Cherchez dans nos forums :

#1 15/04/2025 22h44

Membre (2018)
Réputation :   19  

Bonjour,

Voici une étude de cas concernant un projet atypique pour lequel je me pose quelques questions.

A noter que nous sommes conseillés/accompagnés par une comptable et une avocate du cabinet qui s’occupe déjà de l’activité pro de ma conjointe mais je m’interroge sur certaines solutions proposées et concernant le crédit.

VOTRE PROFIL

- Moi : Assimilé fonctionnaire, 41 ans, 30%, 4000 euros.
- Elle : Dirigeante, 42 ans, variable selon dividende versé (train de vie équivalent au mien).

Nous avons pour projet l’achat d’un bien immobilier qui réunirait plusieurs activités :

- Notre résidence principale
- Héberger les bureaux de l’activité pro de ma conjointe (4 collaborateurs)
- Accueil des formations professionnelles de cette même activité pro
- Organisation de séminaires et évènements dans un cadre atypique et inspirant
- Location de salle à la journée pour entreprises (salle de réunion, salle de créativité).
- Location ponctuelle d’une chambre indépendante en location saisonnière (type AIRBNB)

Modèle économique :

- Un loyer versé par la société pour les bureaux et salles de formation environ 4000 euros
- Loyer pour notre usage personnel 2000 euros
- Location de l’espace à la journée, entre 700 et 1500 euros/jour).
- Location de la chambre aléatoire

Pour cela nous avons trouvé un bien particulier de plus de 400m² sur 5000m² de terrain.
Montant : 1 100000 euros / taxe foncière 4000 euros

Nous ne cherchons pas une rentabilité mais a minima que la structure encaisse suffisamment pour payer l’emprunt et les charges.

Nous démarrons la recherche de financement, le dossier est en cours de constitution.

La première banque nous indique ne pas faire de crédit au delà de 15 ans pour une SCI ce qui m’interpelle. Je ne sais pas si c’est une tendance des banques de ne pas vouloir accorder un crédit supérieur à 15 ans pour une SCI ?

Concernant le statut nous avions pensé à une SCI dans un premier temps mais l’expert comptable nous indique que pour de la location commerciale on ne peut pas être en SCI. Ce qui ne me parait pas tout à fait juste si la SCI est à l’IS.
Elle nous conseille donc une SAS immobilière pour ce projet, qui correspond a priori mieux à notre besoin.
L’avantage étant que notre responsabilité est limitée aux apports au capital social (qui sera faible).
Vu que la pérennité du projet dépend particulièrement du loyer fixe versé par la société, cela me parait judicieux.

La SAS serait détenue à 20% par moi même (en tant que personne physique) et à 80% par la holding de ma conjointe (qui détient la société qui versera le loyer).

Je ne crois pas avoir vu de projet similaire sur le forum, notamment avec le choix d’une SAS immobilière.

Je suis donc preneur d’un avis/retex sur le montage même s’il manque probablement de nombreux éléments pour bien appréhender le projet.

Une donnée que j’ignore également c’est comment les banques perçoivent ce type de projet, les taux sont-ils plus élevé dans le cas d’une SAS (du fait que la responsabilité soit limitée) ou/et peuvent elles demander des garanties personnelles ?

On nous a soumis l’idée (agent immo) de racheter la SCI qui détient le bien. Cela permettrait par un mécanisme que je ne connais pas de réduire fortement les frais de notaire en achetant par un montant symbolique le bien (donc frais de mutation faible) et le capital liquide en parallèle (je suis pas sûr d’avoir les bons termes).
Ce type d’achat vous parle t-il, est ce légale ?

Merci pour votre attention smile

Mots-clés : immobilier, sas (société par actions simplifiée), sci (société civile immobilière)

Hors ligne Hors ligne

 

1    #2 16/04/2025 07h35

Membre (2015)
Top 5 Année 2025
Top 5 Année 2024
Top 5 Année 2023
Top 5 Dvpt perso.
Top 10 Vivre rentier
Top 50 Actions/Bourse
Top 50 Obligs/Fonds EUR
Top 20 Monétaire
Top 5 Invest. Exotiques
Top 20 Crypto-actifs
Top 5 Entreprendre
Top 10 Finance/Économie
Top 5 Banque/Fiscalité
Top 50 SCPI/OPCI
Top 5 Immobilier locatif
Réputation :   3720  

 Hall of Fame 

D’abord le projet, ensuite seulement les outils à mettre en face.

Commençons donc par le projet : d’après mon expérience, les projets du type "c’est trop grand, c’est pas grave, on fera du cowork ou de la location de salle" ne fonctionnent pas. Le taux de remplissage reste très bas. Parce que la tête des propriétaires est focalisée sur l’activité professionnelle, ce qui empêche de faire les efforts de commercialisation et de gestion (et la réactivité, etc) nécessaires pour que ça se loue bien et/ou parce qu’il y a peu de demande, en tout cas à cet endroit et dans ces prix.

Si vous avez les moyens financiers d’avoir un faible taux de remplissage : pourquoi pas. Vous achetez très grand, essentiellement pour vous ; la location vous fait du bien moralement mais très peu financièrement…

Si vous voulez vraiment que l’activité de location fonctionne, il faut vous poser beaucoup de questions : qui va s’en occuper ? Comment trouver la personne disponible, compétente, très réactive voire proactive, toujours aimable, etc (c’est un métier !). Si on compte la rémunération de cette personne, est-ce toujours rentable ? Quelle est la demande ? De quels services accessoires les demandeurs ont-ils besoin (traiteur et/ou plateaux-repas, animateur, location de matériel, etc) ; saurons-nous les fournir ou recommander des prestataires adéquats ? Quelle est la concurrence sur le secteur ? Comment s’assurer que les clients viennent chez nous et pas à la concurrence ? En fait, je dois écrire le business-plan de cette activité ! Voilà des questions et des réflexions classiques pour toute personne qui veut lancer une nouvelle activité, en fait !

A mon sens, le problème de ces projets cowork/location de salles, c’est que ce sont surtout des prétextes pour acheter trop grand, et non pas des projets d’activité aussi mûrement réfléchis que tout autre projet d’activité.

Il faut aussi, bien sûr, se poser la question de la croissance prévisible de l’entreprise de votre compagne.
  : à quel rythme les locaux devront-ils être réaffectés de l’activité location de salles à l’activité de votre compagne ?

Voyons maintenant les outils à mettre en face du projet :

l’expert comptable nous indique que pour de la location commerciale on ne peut pas être en SCI

Ecrit comme cela, cela fait bondir. Soit cette personne est incompétente, soit vous avez mal retranscrit ses propos. Essayons d’y voir plus clair.

Une SCI doit exercer une activité civile. La location de locaux commerciaux est une activité civile. Fiscalement, pour une personne physique, la location de locaux commerciaux est imposée en revenus fonciers. Donc elle pourrait être dans une SCI, y compris dans une SCI à l’IR.

Mais…
- pour que la location de locaux commerciaux reste imposable en revenus fonciers, il faut que le matériel nécessaire à l’activité ne soit pas inclus dans la location et que le bailleur ne soit pas intéressé au résultat (clause recette dans le bail, ou participation dans la société de l’exploitant ou toute autre forme d’intéressement).
- la location de locaux d’habitation meublés est civile par nature comme l’a rappelé le conseil constitutionnel, car la location immobilière est prépondérante et la location des meubles accessoire, mais elle est imposée en BIC en vertu de l’indépendance du droit fiscal. C’est donc une activité commerciale du point de vue fiscal uniquement, imposable en BIC ou IS si société. Dans une SCI IR, cela pourrait être toléré si le CA de cette location meublée reste <10 % du total, sinon IS obligatoire.
- concernant la location de salles à usage professionnel, il faut se poser la même question. Je n’ai pas envie d’approfondir (je ne suis pas payé pour, contrairement à vos experts-comptables et avocats, donc je trouve ici ma limite), mais ça semble en tout cas une activité commerciale, au moins du point de vue fiscal.

Donc, en fait, la personne vous disait surtout : "attention, la SCI ne doit pas exercer une activité commerciale". Ce qui est bien différent de "ne doit pas faire de location commerciale" (au sens de "location de locaux commerciaux").

Je me permets d’insister sur la différence droit général / droit fiscal. Est-ce qu’une société civile a le droit dans l’absolu, d’exercer telle activité, ça va dépendre du droit général (code civil / code de commerce). Est-ce que le fait d’exercer telle activité a telles conséquences fiscales, ça dépend du CGI. Ce sont deux choses différentes, du fait de l’"indépendance du droit fiscal". En particulier, une SCI a le droit d’exercer de la location d’habitation meublée puisque activité civile par nature ; mais IS obligatoire si plus de 10 % du CA.
Par contre, si une SCI exerce une activité franchement commerciale (location de vélos par exemple), là ça pose un vrai problème car son activité n’est pas civile donc cette SCI est illégale. Cela dit, les conséquences d’une SCI exerçant une activité commerciale sont essentiellement fiscales ; donc c’est vrai qu’une SCI à l’IS qui exerce une activité commerciale ne pose de problèmes démesurés puisqu’elle a déjà l’imposition d’une société commerciale, mais enfin si on peut éviter de faire un truc mal fagoté dès le début, c’est mieux.

Au final, quelles solutions ?

A mon avis, la SCI est une très bonne solution pour acheter un tel bien immobilier. Plein de gens utilisent une SCI pour posséder leur immobilier d’activité. Si c’est si répandu, c’est que c’est une bonne solution. La principale raison, c’est que les entreprises, ça meurt : liquidation volontaire ou sur faillite… Ca déménage aussi, quand les locaux s’avèrent inadaptés (trop petits, trop éloignés de la clientèle, etc.). Les gens qui exercent l’activité de l’entreprise, divorcent parfois, partent à la retraite, souvent, et meurent, toujours. En gros, les activités professionnelles et les gens changent beaucoup plus vite que la propriété foncière. La SCI est donc la bonne solution pour dissocier la propriété foncière de l’activité professionnelle exercée dedans. C’est la solution de la pérennité.

Ensuite, quelle solution pour les activités de location de salles et de chambre meublée ? C’est une seconde question.
- Peut-être par la SCI, si elle est à l’IS et que l’activité de location de salles est bien de nature civile (à approfondir). A mon sens, cela reste possible.
- La location de salles et de la chambre pourrait être réalisée par la société de votre compagne. Celle-ci louerait donc à la SCI la totalité de la maison sauf votre habitation, puis exercerait à titre secondaire l’activité de location de salles et de location meublée. Avantage : quand la société de votre compagne a besoin d’un local supplémentaire : ça tombe bien, elle est déjà locataire ! On s’en fout qu’elle y mette une salle louée à des tiers ou un bureau pour ses salariés. Donc il n’y a aucun écrit à faire dans ce cas. On s’en fout également qu’en pratique elle ne loue quasiment pas de salles à des tiers (ma mise en garde sur cette activité qui peut être un prétexte pour acheter trop grand) : tant qu’elle paie à la SCI le loyer sur la totalité de la maison moins votre habitation, elle en fait bien ce qu’elle veut.
- Pourquoi pas par une société commerciale dédiée ? Ca permettrait au moins de bien dissocier trois choses : la propriété foncière et l’activité civile de location de la locaux nus, c’est la SCI ; l’activité de votre compagne, c’est la SAS Voilà Madame ; tandis que l’activité de location de salles de chambre meublée, c’est  la SAS La Joyeuse Loc. Cela ramène à la question du début : l’activité de location de salles et de la chambre est-elle rentable en elle-même ? Petit inconvénient : à chaque fois que la société de votre compagne a besoin définitivement d’un pièce supplémentaire, il faut modifier 2 baux par avenants : celui de la SAS La Joyeuse Loc, qui a une pièce en moins (et un loyer qui baisse) et celui de la SAS Voilà Madame, qui a une pièce en plus (et un loyer qui augmente). Si c’est une location temporaire, pas besoin de modifier les baux, la SAS La Joyeuse Loc peut louer temporairement la salle à la SAS Voilà Madame.

Dernière modification par Bernard2K (16/04/2025 10h01)


Il faut que tout change pour que rien ne change

Hors ligne Hors ligne

 

#3 16/04/2025 08h21

Membre (2011)
Top 20 Année 2025
Top 50 Année 2024
Top 20 Dvpt perso.
Top 50 Entreprendre
Top 50 SCPI/OPCI
Top 50 Immobilier locatif
Réputation :   313  

Un point quand même c’est qu’une SC peut exercer une activité commerciale du moment qu’elle est accessoire soit environ 10% du CA HT (si mes souvenirs de mes échanges avec le EC sont bons).

Hors ligne Hors ligne

 

2    #4 16/04/2025 09h00

Membre (2018)
Top 20 Année 2025
Top 20 Année 2024
Top 20 Année 2023
Top 10 Dvpt perso.
Top 20 Expatriation
Top 50 Vivre rentier
Top 5 Entreprendre
Top 50 Finance/Économie
Top 50 Banque/Fiscalité
Top 20 Immobilier locatif
Réputation :   599  

ESTJ

J’ai eu une activité locative assez proche de ce que vous évoquez, la partie habitation en moins.

Beaucoup de points qui se mélangent et pas évident d’y voir le jour ….

Tout d’abord, l’agent immo vous donne une conseil tout pourri :
Oui bien sûr en rachetant la sci = pas de frais de notaire sur l’immeuble, sauf que vous reprendriez les amortissements en cours, très pénalisant à la revente (au contraire de celui qui vous vend !) il faudrait donc une décote au moins similaire,  mais surtout aucune banque n’acceptera votre projet pour cause de garantie glissante (j’ai essayé avant vous 😂).

La sci et activité commerciale : en phase avec Kabal, limite de 10% du ÇA.

La sas…comme garantie limitée, la banque va vous demander une caution perso équivalente au projet.
Le coût de fonctionnement sera plus élevé qu’une sci, à mon avis, vous compliquez bien la chose avec cela.

Dans les 2 cas, s’agissant d’un prêt pro pour la banque, on vous prêtera sur 15 ans maxi.

À votre place, je ferai une Sci IR de fait à l’iS sur sa quote part détenue par la holding de votre femme.
Ainsi, la holding aura les amortissements et la fisca liée et vous la fisca IR qui devrait rester faible avec vos 20%. À la revente, vous en perso serez favorisé alors que la partie holding paiera bien sûr la Pv sur le net comptable.
Il existe une voie étroite pour vivre à l’IS et mourir à l’IR même si border line : le cession des parts holding à vous personne physique avant de vendre le projet global. En théorie, cela doit se faire au prix du marché, dans la pratique, ça se tente …quand j’ai vendu mon premier montage qui ressemble à votre projet, le collab EC tout comme le collab notaire s’étaient plantés sur la déclaration de PV….

Je ferai simple : sci du modèle décrit ci dessus, avec la société de votre femme en locataire principal :
Vous verrouillez ainsi votre modèle eco sur la sci et votre risque de caution (la aussi ils vous demanderont en perso vu les montants).
Ensuite, la location de salle facturée par la société de votre épouse en sous location : même si pas son objet social etc… dans la réalité cela n’intéresse personne et restera sans doute marginal en volume.
Pour la partie habitation, vous louez comme prévu dans votre projet, et vous sous louez votre chambre.

La aussi, le montage sci avec deux flux ainsi présente rassurera la banque plutôt que le puzzle de revenus envisagé.

De mes souvenirs lointains (et prescrits) de location de salle de formation, j’avais été surpris qu’il existe autant de formations non Qualiopi avec des besoins, recevant leur paiement en espèces et vous réglant de la même façon.


Profiter de ne rien foutre….

Hors ligne Hors ligne

 

1    #5 16/04/2025 09h43

Membre (2015)
Top 5 Année 2025
Top 5 Année 2024
Top 5 Année 2023
Top 5 Dvpt perso.
Top 10 Vivre rentier
Top 50 Actions/Bourse
Top 50 Obligs/Fonds EUR
Top 20 Monétaire
Top 5 Invest. Exotiques
Top 20 Crypto-actifs
Top 5 Entreprendre
Top 10 Finance/Économie
Top 5 Banque/Fiscalité
Top 50 SCPI/OPCI
Top 5 Immobilier locatif
Réputation :   3720  

 Hall of Fame 

serenitis a écrit :

La sci et activité commerciale : en phase avec Kabal, limite de 10% du ÇA.
.

Pour être précis : en principe, du point de vue du droit général, une SCI ne devrait pas exercer d’activité commerciale.
D’un point de vue spécifiquement fiscal, une tolérance pour une SCI IR existe à 10 % du CA, tolérance qui n’est pas dans les textes de loi mais dans le Bofip (points 320 et 330 ici : IS - Champ d’application et territorialité - Collectivités imposables - Sociétés civiles | bofip.impots.gouv.fr )
Pour une SCI IS, qu’est-ce qui l’empêche de faire plus de 10 % de son CA sur une activité commerciale ? J’ai déjà abordé le sujet plus haut, et je me garderais bien d’émettre une réponse trop tranchée. wink

Dernière modification par Bernard2K (16/04/2025 10h03)


Il faut que tout change pour que rien ne change

Hors ligne Hors ligne

 

#6 16/04/2025 10h24

Membre (2011)
Top 20 Année 2025
Top 50 Année 2024
Top 20 Dvpt perso.
Top 50 Entreprendre
Top 50 SCPI/OPCI
Top 50 Immobilier locatif
Réputation :   313  

Je suis en SCI à l’IS et en gros, mon EC m’a dit que personne va venir m’embêter si >10% hormis un autre associé qui trouverai que ce n’est pas dans l’objet social.

Hors ligne Hors ligne