Bonjour à tous et à Stinky.
Pour mieux illustrer ce dont je parlais, je vais juste raconter au plus synthétique mon histoire.
J’avais récupéré l’héritage d’une tournée d’une IDE partant à la retraite. C’était cadeau rubis sur l’ongle. Une annonce dans le journal faisant de moi son successeur a été le meilleur passe-droit que j’aie eu. Mais j’habitais alors à 10 km, et les patients se demandaient tous pourquoi je n’habitais pas la même commune que ma prédecesseuse. Dans la psychologie des anciens, une commune c’est comme un pays étranger. Mais comme je me suis lié avec les IDE de la commune où j’étais, qui opéraient sur le canton, nos territoires étaient, dira-t-on liés.
Puis un an après, j’ai déménagé (achat de maison), à dix kilomètres. Par rapport à la zone que je couvrais, c’est comme si la zone où j’opérais était le centre d’un cercle, et que j’avais déménagé du midi du cercle à 9h du cercle. Pour moi ça ne changeais rien. Pour les patients, non plus, sauf dans leur perception. Ceux qui m’avaient investi sont restés avec moi. Par contre quand une infirmière s’est installée près de la zone où j’opérais, mais sur les 14h du cercle dont je parle, j’ai perdu peu à peu des gens. Mais peu à peu j’en gagnais plus vers chez moi.
Par contre, quand j’avais déménagé, je me retrouvais sur une zone que mes collègues (avec qui nous n’avions pas de local commun, c’était juste une association informelle pour se remplacer mutuellement) couvraient, donc ma présence les empèchait de facturer plein pots 16 kms AR à chaque déplacement. Après, j’ai laissé ce logement, pour me domicilier professionnellement chez ma nouvelle collègue. En fait je n’ai pas vraiment perdu de patients, j’en perdais certains et trouvait une visibilité chez d’autres. C’était juste une commune voisine.Je n’ai pas vécu de décalage comme Stinky, mais ça dépend vraiment des zones, chez moi c’est très très rural, en zone plus denses je pense que là ça peut devenir plus sensible, ça dépend de la concentration ou la dispersion d’habitat, être visible sur un bourg ou une zone d’habitations concentrées donne vite plus de patients, par effet de contamination de voisinage. C’est aussi plus rentable, plus ils sont proches, moins vous perdez de temps, moins vous perdez de temps, plus ils disent que vous êtes à l’heure. Plus ils disent que vous êtes à l’heure, plus ils vous appellent. La réputation se fait et se défait!
Peut-être que le truc est que votre IDE a ce local et une visibilité, et habite ailleurs et a aussi une visibilité chez elle de par sa présence, même si elle est à titre privé. Dans ce métier, la frontière entre le monde pro et privé est fort poreuse. En tous cas la patientèle s’en fout, elle regarde où vous êtes.
Ma dernière ex-collègue avait joué cette carte. Elle avait "oublié" sa plaque sur son domicile privé où elle étiat installée au départ, pour rester visible dessus. J’ai vu qu’elle avait disparu récemment, je pense qu’une IDE voisine a fini par se plaindre auprès de l’ARS, je savais que ça commençait à raler Et c’est normal, elle a un comportement un peu prédateur!
Après, la question des revenus: KPMG qui était mon cabinet comptable, indiquait une moyenne de brut de 80000 euros en 2016. En 2005 il était de 70000.
Mais moi je gagnais en moyenne 44000 brut, ce qui faisait un net de 24000 en moyenne. Cela me suffisait, le peu où j’ai gagné plus car on était moins nombreux, je l’ai payé en charges pendant 3 ans.
Tout ça pour dire que si elle gagne bien, je ne suis pas sûr que changer de lieu lui fera tant perdre de patientèle si ça fait longtemps qu’elle est implantée et si elle connaît ses patients depuis plusieurs années.
Je pense surtout que ça la fait suer de devoir prendre le temps de chercher car elle doit bouffer la route pour gagner sa croute, et que sa croute est grosse. Tout dépénd de l’ambition qu’on a, et la décroissance ne fait pas toujours partie de cette profession qui se plaint souvent, mais la bouche souvent bien pleine aussi (ok je règle des comptes, mais faut savoir reconnaître sa chance quand on l’a au lieu de se plaindre, et se tuer au boulot pour l’argent est avant tout un choix avant que d’être quelque chose qu’on subit).
Si en zone urbaine un local avec accès handicapé est plus difficile, je pense que dans votre secteur, les habitats sont de plain pied, j’ai une collègue qui a fait construire pour pas cher une rampe en bois, donc rien n’est impossible, surtout quand on gagne des sous, car tous ces frais (loyer, travaux) sont autant de sommes déduites des revenus imposables.
Donc après l’avis de Stinky, c’est vous qui tranchez. Perso le côté sans gène, j’en suis revenu, et surtout c’est toujours au nom du bien de l’humanité entière, sauf que derrière c’est toujours pour son intérêt propre. Vous avez été plus que réglo, vous continuez à être sympa, c’est tout à votre honneur, mais les IDE peuvent très bien surtout en zone rurale, demander à leur mairie pour un local, les mairies sont toujours prêtes à aider ces situations qui valorisent leur commune. Le dernier local où j’étais était une ancienne poste, et était loué par la mairie. Vous devez être en zone semi rurale plus ou moins proche d’une grande agglomération, je ne crois pas que ce soit si impossible que cela. Je pense juste qu’elle n’a pas voulu chercher. Et les ARS sont parfaitement capables de ne pas mettre la pression si il y a besoin local et si il faut que la machine sanitaire tourne. Chez moi, beaucoup de dérives infirmières existent, les instances locales ne se mouillent pas trop (personne ne les sollicite trop non plus, mais la régulation est "distante"!).
De mon point de vue je penche, vu de loin, à l’envie que rien ne change.
Comme je l’ai dit, les IDE ne sont pas au-dessus des lois.
Donc, après cette longue bafouille (excusez-moi, je suis un brin verbeux!), le plan d’action que je proposerais serait quasi le même que vous: -appel téléphonique plus courrier (en recommandé AR? Elle pourrait bien aller le chercher, car parfois la sécu en envoie)
-si pas de réponse, idem avec une petite phrase du genre "souhaitez-vous que j’avise l’ARS et la CPAM de votre situation?"(je mets de côté l’ordre national des infirmiers qui n’a pas de vrai pouvoir juridique, par contre si vous la balancez à l’ONI alors qu’elle n’est pas inscrite-ce qui peut être le cas si elle est installée depuis environ plus de dix ans, là ça peut la faire réagir!).
-entretemps en l’absence de réaction de sa part, prendre avis de l’ARS et CPAM (service professions de santé) directement plutôt par téléphone, sans forcément avoir à la nommer, mais ils vous diront si votre démarche a du sens…peut-être ne sauront-ils donner réponse sur le plan relation bailleur-locataire, mais au moins vous aurez leur version sur les recours possibles.
De mon point de vue, vous êtes dans les clous, vous avez prévenu en temps et heure, vous avez laissé six mois. Elle peut faire celle qui n’a pas reçu l’info, vous pouvez éventuellement lui laisser un délai, mais à mes yeux le droit est pour vous. Je ne cache pas que j’ai une dent contre l’aspect fort égocentrique des IDEL, mais vous êtes un propriétaire cool, vous avez aussi le droit à une réponse, et à la jouissance de votre bien!