graphique est confirmé; mais le bénéfice d’exploitation augmente très vite (+20% pour chacun des 2 derniers exercices) car l’entreprise a réussi à faire augmenter sa marge brute notamment.

La profitabilité: 69,5% de marge brute (alors qu’elle était de 66,5% en 2004), 15,7% de marge opérationnelle: c’est plutôt pas mal; et on remarque une progression au cours des années. Le signe qu’on a affaire à une boite solide avec un moat certain.
Le FCF/Sales s’élève à 17,5%, et le ROE à 19,5%: c’est du tout bon.

La santé financière: Debt/Equity à 0,5. L’EBIT couvre les paiements de dette 26 fois: pas de problème de ce côté là.

Le dividende, qui a été augmenté de 20% cette année (la 19ème année consécutive d’augmentation du dividende, après une augmentation de 25% l’an passé). Le taux de distribution est très raisonnable à 25%.

Le risque ici est bien sûr pour l’entreprise de bien négocier le passage au numérique. Je me pose quelques questions à ce niveau: qui a besoin d’une maison d’édition pour du contenu électronique? Si oui, les marges resteront-elles les même?
Je crois que l’activité de Wiley fait qu’elle est bien positionnée, ce qui je pense explique grandement la notation en wide moat de Morningstar: par exemple, l’édition de journaux scientifique ce n’est pas seulement rassembler les différents articles et les faire imprimer; mais c’est aussi de gérer le processus du "peer review". Pareil avec les bouquins scolaires: il faut que les programmes soient à jour et que le contenu soit bien vérifié - on n’est pas dans l’édition de roman de gare!

L’entreprise cote aujourd’hui en dessous de 41$; des niveaux pas vu depuis 2010!
Les résultats du derniers trimestre ne sont pas géniaux, avec une baisse de 2% sur le CA sans les effets de change. L’EPS lui a perdu 23%. Le management explique cette baisse par 2 facteurs: au niveau des journaux avec moins de revenu à cause du calendrier de publication, et du segment éducation par la faiblesse des commandes de la part des librairies qui anticipent un changement dans l’attitude des étudiants (commandes en ligne; achat de livres d’occasion ou location). Il y a également eu une charge de restructuring, l’entreprise devant s’adapter pour développer les contenus numérique.

Il y a donc quelques incertitudes; mais on est en face d’une entreprise très solide, qui se situe sur une niche et qui bénéficie d’une notation en wide moat par Morningstar. Quelques incertitudes récentes c’est vrai; qui permettent aujourd’hui d’acheter Wiley à des valorisations très attractives. Vous ne ferez certes pas du +100% en 6 mois avec Wiley, on est plus en face d’une dividend aristocrat en devenir!
Une valorisation est d’ailleurs à venir dans les prochains jours, mais en attendant Morningstar pense qu’elle faut 50$, soit près de 20% de remise à l’heure actuelle.

Mots-clés : john wiley

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#2 17/11/2012 13h27

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En attendant la valorisation, Joel Greenblatt est sur le coup et a effectué ses achats à des niveaux plus élevés que le cours actuel:

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#3 17/11/2012 19h03

sergio8000
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David Dreman, c’est du lourd aussi. Mais attention, Greenblatt et Dreman investissent aujourd’hui de manière systématique. Greenblatt a d’ailleurs récemment expliqué qu’il souhaiter passer à une gestion lazy moins performante que dans le passé : cela lui prend moins de temps, et le rendement reste honorable.

Je trouve que l’idée est pas mal : la maison est particulièrement respectable dans la littérature sérieuse. Il n’y a pas beaucoup d’alternatives (Mc Graw Hill principalement) si on aime les livres sur la finance.

Cela dit, je me demande s’il n’y a pas de moins en moins de personnes qui lisent ce genre de littérature… Dans mon entourage de jeunesse, j’étais l’un des seuls. D’un autre côté, les universités US forcent les étudiants à acheter ces livres. D’ailleurs, la baisse de nouveaux étudiants dans les établissements de "for profit education" pourrait peut être exliquer une baisse de régime temporaire dans le secteur, allez savoir… Ca mérite d’être regardé de + près.

 

#4 03/12/2012 12h18

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Sergio, certes Wiley publie de la littérature "sérieuse"; mais il ne faut pas oublier que le gros  du résultat vient de la publication de revues scientifiques qui est un secteur bien particulier, et c’est de ce secteur que Wiley tire son wide moat. Ces revues scientifiques ne se publient pas comme un "vulgaire" livre, elles nécessitent par exemple l’examen d’un comité de lecture indépendant. Je ne les vois pas disparaitre: la publication d’articles de ce type, c’est le nerf de la guerre dans le monde de la recherche, les chercheurs étant jugés sur leur nombre de publications.

Voici une rapide valorisation de Wiley:

La comparaison avec les pairs est assez difficile, puisque Wiley est vraiment sur une niche rentable. J’ai donc choisi seulement 2 pairs: McGraw Hill, et Pearson PLC (une maison d’édition bien positionnée dans le domaine de l’éducation).


Les multiples historiques sont repris sur Morningstar, entre 2008 et maintenant. Il est intéressant de noter que les multiples étaient bien plus haut jusqu’à la crise de 2008, et que les multiples les plus bas sont  les multiples TTM.
Par exemple, le PER était aux alentours de 20 entre 2002 et 2007, avant de tomber à 15 en 2008 et 13 en TTM.


Pour la méthode DCF, j’ai mis à jour les données à partir de Morningstar (données TTM; sauf pour le taux d’imposition qui est moyenné sur les 4 dernières années).
Je conserve un taux sans risque à 2% et une prime de risque à 6.5%. Pour le bêta, il n’a pu être calculé par xlsValorisation mais Yahoo Finance le donne à 0.73 (1.02 pour le modèle de Damodaran pour l’industrie Publishing): j’ai fait une moyenne de ces 2 valeurs à la main et prend donc 0.87.
Finalement, le taux de croissance éspéré est fixé à 5% (le management donne un objectif de "mid-single digit growth" pour 2013. Ils anticipent par ailleurs une accélérationde la croissance du CA d’ici 2 ans mais je préfère jouer la sécurité).


Finalement les 3 méthodes convergent vers une valeur intrinsèque de 55$, soit un PER implicite de 17 (ce qui semble réaliste vu l’historique de Wiley).
L’estimation de Morningstar est elle située à 50$, on est donc 10% au dessus.


Toujours pas de prise de position de mon côté; mais je pense initier une ligne si elle passe le seuil des 40$.

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#5 19/12/2012 17h32

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Bonjour,

J’avais raté votre post et vient de découvrir cette valeur via le tableau Cheap Wide-Moat Laggards de Morningstar.
Merci pour cette analyse.

Je trouve également que les chiffres de cette société sont tres bons que ce soit en terme de progression de CA, benefice, FCF.
La marge brute est énorme.
Il y a peu de concurents (du moins sur ce marché précis)
Le ratio de distribution est tres faible (là en revanche j’aurais préféré qu’il soit un peu plus élevé par rapport à mon plotique de portefeuille de rendemennt car le rendement/dividende est faible).

Concernant le cours et la valorisation morningstar, les 2 ont baissés :
- depuis le 07/12, le cours a beaucoup chuté (il faut chercher dans l’actu s’il y a une raison) et le cours est désormais de 37$ (-> SirConstance vous étiez acheteur sour les 40$ est-ce toujours le cas). Le cours est à son quasi plus bas sur les 3 dernieres années.
- Morningstar a abaissé sa valorisation, et estime l’action à un cours de 45$. 
--> Au cours actuel de  37$ il y a toujours une décote de 20% par rapport à la valorisation Morningstar et de pres de 30% avec votre estimation.

Reste le virage de l’édition numérique …. S’auront-ils et doivent-ils le prendre ?
Est ce que Mr le marché estime que l’édition n’a plus d’avenir et dans ce cas, peut-être que le cours est "condamné" à rester sous sa vrai valeur ?!

En tout cas ce la mérite quelques recherches supplémentaires

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#6 19/12/2012 18h09

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Il  y a en effet eu une grosse chute du cours au moment de l’annonce du Q2 2013. Chute du CA et de l’EPS; et le gros problème pour moi vient de la mise à jour de la guidance: en septembre ils annonçaient un EPS de $3.5 - $3.55 pour 2013; et 3 mois plus tard l’estimation tombe à $2.95 - $3.05. Même en ajoutant le gros asset impairment charge qui est responsable sur la chute de l’EPS GAAP ($0.16), le compte n’y est pas.

Je n’ai pas tout regardé en détail ni mis à jour la valorisation avec les nouvelles hypothèses, donc en attendant je passe mon tour wink

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