kikinou a écrit :
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Du coup, je me demande, est ce que c est justement pas dans la description du job du comptable d evaluer et de re-evaluer les actifs a leur valeur du moment ?
C est le meme argument, il me semble. Non, clairement, on la recupere pas si les actifs et les capitaux propres ne sont pas re-evalues.
Le sont ils dans un monde ideal, en realite ?
Bonjour,
sans être comptable, j’ai quelques connaissances dans la matière. c’est à ce titre que je vous réponds.
La question de la valorisation des actifs dans la comptabilité des sociétés (banques ou industrie) est très complexe depuis l’introduction des normes IFRS. Je vais donc simplifier le sujet et serai ravi que des experts complètent ou rectifient. Distinguons deux notions très différentes :
Continuité vs liquidation
Les actifs sont évalués par l’entreprise qui les détient d’abord, puis par les commissaires aux comptes ensuite, dans une optique de continuité d’activité; ce qui signifie qu’un outil industriel sera valorisé pour sa valeur d’usage pour la production de biens par l’entreprise, c’est-à-dire la valeur d’acquisition nette des amortissements. Un immeuble dit d’exploitation (par opposition à un immeuble de placement qui ne sert pas à l’entreprise pour produire) sera valorisé de la même façon.
En revanche si l’entreprise n’est plus en mesure de continuer sa production ou ses services, elle est évaluée en "valeur liquidative". Cette décision fondamentale peut être prise par les dirigeants mais bien souvent par les commissaires aux comptes; elle ne se confond pas avec la mise en redressement judiciaire de la société. Dans ce cas les actifs sont évalués au prix de marché, soit "à la casse" parce qu’il faudra bien se débarasser des machines, usines, bureaux, licences, droits…
il me semble qu’aucune société du CAC 40 n’est dans ce cas, mais un cas intéressant pourrait être Dexia !
normes françaises vs normes européennes ou américaines
Dans les normes comptable françaises, les actifs sont schématiquement retenus pour leur valeur d’acquisition (coût historique). Un immeuble parisien acheté il y a 40 ans sera donc très sous-évalué en comptabilité française, ce qui en général est corrigé par des mentions spécifiques dans les annexes aux comptes (sociaux ou consolidés).
Dans les normes européennes/ mondiales - les IFRS - tout actif doit être présenté à sa valeur de marché, sous l’inspiration de la doctrine libérale estimant que le marché a toujours raison et qu’il est toujours possible de trouver un juste prix pour un bien, c’est le concept de juste valeur ou Fair Value.
Ces normes ont fait couler beaucoup d’encre, ont fait hurler les européeens et les Français en particulier qui avaient une approche très prudente de la comptabilité, et elles ont été accusées d’être pro-cycliques (d’augmenter la crise en cas de crise) notamment dans le monde bancaire. Dans ce référentiel, sous réserve de nombreuses exceptions et complications, les actifs sont censés être évalués en permanence au prix du marché, ce qui ne veut pas dire que c’est le prix "à la casse" en raison de la distinction précédente.
Vous aurez compris que le concept de Fair Value a été présenté comme universel mais souffre de nombreuses imperfection, en cas de marché illiquide, de marché étroit, de marché en crise, de marché en forte expansion… et qu’il convient comme cela a été recommandé de nombreuses fois sur ce forum, de lire avec la plus grande attention les méthodes comptables retenues par les sociétés et les annexes, souvent plus intéressantes que les comptes eux-mêmes.
Espérant vous avoir aidé.