Les bénéfices peuvent être mis en réserve sans être distribués.
D’après les recommandations de la FBE, on comprend entre les lignes que si l’orage passe sans faire de victimes bancaires, alors la distribution de dividende pourra quand même se faire.
Donc à mon avis on ne parle pas ici d’annulation, mais de simple décalage dans le temps.
Ce genre de communiqué ne vaut rien selon moi, c’est juste de la communication, du politique : ce serait en effet malvenu, en ce moment, de distribuer des dividendes alors que les banques vont bénéficier des plans de relance massifs et des politiques monétaires. Encore pire si la dite banque doit être sauvée à coups de milliards et/ou nationalisée…
Est-ce que les artisans, les PME du pays distribuent leurs réserves en ce moment ? Non, elles s’apprêtent à utiliser leur épargne pour faire face. C’est là un comportement plus responsable à court terme face à une situation de confinement et de fort ralentissement économique. Je n’irai pas jusqu’à dire plus rationnel, puisque dans le cas de banques too big to fail, et avec une réglementation prudentielle insuffisante (inconséquente même, 10 ans après une crise majeure venant du système financier), c’est la prise de risque qui est plus rationnelle en terme de gains que la responsabilité…
Bref, distribuer des dividendes dans ce contexte serait un mauvais signal, cela renforcerait la théorie de l’actionnaire-roi, voire même de l’actionnaire vautour, surtout que les détenteurs d’actions individuels viennent peu des catégories populaires, qui en ce moment participent à la guerre face à l’épidémie avec leur seul travail.
Le capital pourrait aider un peu, ou, du moins, faire semblant pendant quelques mois ?
Dans le cas contraire, l’asymétrie entre la pression mise sur le travail (cf les ordonnances récentes, donc une force réglementaire pour obliger les salariés à bosser plus) et de simples demandes pour le capital risque de se voir, et, si le système financier et économique se remet assez volontiers des crises, il a pour de difficultés, par définition, à se relever d’une révolution.
Là encore, la finance doit choisir entre le court et le moyen/long terme, mais pas pour les profits cette fois-ci, pour sa survie même.