#1 22/08/2012 17h59
- sergio8000
- Invité
Une compagnie avec de bons actifs, un bon management, une bonne prévisibilité des futurs cash-flows et qui paie un dividende supérieur à 10% par an, ça vous paraît intéressant ?
Si oui, lisez-donc ce qui suit.
Généralités :
North Atlantic Drilling (NADL) est un spin-off partiel qui a été réalisé par Seadrill en Février 2011, qui possède toujours 74% des actions de la société. Le but avoué est de montrer à la fois la valeur des actifs de Seadrill et de sa flotte de forage en conditions extrêmes. NADL bénéficie de l’organisation de Seadrill, qui est reconnue pour négocier profitablement ses contrats (numéro un mondial en termes de profitabilité, et numéro deux mondial en termes de flotte, derrière Transocean, mais avec un flotte plus moderne) et optimiser ses achats grâce à ses économies d’échelle.
L’actionnaire majoritaire, le célèbre milliardaire norvégien John Fredriksen, s’est toujours montré juste et généreux avec les actionnaires minoritaires : Seadrill a fait croître ses dividendes au cours du temps, n’a jamais hésité à distribuer son cash en excès à coup de dividendes exceptionnels, et a bien conduit ses opérations de croissance (i.e. de manière rentable à long terme).
La flotte de NADL et son industrie :
Drilling Units - North Atlantic Drillling
On parle de cinq plateformes semi-submersibles capables de travailler en conditions extremes. Une plateforme est prévue pour être délivrée au premier trimestre 2015, et une des plateformes appartient à Seadrill mais est gérée par NADL.
On ne considère pas ici 3 options, qui consisteraient, en cas d’exercice, à acquérir une deuxième plateforme de forage autoélévatrice Seadrill par le biais de paiement d’intérêts cumulés, et/ou à acquérir un navire de forage capable de travailler en conditions hostiles, et/ou 3 plateformes de forage autoélévatrices en milieu hostile.
Parmi les plateformes opérationnelles, l’une date de 1986, une de 1993, et le reste de la flotte date de post 2000. D’après les spécialistes du milieu que j’ai pu interroger, cette flotte est moderne et les anciennes plateformes ne sont pas considérées comme obsolètes (ce sont de bonnes technos : d’ailleurs des modèles de plateformes autoélévatrices de ce type datant de fin 1970 à début 1980 sont toujours utilisées dans la mer Caspienne en Russie sans aucun problème. En plus, ce ne sont que de pâles copies des plateformes norvégiennes dont on parle ici).
Je pense que le fait que le contrat de la plateforme datant de 1986 a été étendu par Exxon Mobil jusqu’au 1er trimestre 2014 démontre le caractère très satisfaisant de cette vieille plateforme au prix de (tenez-vous bien) 561 000 $ par jour (à comparer avec des contrats inférieurs à 400 000 $ par jour pour les plateformes caspiennes russes). Moralité : ce sont des plateformes visiblement haut de gamme.
Notez bien que, même si cette industrie a été fortement sinistrée (cf. résultats de Transocean si vous en voulez une preuve), le positionnement forage en milieu hostile et l’expertise norvégienne (qui a toujours fait l’unanimité en URSS/Russie, et dont mon grand-père, pionnier du secteur en URSS a toujours parlé avec le plus grand éloge) est un vrai facteur de différenciation dans l’industrie (cf. résultats de Seadrill et NADL comparés à ceux de Transocean).
En forage en milieu hostile, vous avez aussi affaire à des standards de sécurité et une régulation extrêmement exigeants. La conséquence directe de cela est que vous pouvez, dans tous les autres secteurs de ce métier, travailler un coup en Afrique, et, une fois que vous avez terminé la mission, vous bougez votre plateforme en Amérique du Sud, et vous retravaillez, et ainsi de suite. Mais si vous voulez faire du forage dans les régions du Nord en conditions hostiles, eh bien vous ne pouvez pas arriver "comme ça" depuis l’Afrique ! C’est tout simplement interdit. Ainsi, comme tout le monde ne peut pas y travailler, vous avez une niche.
Par contre, ce qui est bien, c’est que vous pouvez, lorsque vous avez travaillé dans les régions du Nord, bouger en Afrique et revenir. NADL travaille donc dans un marché protégé et favorisé par les régulations internationales, avec des tarifs journaliers plus élevés que la moyenne (cf. ci-dessus).
Cash-flows et prévisibilité :
Avec un carnet de commandes à 3,2 milliards, le business semble aller bien. La majorité des plateformes ont des contrats jusqu’en 2015 et au-delà. Par ailleurs, les options dont on a parlé au sujet de la flotte sont des call-options gratuites de croissance dans le futur aussi bien en termes de profits que de dividendes.
En plus de cela, il y a régulièrement des découvertes de sources pétrolifères en Mer du Nord, en Norvège, dans la mer de Barens, dans les eaux Arctiques, au Groenland et au Canada. Or ce sont précisément les régions où travaille NADL dans un marché, je rappelle, protégé.
Valorisation :
Tout dépend à combien vous valorisez un dividende de plus de 10% qui semble réalistiquement maintenable et peut augmenter dans le temps. je vous laisse voir cela par vous-même.
Risques principaux d’un tel investissement :
- La demande de l’activité est soumise aux prix du pétrole, qui indexe les tarifs journaliers. Aux cours actuel du Brent, tout va bien, mais qu’en sera-t-il après 2015 ?
- Une remontée forte des taux d’intérêts post 2015 rendrait ce dividende moins attractif (mais pas mal quand même !)
- J’ai mal fait mon travail : mais vous savez déjà que vous deviez le vérifier non ? :-)
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Transparence : Je n’ai pas d’actions NADL, dans aucun de mes portefeuilles, mais j’ai aimé faire cette analyse. Le cash n’est malheureusement pas illimité, il faut bien faire des choix…
Dernière modification par sergio8000 (22/08/2012 21h22)
Mots-clés : actions, north atlantic, rendement