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Uranium : attention à ne pas vous faire miner les poches !

Investissement dans l'uranium : analyse d'une opportunité risquée

Cette discussion analyse l'investissement dans le secteur de l'uranium, soulignant à la fois son potentiel de croissance et les risques inhérents. Un membre met en garde contre une possible bulle spéculative, malgré la hausse récente du prix spot de l'uranium, dépassant les 100 $ par livre. Il attribue cette hausse à des facteurs conjoncturels tels que la guerre en Ukraine affectant l'offre russe et des difficultés d'approvisionnement chez des producteurs majeurs. Cependant, il tempère l'enthousiasme en pointant la petite taille du marché et la faible capitalisation des acteurs principaux, comme Cameco.

Un autre argument important concerne la gestion du risque. Le membre souligne que même avec un prix de l'uranium durablement élevé, la rentabilité de certains acteurs, notamment Cameco, reste discutable à court terme en raison des contrats à long terme qui limitent leurs gains sur le marché spot. L'attention est attirée sur l'existence de nombreuses petites sociétés d'exploration ("shitcos"), dont la valeur semble disproportionnée par rapport à leurs activités réelles, poussant à une analyse approfondie avant tout investissement.

La discussion suit l'évolution du prix de l'uranium. Une baisse significative est observée après un pic, avec une perte de 20% pour plusieurs mineurs. Ceci est interprété comme une correction du marché, après une période de forte spéculation. Le rendement initialement espéré semble remis en question, laissant place à un certain scepticisme quant aux perspectives à court terme.

Finalement, la discussion met en lumière un déplacement de l'intérêt des investisseurs vers les sociétés d'enrichissement, considérées comme plus risquées, mais potentiellement plus rentables. Cette tendance reflète une évolution de la perception du risque et de l'opportunité dans la chaîne de valeur du nucléaire.

La discussion met en avant l'importance de la diligence raisonnable et de la compréhension des fondamentaux avant tout investissement dans le secteur de l'uranium, soulignant la volatilité du marché et les risques de spéculation.


4    #1 14/01/2024 19h24

Membre (2011)
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Vous avez pu entendre que le prix spot de l’uranium a de nouveau dépassé 100 $ par livres (lb), suite à une série de bonnes raisons affectant l’offre à court terme :
- guerre en Ukraine rendant incertain l’accès aux immenses capacités d’enrichissement russes,
- difficultés d’approvisionnement en acide sulphurique pour Kazatomprom, premier producteur mondial, annoncées il y a quelques jours
- fermetures temporaires de mines par Cameco et réductions des programmes de production de Kazatomprom,
- achats importants en direct d’uranium par des fonds d’investissements et trusts.


Source Numerco

Pour le plus long terme il faut compter sur les nouveaux objectifs de triplement des capacités nucléaires mondiales, ce qui est plus aléatoire. Il existe une communauté d’investisseurs très "bullish" sur Twitter, et des articles dans la presse financière généraliste commencent à vendre l’idée aux investisseurs privés - par exemple ici il y a 10 jours dans le Financial Times.

L’objet de ce message : attention ! En pratique l’univers d’investissement dans l’uranium est tout petit, le plus gros des mineurs d’uranium côté, Cameco, n’a une capitalisation que de l’ordre de 22 milliards de dollars, et les gérants n’ont pas d’autre option pour s’exposer au secteur à part les trusts détenant directement le métal. Je détenais depuis des années ce mineur et en suis sorti récemment, un calcul de coin de table me montrant que même avec un prix de l’uranium à 100 $ pendant des décennies, auquel je ne crois pas, les cash-flows de ses mines ne justifiaient pas son prix (si vous croyez que l’uranium peut aller durablement à 200 USD vous pouvez avoir un avis différent ; mais n’oubliez pas que les contrats de vente à long terme de ce gros producteur, dont les volumes dépassent la production, ne lui permettent pas de gagner de l’argent sur le spot pendant les 5 prochaines années).

La hausse du prix du métal a bien sûr également entraîné celle de tout un tas d’explorateurs, dont certains semblent dépenser plus en marketing qu’en exploration. Je ne vais pas les détailler ici mais pour les anglophones recommande vivement cette analyse d’un fond passé short trop tôt sur une de ces "shitcos", UEC - le timing était mauvais mais la thèse tout à fait intéressante.

Bref il reste certainement un momentum haussier sur le secteur, mais surtout faites vos devoirs, je suis convaincu qu’il y a bulle sur beaucoup de ces actifs. Ce n’est certainement pas non plus des actions à vendre à découvert pour l’instant.

Mots-clés : cameco, mines, sprott, uec, uranium

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#2 14/01/2024 19h34

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Votre message est d’un timing incroyable par rapport à ma lecture du dimanche après sur le sub reddit DeepFuckingValue où un internaute était FOMO sur l’uranium pour 2024.

Il est très censé d’inviter tout le monde à bien faire ses devoirs et à être vigilant sur ce sujet.


Apprendre, toujours.

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#3 13/03/2024 11h06

Membre (2011)
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C’était pratiquement le plus haut. Le graphe de prix d’IH en tête de discussion n’a pas l’air de vouloir se charger donc voici où on est, pour le suivi (source Numerco). Pas mal de mineurs ont perdu 20% depuis les récents plus hauts, je m’attendais à plus en fait.

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1    #4 29/01/2025 18h19

Membre (2011)
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Pour le suivi : l’uranium spot est à 70 $/lb et les actions des mineurs ont plongé avec l’arrivée de DeepSeek. A ce niveau, après 100 $ l’an dernier, on est passé d’un extrême à l’autre. Au moins un développeur junior de nouvelles mines a mis en pause son projet, et Cameco laisse toujours sous cocon ses installations américaines, alors que la couverture des besoins de l’Ouest est tout sauf garantie d’ici quelques années (Orano a perdu ses actifs au Niger, les Chinois prennent une part croissante de la production du Kazakhstan, presque plus d’uranium enrichi russe vers les USA etc…).

Il est possible qu’un goulot d’étranglement à l’étape suivante dans le cycle nucléaire amont, la conversion du "yellow cake" U3O8 en fluorure d’uranium, explique ce désintérêt apparent pour le minerai. Cette conversion est indispensable pour l’enrichissement, tant que les techniques à base de laser restent expérimentales, et elle est réalisée par un oligopole de sociétés qui n’ont sûrement pas envie d’ajouter des capacités au risque de détruire une rente inespérée : on est à 97 $/kgU spot pour la conversion aujourd’hui contre 5.5 $/kg spot en 2017…

Fair warning l’enthousiasme des amateurs d’uranium s’est déplacé vers des enrichisseurs (Centrus, ASPI) que seuls les plus téméraires devraient considérer pour leur portefeuille.

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