Alors pour les obligs, je connais les obligs US, pas vraiment françaises. Voilà ce qu’on peut faire avec des obligs corporates américaines chez Interactive Brokers:
- Financement à 1.6% jusqu’à 100k, puis 1.1% au delà (donc il fut quand même investir un bon paquet pour arriver à des taux raisonnables sur obligs) indexé sur Libor
- En utilisant les Reg Ts (donc réglementation US sur le levier autorisé, pas le portfolio margin), levier jusqu’à 9 (ie capital seulement de 10%), et ce pour les obligs investment grade.
Donc grosso modo du moment que le spread de votre oblig vs les taux swaps est au dessus de 1%, vous pouvez commencer à gagner de l’argent, en tenant compte du risque de duration, et du risque de variation du taux de financement. Mais ça demande de prendre pas mal de risques, si le spread de l’oblig s’élargit.
Après, emprunter à votre banque pour ça ne me semble pas être forcément optimal, vu les taux pratiqués vs taux servis par les obligs.
PS : explication des spreads :
Le spread c’est la différence entre le rendement de votre oblig et le rendement du bond du trésor équivalent en terme de duration (durée grosso modo). Donc si votre oblig traite à 100, et paye du 7% sur 5 ans, et que le Treasury équivalent de 5 ans, traite à 100 et paye un coupon de 3%, le spread est de 4% soit 400 points de base.
Très schématiquement, long une oblig en utilisant un financement, on a en termes de risque
- le risque de spread (que l’oblig se casse la figure par rapport à un bon du trésor de caractéristiques équivalentes)
- le risque de taux (que le prix de toutes les obligs en générale baisse, ou que leur rendement augmente en d’autres termes) qui est proportionnel à la duration
- le risque de financement, c’est à dire que le coût du financement augmente (Libor augmente)
Le risque de spread, c’est celui qu’on veut prendre avec un effet de levier important, donc on va pas le couvrir a priori.
Le risque de taux, il faut le couvrir pour pas que la valeur de la position risque de tomber, si les taux montent, et qu’on se prenne un appel de marge. Traditionnellement il se couvre en shortant des Treasuries. Si la valeur de l’obligation baisse à cause d’une remontée des taux, le bon du trésor baisse aussi, et donc le short compense la perte sur l’oblig. Donc on paye le coupon des bons du trésor, ce qui fait que le rendement net de la position couverte est : rendement de l’oblig - rendement du bon du trésor = le spread (d’où la logique de regarder le spread évidemment).
Cependant cette approche ne tient pas compte du risque de financement. En fait, il existe une méthode pour faire d’une pierre deux coups : les swaps. Avec un swap, on s’engage à payer un taux fixe (par ex 5%), sur une durée donnée (par ex 5 ans), et on reçoit en échange un taux variable (Libor) et tout ça pour un montant donné bien sûr. A noter que dans cet exemple on dirait que le spread du swap est de 1% (5% du taux de swap, moins 4% du bon du trésor correspondant).
Pour ne pas être exposé aux variations de taux court (Libor), le swap est efficace. En reprenant notre trade, on oublie le short sur les treasuries et on fait juste une swap. Donc on a l’oblig, qui paye son coupon fixe, on prend une partie du coupon pour payer le swap, qui en retour sert à payer le financement. Donc avec les chiffres de l’exemple, l’oblig paye 7%, on en utilise 5% pour payer le swap, qui lui nous donne Libor. Mais on ne se finance pas à Libor mais L+100bps par exemple. Donc il faut encore enlever ce %. Il reste donc 7% - 5% - 1% = 1%. Mais en mettant seulement 10% du capital, ça fait x10, soit 10%.
Donc grosso modo pour les effets de levier importants on peut évaluer la valeur relative d’une oblig en prenant :
(Yield oblig - swap rate - financing spread) x 1 / capital.
En pratique on ne peut pas faire un swap pour des petits montants, mais l’approche permet au moins d’évaluer la valeur relative d’un produit. On peut accepter de prendre le risque de financement par exemple, si on sait au moins que la stratégie a une valeur intrinsèque.
Dernière modification par crosby (11/09/2012 19h28)