Bonjour.
Voici mon témoignage.
1 - Présentation rapide et combien d’années d’investissement boursier avez-vous ?
J’ai commencé mes investissements boursiers … hmm, cela ne me rajeunit pas … cela doit faire environ 28 ans.
J’ai commencé grâce à mon père qui m’a incité à ouvrir un PEA et à investir lors des privatisations alors que je touchais mes premiers salaires.
J’ai une formation d’ingénieur, j’aime les chiffres, mais en France on n’apprend strictement rien en terme d’Education Financière par le biais de notre respectée Education Nationale - ne parlons même pas de gestion patrimoniale ou - oh gros mot - du processus de création de richesse par l’entreprise. J’ai donc commencé à me former (si on eut dire cela) en lisant les hebdomadaires ou mensuels financiers ; puis depuis à peu près 7-8 ans grâce à Internet (p.ex. le livre de notre hôte, « S’enrichir en bourse avec les entreprises extraordinaires ») et aux livres classiques (Lynch et Graham).
De ce fait, j’ai au début eu en portefeuille beaucoup de privatisations, de SICAV de ma banque et d’actions recommandées par les hebdomadaires boursiers.
Jusqu’à ce que je reprenne en main les choses en 2013… A ce moment j’avais remboursé le crédit de la maison, nos salaires déjà confortables l’étaient encore plus, j’avais pas mal d’argent à placer chaque mois, j’ai commencé à compléter nos PEA puis PEA-PME (choses faites), maintenant j’investis sur CTO.
La bourse constitue maintenant une très grosse partie de mon patrimoine financier (le reste sur livrets A ou LDD, PEL, assurance vie essentiellement en fonds euros => cela permettrait de couvrir 3 années de nos dépenses sans toucher aux investissements boursiers). Depuis quelques années, la variation annuelle de valorisation de mon portefeuille boursier est supérieure à nos salaires. Et d’ici 3 à 5 ans nous atteindrons l’indépendance financière (montant du portefeuille x taux de retrait de 4% - taxation entre 17,2 et 30% suivant l’enveloppe disons 25% = dépenses annuelles, à soutenir pendant 10 à 15 avant de demander la liquidation de nos retraites).
2 - Qu’est-ce que l’investissement en actions vous a rapporté en base 100 au total, ou en chiffres précis si vous êtes disposé à les partager ?
Je n’ai commencé à me prendre en main qu’en 2013. Je n’ai pu retracer mes performances que depuis 2011. A partir de 2015, j’ai découvert l’intérêt d’investir dans les Mid & Smalls.
Je suis actuellement investi 100% en sociétés françaises (en direct, pas de SICAV ou d’ETF), c’est plus facile à suivre pour moi. Cela ne veut pas dire que je n’irai jamais sur des actions étrangères. En même temps, quand on achète du LVMH, ce n’est pas vraiment le reflet de la seule économie française. Je compare donc mes perfs aux indices français.
En 2011 et 2012 j’étais légèrement en dessous du CAC 40 GR : à cause des frais des SICAV !
De 2013 à 2017 j’ai surperformé le CAC 40 GR. Ce n’est plus le cas en 2018 et 2019, le poids atteint par les Mid & Small dans mon portefeuille se fait cruellement ressentir, mais maintenant que 2 mauvaises années sont passées on peut statistiquement espérer une belle surperformance dans les années à venir.
En cumulé sur 2013-2019 je suis en TRI à +99% (+10,3% / an) vs +107% au CAC 40 GR (+10,9% / an). En tenant compte des dividendes sur CTO qui sont imposés (vs non imposés sur un indice GR et en PEA), on est au final assez proche en terme de perf.
On ne peut pas dire que cela soit extraordinaire, mais je pense que cela s’explique :
- Par mon entrée récente sur les Mid & Small, qui ont sous-performé ces 2 dernières années.
- Par mon style qui était très orienté Value pure dans mes premières années (voir partie 4), or depuis 10 ans la Value sous-performe largement le style Croissance ; de plus la Value pure n’était pas une bonne idée.
Je suis assez confiant pour l’avenir (sinon je serais déjà repassé en gestion pure ETFs).
3 - Que vous a apporté l’investissement boursier en dehors de l’argent ?
Je prends plaisir à comprendre les cycles économiques, la politique dans banques centrales, le financement des entreprises, les méthodes de valorisation des entreprises, la gestion patrimoniale, les méthodes de consommation du capital, l’histoire des grands investisseurs, les stratégies boursières, la psychologie des investisseurs, les facteurs de surperformance, etc. C’est un vrai plaisir intellectuel d’avoir acquis des connaissances dans tous ces domaines.
Il y a la théorie d’un côté … qui n’est rien sans la pratique de l’autre ! J’essaie de mettre en oeuvre ce que j’ai appris dans la gestion de mon portefeuille boursier. Là aussi j’y trouve pour l’instant un certain plaisir, je ne trouve pas cela pesant de suivre l’actualité économique et celles des sociétés, cela m’occupe une bonne heure quotidiennement (dont ce superbe forum), mais je pense que c’est lié à la phase de construction patrimoniale. En cas d’indépendance financière et de passage en mode rentier précoce 10-15 ans avant la retraite, je pense que je passerai à une pratique différente, nettement plus passive.
En résumé, on pourrait dire c’est un hobby qui s’est rajouté à mes autres.
4-Comment a évolué votre méthode et votre stratégie dans le temps ? (Erreurs, Succès qui ont influencé votre stratégie).
Comme indiqué, à mes débuts j’ai investi dans des privatisations et des SICAV de ma banque.
Quand je me suis pris en main en 2013, j’ai passé mes comptes sur un courtier en ligne et j’ai vendu les SICAV de ma banque. Pour les sociétés dans lesquelles investir, j’ai surtout cherché de la Value pure (p.ex. PER faible). Mais la Value pure c’est potentiellement le royaume des Value Traps, ces actions qui ne remonteront jamais. C’est hélas à ce moment que j’ai vendu quelques belles mais chères pépites, p.ex. L’Oréal ou Airbus, quel idiot ; heureusement le génie de la Bourse m’a empêché de vendre mes LVMH, oh merci à lui !
Puis j’ai appris que les Mid & Small surperformaient les Big. J’ai élargi donc mon univers d’investissement à des sociétés dont je n’avais jamais entendu parlé.
J’ai ensuite appris qu’il n’y a pas que le PER dans la vie. Bienvenue ROE, ROIC, EV/EBIT, P/B, FCF, Momentum, marges, Moat, etc.
C’est tombé à un moment où je pensais mettre en place une stratégie type dividende (si possible aristocrates) avec objectif d’un rendement du portefeuille à 4% (on pourrait appeler cela une évolution de ma stratégie Value pure).
Mais au final, je m’oriente de plus en plus vers la qualité (j’ai p.ex. acheté du Kering, Teleperformance, Worldline ou du Dassault Systèmes) soit à bon prix (dur dur dans cette catégorie) soit avec bon Momentum.
Au rayon des belles erreurs, ces entreprises qui commencent à aller mal et font des augmentations de capital (AK) !
- Technicolor (privatisation) : j’ai tout gardé, j’ai participé aux 2 AK successives ; après des années, le cours avait fini par remonter, j’ai gardé plein d’espoir (rachat d’une activité de Cisco), le cours a chuté, j’ai fini par comprendre que cette boîte était pourrie et j’ai vendu.
- CGG : j’ai vendu 50% quand cela a commencé à aller mal. Mais pourquoi je n’ai pas vendu 100%, eh, où était passé mon bon génie à ce moment ? Moralité, j’ai participé aux 2 AK successives, le cours a bien remonté, mais cette fois-ci je suis aux aguets, je la suis de près, le business reste difficile, il faudra vendre et ne pas retomber dans le travers Technicolor.
5 – Avez-vous des conseils pour les investisseurs débutants ou qui n’ont pas encore trouvé leur stratégie propre ?
Vu mon profil, je ne parle pas des ETFs.
Pour commencer, lire le livre de notre hôte « S’enrichir en bourse avec les entreprises extraordinaires »
Pour ses premiers achats, regarder les sélections de titres de l’hebdomadaire Investir.
Par la suite, quand vous voudrez prendre de l’autonomie, pour acheter/conserver un titre, vérifier qu’il combine au moins 2 critères parmi Value, Quality et Momentum.
S’intéresser aux Mid & Smalls.
Suivre la répartition de son portefeuille en secteurs d’activité et sensibilité au cycle économique, se fixer une règle du type pas plus de 25 à 45% d’actions cycliques, défensives ou neutres.
Investir en bourse ce dont on n’a pas besoin dans les 5 ans à venir.
Etre toujours investi à 100%. Le market timing est impossible et source de sous-perfromance.
Essayer d’équilibrer ses lignes et les repondérer chaque année.
Préférer le buy & hold au trading (acheter avec comme horizon de détention au moins 1 année).
On n’est pas obligé d’avoir une stratégie unique, on peut avoir différentes poches :
- Actions de type dividendes aristocrates, qualité à bon prix, qualité à bon momentum, value à bon momentum
- Une action peut changer de catégorie en cours de route : une qualité à bon momentum qui perd son momentum peut devenir une qualité à bon prix (si elle n’a pas perdu sa qualité en cours de route)