sergio8000 a écrit :
J’ai une question bête sur cet investissement à tous ceux qui veulent souscrire, malgré les remarques de SuperPognon : comment faîtes-vous pour affirmer que la santé financière du groupe est bonne en vous basant sur 3 années de bilan consolidé et de compte de résultat (de plus, la qualité de cette information est plus que douteuse, car on n’a aucune transparence au niveau des chiffres et des méthodes de calcul retenues) ?
Ma vision lorsque je lis le prospectus en prenant bêtement les chiffres : Sur 3 ans, les intérêts à venir sur l’emprunt obligataire ne sont pas couverts chaque année ne serait-ce que 2,5 fois par les résultats opérationnels du groupe, ce qui semble peu safe d’après les standards de sécurité d’un investissement obligataire classique (je ne parle pas d’une prise de position junk bonds au moment d’une liquidation, ce qui n’a rien à voir). Le résultat opérationnel le plus bas de la période (2010) ne couvre même pas le coût d’un seul paiement d’intérêt ! En clair, c’est du junk bond avec un coupon digne d’une obligation investment grade.
De plus, 3 ans est une période bien trop courte pour affirmer quoi que ce soit dans une étude obligataire sérieuse. Par ailleurs, nous n’avons aucune vision des obligations hors bilan de la société (qui existent nécessairement dans une activité qui doit continuer) et les motivations d’utilisation du cash sont peu claires dans cette société.
Pourquoi ne pas prendre n’importe quelle oblig investment grade aux US avec un rendement similaire et dont les intérêts sont couverts 5-6 fois par l’EBIT même pendant les plus mauvaises années ? Vraiment, je ne comprends pas !
Je me permets aussi de paraphraser Ben Graham dans l’Investisseur Intelligent ci-dessous. Ces paroles ont fait leurs preuves et son d’une sagesse intemporelle !
Tous les investisseurs obligataires expérimentés connaissent l’importance du concept de marge de sécurité : la capacité passée des entreprises à générer un bénéfice suffisamment grand pour couvrir plusieurs fois le paiement des intérêts permet de se prémunir contre une déconvenue en cas de baisse du bénéfice à l’avenir. En bons pessimistes, ces investisseurs ne s’attendent pas à ce que l’entreprise génère des profits comme dans le passé, ou supérieurs : s’ils étaient certains de cela, il ne demanderait qu’une très petite marge de sécurité.
Les pertes principales pour un investisseur proviennent principalement de l’achat d’obligations de faible qualité dans des conditions d’activité favorables. Les acheteurs voient les bénéfices actuels comme la capacité bénéficiaire réelle de l’entreprise : or ce n’est absolument pas le cas, ces bénéfices sont simplement exceptionnellement hauts à ce moment-là. C’est pourquoi il est particulièrement important que la couverture des intérêts à payer et des dividendes soit testée sur un grand nombre d’années.
De par ces contraintes, un investisseur intelligent n’investira jamais dans une nouvelle émission quelle qu’elle soit (aussi bien obligataire que dans une IPO).
Cher Sergio, vous raisonnez un peu comme sur les actions.
Vous êtes sur un nouvel actif. Qui dit nouvelle actif, dit nouveau référentiel, nouvelles règles…
Le bilan et le compte de résultat sont toujours la, mais je vous propose de les manipuler d’une autre façon.
Une obligation, c’est des petites sorties de cash puis une très grosse sortie de cash du point de vue de l’entreprise.
La principale question est de savoir si l’entreprise aura ce cash aux dates voulues. La pondération de l’évaluation va avec les montants de cash.
ex : 4% sur 5 ans => 4% X 5 + 100% = 20% + 100%
=> le principal représente 80% du cash à donner aux obligataires (cash non actualisé ou inflaté).
=> les intérêts ne représentent que 20% du cash à sortir
Il faut donc voir à l’échéance si l’entreprise pourra sortir le cash (80%), plutôt que de se concentrer les intérêts (20%).
On raisonne sur la durée de l’emprunt (avec un delta en plus pour affiner).
Situation 0 = cash dans les comptes
situation n = situation 0 +/- cash reçu ou déboursé
etc
situation finale = situation 0 +/- cash reçu ou déboursé de 0 à f
Il ne faut pas uniquement raisonner sur les cash flow annuel, mais sur le bilan à la situation 0.
Regarder le bilan à la situation 0, ce n’est pas uniquement voir le cash, mais aussi les dettes qui vont arriver à l’échéance pendant la durée de l’obligation (=> futur sorties de cash en plus de celui qui vient de l’opérationnel) et également sur la partie courante est saine (en gros que le cash n’a pas été constitué en ne payant pas les fournisseurs !).
Ici, situation 0 / cash = 20M+15M=35M€ => OK
Le poste fournisseur me semble élevé par contre, est-ce une façon de gonfler le cash ? 5-10M
=> montrer que le cash est positif chaque année ?
Le poste dettes diminue, je suppose que les banques ne veulent plus prêter (IMPORTANT, POURQUOI et pas une raison à la con, les banques c’est les méchants, vous vous êtes gentils vous allez aidez notre PME).
Ensuite, Sergio est excellent sur notre affaire de résultat net. Il ne couvre que grosso modo la moitié des intérêts dans une période normale.
Si on regarde le cash dégagé chaque année, quand c’est normal ou bon, on a dans les comptes 3-4M et quand ça ne va pas -4M. Je ne suis pas très convaincu par les derniers chiffres, donc retient 2-3M par année (on oublie la création de valeur avec l’emprunt…juste pour la trésorerie). Une émission de 15M coutera en intérêt 1M.
On revient sur la situation 0 (=2012) => 25M en étant conservateur avec l’emprunt souscris.
variation n à n+1 => 2M - 1 M d’intérêts => 1M
On suppose que tout va bien jusqu’à la fin.=> 5 ans
situation finale => 25 + 1 X 5 = 30 => 15 à rembourser, il reste 15 en caisse.
ça passe, mais ce n’est pas la joie quand même !
Dans l’évaluation, il faut toujours se faire plusieurs scénarios : ça va pas super, normal, YEAH
On a fait le normal, faisons le ça va pas.
Même hypothèses, mais avec deux années de crises à - 5M€ de résultat (ou plutôt de sortie de cash) chacune (Le CA n’est pas revenu aux niveaux de 2008 et les frais fixes sont la !).
variation de n à n+1 => 2 - 1 => 1 pour 3 années et -5-1= - 6 pour deux années (un tiers des créances clients dépréciées !)
situation f => 25 + 1 x 3 - 6 x 2 = 25 + 3 -12 = 16 => 15 à rembourser, le PDG part avec la caisse (1M) et la boite ferme !
=> très très chaud, car on va sauver probablement les emplois avec les obligataires ?
Situation sympa : n’existe pas avec la clause de rachat ! AHAH
Regardons la situation "globale"
scénario standard 50%
mauvais 25%
bon 25% => à réintégrer dans standard
75% standard => pas de pertes, pas de gain supplémentaire
25% mauvais => perte de 80% de l’investissement (paiement intérêt, pas principal)
raisonnement "grossier’ (pas de tripaiements)
100 => 100 + 7 X 5 = 135 (135/100 => tri de 6%, mais faux car devrait tendre vers 7%, mais approximation pour calcul rapide)
100 => 7 X5 = 35
100 => 135 X 75% + 35 X 25% = 101,25 + 8,75 = 110 => TRI de 2% !
Taux trop bas et clause de remboursement pénalisante !
Dernière modification par Super_Pognon (05/12/2012 00h21)