Yumeria a écrit :
Bernard2K,
juste pour comprendre, quand vous dîtes politique de centre gauche, vous parlez bien de la politique financière déployée par le PS entre 1981 et 2012 ? (par période bien sur, il y a eu aussi la droite au pouvoir).
Quand j’écris centre gauche, je veux dire centre gauche. Et je parlais de la politique économique, pas de "politique financière" (je ne vois d’ailleurs pas ce que c’est ; politique monétaire ça existe, politique financière je ne vois pas).
Vous ne pouvez évidemment pas faire un seul paquet de la période "1981 et 2012".
Vous ne pouvez pas comparer 1981-1983, où il y avait des ministres communistes au pouvoir, avec les périodes ultérieures. Il y a effectivement eu 2 ans où une politique de gauche a été mise en œuvre. Avec comme résultats poursuite de l’inflation et perte de compétitivité, cela a vite motivé Mitterrand à faire une politique économique de centre gauche.
- il y a eu des périodes où la droite était au pouvoir, et ça causait quand même quelques différences, donc ça n’a pas de sens de toute mettre dans le même panier ; c’est assez trollesque d’ailleurs.
j’ai réellement peine à voir comment on pourrait qualifier des mesures économiques tels que la nouvelle loi de protection des locataires, la hausse du SMIC à 1600€ ou l’abrogation de la réforme des retraites de centre gauche.
Vous faites exprès de confondre le programme et ce qui sera réellement appliqué. Là aussi c’est trollesque. Je redis une dernière fois : les programmes ne sont pas faits pour être appliqués.
Je ne vois pas ce qui, en l’état des forces en présence, permet d’imaginer que les socialistes domineraient qui plus est avec une politique de centre gauche qui n’est plus vraiment leur projet.
Voilà ce qui permet de l’imaginer :
- sanction du marché (c’est à très court terme !)
- dégradation de la note de la dette de la France (à court terme)
- pression de l’Union Européenne. Les gens qui croient que la France peut influer sur l’Union Européenne font le présupposé que ce sont les politiques qui font l’Europe ; ils croient que, comme la France un fort poids politique et économique dans l’Europe, elle a une forte influence. Mais l’erreur initiale est de croire que ce sont les politiques qui font l’Europe ; en fait ce sont les hauts fonctionnaires (technocrates), eux-mêmes influencés par des lobbies économiques considérables. Certes les politiques peuvent décider, parfois (le Brexit est une décision politique, par exemple, contre lequel les fonctionnaires ont lutté mais sans réussir à l’empêcher) ; mais ils ne peuvent décider qu’à condition d’exercer un effort énorme à l’encontre de l’inertie et du pouvoir des fonctionnaires. Or, l’Europe est fondamentalement libérale (au sens de : en faveur du libre échange). Donc, non, la France ne va rien dicter à l’Union Européenne, par contre l’Union européenne va continuer à dicter à la France une politique économique relativement libérale.
- si le gouvernement n’a toujours pas compris malgré les avertissements des marchés, des agences de notation et de l’Union Européenne, alors il y aura croissance en baisse, hausse du chômage, etc. Aucun gouvernement ne peut supporter longtemps des mauvais chiffres économiques.
Pour ces raisons, c’est la réalité économique qui va dicter la politique économique du gouvernement, et c’est pour cela que les mesures politiques emblématiques annoncées n’auront que peu d’effet : soit elles ne seront pas appliquées, soit à moitié seulement, soit avec beaucoup de retard.
Et enfin, si vraiment, par extraordinaire, le gouvernement arrivait à faire des mesures économiques fortes dans une direction très marquée, il est alors très probable qu’il y ait alternance politique aux prochaines élections, et que ce futur gouvernement d’alternance défasse la moitié ou les trois quarts de ce qui aura été fait par le précédent. C’est cela aussi qui nous ramène toujours au centre : un coup de barre à droite, un coup de barre à gauche. On va tout droit, mais en louvoyant.
Quand on ne peut pas faire grand chose au niveau économique, on applique son programme sur d’autres domaines, notamment le sociétal, pour donner le change.
- Si RN, il y aura donc des mesures contre les étrangers, contre les parents qui ne mènent pas leurs enfants à la baguette, etc. Ca ne coûte pas cher et ça plaît à l’électorat.
- Si Nouveau front populaire, il y aura quelques mesures sociétales de gauche, par contre ils devront trouver des mesures qui ne coûtent pas cher car avec déjà 5 % de déficit, il ne reste plus de marge de manœuvre. Sur le logement, ça risque de pondre quelques usines à gaz, encore plus d’encadrement des loyers, encore plus de permis de louer. Parmi les différents type de placements, il est vrai c’est sans doute l’immobilier physique qui a le plus à perdre d’un tel changement politique. La flattax pourrait aussi être remise en cause. Je n’ai pas dit qu’un nouveau gouvernement ne va rien faire du tout ; je dis seulement que les mesures ne vont pas être draconiennes.
Cela étant dit, j’ai comme règle habituelle sur le forum d’éviter les discussions politiques, je vais donc retourner à l’application de cette excellente règle.
Dernière modification par Bernard2K (04/07/2024 16h51)