Si votre femme exerçait bien une activité de location de logements meublés (et non pas parahôtelière), c’est effectivement une activité civile comme l’a rappelé le conseil constitutionnel dans sa décision n°2017-689.
Pour autant, l’indépendance du droit fiscal conduit à imposer cette activité en BIC.
Est-ce que cela vous expose au risque d’un redressement fiscal pour cession occulte d’un fonds de commerce ? Je ne vois pas comment il pourrait y avoir fonds de commerce pour une activité civile. Donc, à mon humble avis, même si l’activité est imposée en BIC, il ne peut pas y avoir d’imposition sur la cession d’un fonds de commerce qui n’existe pas.
Donc, du point de vue de la fin d’activité AE, il s’agit bien de clôturer l’activité de l’AE et c’est tout.
Maintenant, le sort des meubles. Durand18 nous dit que seule la plus-value ou moins-value de la vente doit être reportée dans le résultat de l’AE.
Je vous suggère donc 2 solutions :
1) Mme Priority vend l’ensemble de ses meubles à la SCI à un prix inférieur à leur prix total d’acquisition ; donc il n’y a pas de plus-value imposable côté AE. Pour autant, elle ne va pas non plus déduire de son CA d’AE une moins-value ; car ça serait compliquer inutilement et donner le bâton pour se faire battre. Elle n’inscrit donc pas du tout cette vente dans sa déclaration fiscale d’AE. Du fait qu’il n’y a pas de PV (et qu’elle peut le prouver puisqu’elle a les factures d’achat), elle n’est pas non plus concernée par l’imposition de la PV du particulier (Article 150 UA). L’avantage de cette vente, c’est que la SCI va pouvoir inscrire ces meubles en amortissement (même si chaque meuble vaut moins de 500 €, la règle est que lors de l’achat d’éléments constituant un ensemble cohérent, c’est la valeur de l’ensemble qu’il faut prendre en compte pour savoir s’il faut amortir).
2) encore plus simple : Mme Priority, propriétaire de ses meubles en nom propre, en laisse la jouissance gratuite à la SCI. Car, s’il est interdit à un dirigeant de se servir dans l’actif d’une société, rien n’interdit, à l’inverse, de faire bénéficier gratuitement à la société des biens ou services payés par le dirigeant ou l’un des associés. Ca se pratique même très couramment : la société utilise l’ordi perso du président/gérant, la box internet du foyer du président/gérant ; le président/gérant fait des travaux pour la société avec son matériel perso, le président/gérant utilise de menues fournitures qui lui appartiennent pour les besoins de la société, etc. Certes, à chaque fois, c’est une occasion manquée d’inscrire dans la compta de la société une charge ou un amortissement qui viendrait diminuer son résultat, donc son IS. Il ne faut donc pas abuser de cette solution ; c’est plutôt de la flemme de formaliser des avantages de faible montant dans le sens associé->société. Dans le cas de Mme Priority, laisser à la SCI la jouissance gratuite des meubles empêche donc de les inscrire en amortissements, qui viendrait diminuer le résultat de la SCI, donc diminuer son IS.
Personnellement, j’aurais une préférence pour le 1). Néanmoins, il y a un très léger risque qu’un contrôleur fiscal trop zélé veuille intégrer le montant de la vente dans le CA imposable de l’AE ; il faut donc être prêt à défendre le principe que c’est la PV qui est imposable et qu’il n’y a pas de PV. Ca me semble faisable. La solution 2) est la solution de facilité mais ça semble dommage de se priver d’amortir ainsi une valeur de 5 à 8 k€.
Ce n’est que mon humble avis ; je ne suis ni expert-comptable ni fiscaliste, et je rappelle que chaque contribuable établit ses déclarations fiscales sous sa responsabilité.