Ma réflexion à ce sujet est simple : "tout travail mérite salaire".
Darwin fait 4 sortes d’apport à la SCI :
1) il amène sa connaissance de la recherche et de la sélection d’un bien à fort rendement locatif sans défaut majeur d’une part, et d’autre part de constitution d’une SCI. il y aura aussi, très probablement, du suivi des travaux, achat et pose d’accessoires (étagères…), etc. C’est très proche du travail d’un "chasseur" ou "société d’investissement locatif clé en mains". Classiquement, ça se rémunère de l’ordre de 7 à 10 % de la valeur du bien. Ça peut se rémunérer par des apports en industrie. Par exemple, sur la base d’une association 50/50, le fait qu’il y ait tous ces apports en industrie se rémunérerait par 7 à 10 % de parts supplémentaires.
2) sur chaque bien acheté, il y aura de la gestion locative. Classiquement, ça se rémunère 6 à 7 % des loyers.
3) il y a de plus la gestion de la SCI stricto sensu. Classiquement, le travail de gestion d’une petite SCI en famille ou entre amis est effectué bénévolement.
Sur les points 2) et 3) pris ensemble : faut-il rémunérer seulement la gestion locative ? Faut-il rémunérer seulement la gérance de la SCI sachant que le plus gros du boulot est en fait la gestion locative qui sera alors confondue volontairement avec la gestion de la SCI ?
4) enfin, ce n’est pas du travail : l’apport en CCA. On peut le rémunérer jusqu’au taux maximal fiscalement déductible. Problème : en quelques années, on est passé de 1 % à 6 %. S’il apport par exemple 25 % de la valeur du bien en CCA, il reçoit 1,5 % de la valeur du bien chaque année, soit le double de la rémunération de la gestion locative ; ça confisque le rendement au profit de celui qui fait l’apport en CA. Faut-il ne pas rémunérer du tout le CCA ? Faut-il le rémunérer, mais avec une formule du type MIN(taux maximal fiscalement déductible; 2%) c’est à dire qu’on dit que son CCA ne doit pas être rémunéré plus de 2 % ou bien MIN(taux maximal fiscalement déductible; taux de l’emprunt bancaire), c’est à dire qu’on dit qu’on dit qu’il ne doit pas être rémunéré plus que la banque.
Une fois qu’on a dit tout cela, il faut aussi regarder ce qui reste à l’associé passif, et s’assurer qu’il s’y retrouve. Il s’agit de trouver le bon équilibre.
En fait,il faut voir, sur les 10 % de rendement, où est-ce que ça part : quelle proportion rémunère la banque, quelle proportion rémunère le CCA, quelle proportion part en charges, et ce que touche chaque associée. C’est ce "ruissellement de la richesse" qui doit apparaître à chacun comme équitable.
Ce qu’il y a de sûr dans mon esprit :
- rémunérer le travail effectif
- faire des choses carrées, plutôt que des approximations. Rémunérer chaque élément des apports (chacun des 4 éléments énumérés ci-dessus), de façon claire et justifiée plutôt que de dire "tiens, y’a qu’à faire 60/40 dans les parts, ça rémunère globalement tout le travail que je vais me fader".
Pourquoi faut-il que ça soit carré, clair et compréhensible ? Parce que la compréhension est peut-être parfaite avec cet ami, mais peut-être pas aussi parfaite avec sa femme ; et si divorce et nouvelle conjointe, il ne faudrait sans doute pas longtemps pour qu’elle demande "pourquoi une répartition inégalitaire dans cette SCI, il se prétend ton ami mais il se sucre, ce n’est pas normal". Ou encore que vous gardiez tellement longtemps la SCI que l’un de vous devient gâteux ou décède et que ce sont les enfants, ou le juge des tutelles, ou le notaire, qui met son nez dans cette situation et la découvre uniquement sur la base des documents, n’ayant aucune connaissance du contexte, des accords oraux et des petits arrangements ? Ou encore, s’il y a conflit et que ça va devant le juge ? Il faut des choses précises, écrites, indubitables. Écrire une raison en face de chaque rémunération, dans les statuts ou dans un pacte d’associés, c’est la façon résiliente de faire cela, AMHA.
A noter aussi : un apport en industrie, qui est écrit dans les statuts et donne droit à des parts supplémentaires, ne peut pas être rémunéré une deuxième fois. C’est pour ça que si on écrit dans les apports en industrie "et la gestion locative", on ne peut plus rémunérer la gestion locative. C’est pourquoi il me semblait préférable de mettre dans les apports en industrie seulement les apports de compétence et de travail liés à la mise en place du bien, et non pas le travail récurrent de gestion.
A part ça, je plussoie les remarques déjà faites par d’autres intervenants :
- 100 lots, ça n’a aucun sens. Déjà ça dépend de la taille des lots : 100 studios ou 100 villas ou 100 hypermarchés, ça n’a pas la même surface financière… Et puis, il faut faire ce qui correspond à nos besoins réels, ce qui nous va bien, et non pas poursuivre des chiffres arbitraires. 100 lots, c’est beaucoup de gestion. C’est pourquoi, il serait pertinent, à un certain point, de revendre les petits lots pour racheter des gros lots, qui rapportent plus de revenu unitaire et sont plus faciles à gérer. On objectif du type "30 ou 40 lots, et quand j’ai atteint ce chiffre je commence à revendre les petits lots pour racheter des trucs plus gros et plus tranquilles à gérer quitte à baisser le nombre global de lots", serait sans doute plus pertinent.
- ce projet semble un très bon moyen de se fâcher avec ces amis.
J’ajoute : vu les taux bancaires actuels, il faut prendre conscience que, quand on a déjà un parc immobilier très conséquent comme vous, ne plus acheter d’immobilier, ou en tout cas ne plus acheter à crédit, peut aussi être une bonne stratégie. Vouloir trouver le moyen de continuer à acheter à crédit, quand on est à des taux de 4%, ce n’est pas forcément la bonne idée. C’est peut-être le moment d’acheter comptant, ou bien d’investir dans d’autres domaines. Comme je l’écrivais dans ma critique du livre de Kiyosaki, "l’action est toujours supérieure à l’inaction", c’est juste faux. Quand on est face à un feu rouge, l’inaction est conseillée.
Et j’ajoute que la façon de Darwin de ne pas tenir compte des remarques qui lui sont faites viennent probablement de deux phénomènes :
- une "passion" pour l’immobilier qui confine à l’obsession et est donc bien peu perméable à la raison.
- une habitude d’être confronté à des gens incompétents, donc de devoir négliger leurs mises en garde. Sauf que, sur le forum, vous avez des gens compétents. En négligeant leurs mises en garde, vous vous coupez de leurs compétences, de leur sagesse et de leur expérience.
Dernière modification par Bernard2K (16/03/2024 08h57)