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Investir dans la Défense avec le futur fonds de Bpifrance ?

Fonds Bpifrance Défense : motivations patriotiques, doutes sur le rendement et critiques sur ce placement en private equity

Cette discussion porte sur le futur fonds "Bpifrance Défense", un véhicule de capital-investissement (private equity) annoncé pour 2025 visant à collecter 450 millions d'euros auprès des particuliers pour financer la Base Industrielle et Technologique de Défense (BITD) française. Les participants notent les informations disponibles : un ticket d'entrée de 500 euros, un blocage des fonds d'au moins cinq ans et une souscription possible en direct ou via assurance-vie. Cependant, un manque notable d'informations cruciales, notamment sur les frais de gestion et la structure exacte du fonds, suscite une incertitude généralisée et conditionne l'intérêt de nombreux membres.

Un élan patriotique marqué émerge chez plusieurs participants, prêts à investir symboliquement (par exemple, 500 euros) pour soutenir l'industrie de défense française, même en anticipant un rendement faible voire nul, considérant presque l'investissement comme une donation. Cette motivation coexiste avec un scepticisme affirmé quant à la rentabilité potentielle, certains craignant une performance médiocre voire une perte en capital. La vigilance est de mise concernant les frais de gestion, avec une volonté que l'argent investi bénéficie réellement aux PME de la BITD plutôt qu'aux intermédiaires. L'expérience passée avec d'autres fonds, comme le rapporte Flavius concernant un FCP Ardian, alimente cette méfiance.

Plusieurs critiques et points de désaccord récurrents structurent la discussion. L'objectif de collecte de 450 millions d'euros est jugé largement insuffisant par certains au regard des besoins estimés de la BITD (3 à 5 milliards d'euros). Des doutes sont exprimés sur la nécessité réelle de ce fonds, Condegas soulignant que les entreprises bénéficiant de commandes publiques devraient pouvoir se financer classiquement. L'impossibilité apparente de loger ce fonds dans un PEA ou PEA-PME, malgré son objectif de financement d'entreprises françaises, est une source majeure de frustration. Certains participants, comme zendoi ou Benoit1981, questionnent le principe même de solliciter l'épargne privée pour une mission régalienne (la défense) normalement financée par l'impôt, y voyant une forme de caution à une gestion politique passée jugée défaillante.

Le contexte plus large du financement de la défense est également abordé. Il est rappelé, notamment par sirinial citant des rapports du Gicat, que les entreprises de la BITD, y compris les PME, font face à des difficultés de financement traditionnelles (banques, fonds d'investissement) en partie à cause des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) qui tendent à exclure le secteur de l'armement. Ce fonds Bpifrance apparaît ainsi comme une tentative de contourner ces obstacles. La rapidité de mise en place de ce fonds contraste, selon nexus, avec la lenteur du déploiement du PEAC dédié au climat. La possibilité que le fonds adopte une structure "evergreen" est évoquée, avec les implications potentielles sur le rendement et la liquidité.

Mots-clés : Bpifrance Défense, private equity, BITD, patriotisme, rendement, frais de gestion, ESG


#26 24/03/2025 09h43

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Il y a quand même un point que je ne comprends absolument pas …

J’avoue dès maintenant n’avoir pas lu les différentes communications politiques sur ce fond car pour l’instant cela me paraît inutile tant que tout n’est pas ficelé …

Je pensais naïvement qu’il s’agissait d’un fonds pour assumer l’achat d’armement parce que l’état français peine à se financer à hauteur du montant promis par Macron …
Mais force est de constater qu’il s’agirait d’un fonds d’investissement dans les entreprises d’armement.

Macron promet une dépense supplémentaire annuelle d’env 40 milliards d’€
Le fonds aurait un encours de seulement de 400 millions d’€
Si l’on compare, c’est une farce.

De plus, pour avoir dirigé une entreprise avec commande publique, je peux attester que toute entreprise ayant une commande publique validée ne peinera jamais à se financer auprès de ses partenaires financiers habituels.

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#27 24/03/2025 09h57

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J’ai toujours pas vu si le fonds serait investi en actions ou en obligations…

Et si actions (ce qui semble se dégager, mais rien trouvé de clair à 100 %) , en quoi ça aiderait à augmenter les capacité de production de la filière ?


Pro de la gestion de patrimoine depuis plus de 20 ans. Mais j'ai pas non plus la science infuse ;-)

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#28 24/03/2025 10h19

Membre (2021)
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Condegas a écrit :

Il y a quand même un point que je ne comprends absolument pas …

J’avoue dès maintenant n’avoir pas lu les différentes communications politiques sur ce fond car pour l’instant cela me paraît inutile tant que tout n’est pas ficelé …

Je pensais naïvement qu’il s’agissait d’un fonds pour assumer l’achat d’armement parce que l’état français peine à se financer à hauteur du montant promis par Macron …
Mais force est de constater qu’il s’agirait d’un fonds d’investissement dans les entreprises d’armement.

Macron promet une dépense supplémentaire annuelle d’env 40 milliards d’€
Le fonds aurait un encours de seulement de 400 millions d’€
Si l’on compare, c’est une farce.

De plus, pour avoir dirigé une entreprise avec commande publique, je peux attester que toute entreprise ayant une commande publique validée ne peinera jamais à se financer auprès de ses partenaires financiers habituels.

A mon humble avis, les entreprises peuvent se financer bien autrement, surtout avec une commande publique assurée, et ce fonds répond à un seul objectif : améliorer l’adhésion des Français au réarmement.

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#30 24/03/2025 11h10

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Condegas a écrit :

… pour avoir dirigé une entreprise avec commande publique, je peux attester que toute entreprise ayant une commande publique validée ne peinera jamais à se financer auprès de ses partenaires financiers habituels.

nexus a écrit :

A mon humble avis, les entreprises peuvent se financer bien autrement, surtout avec une commande publique assurée …

C’est exactement ce que j’ai dit …

globtrot a écrit :

Cela reste de grandes lignes, mais c’est assez clair : c’est un fonds de private equity (pas de debt equity) qui vise des start up, des PME et des ETI.

Forte présomption de voir arriver des coquilles vides start up formées au faire-savoir plutôt qu’au savoir-faire …
Sur lesquelles on va déverser un flot d’argent jusqu’à fermeture du robinet et disparition immédiate
Air connu, chanson nouvelle …

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1    #31 24/03/2025 11h16

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nexus a écrit :

A mon humble avis, les entreprises peuvent se financer bien autrement, surtout avec une commande publique assurée, et ce fonds répond à un seul objectif : améliorer l’adhésion des Français au réarmement.

En effet.

Surtout qu’on ne peut pas dire que le private equity manque d’argent, au point de devoir solliciter l’argent des français : Repère. Trop d’argent dans le private equity? - Le Temps

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#32 24/03/2025 12h55

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InvestisseurHeureux a écrit :

Surtout qu’on ne peut pas dire que le private equity manque d’argent, au point de devoir solliciter l’argent des français : Repère. Trop d’argent dans le private equity? - Le Temps

Il y a trop d’argent dans le private equity mais la plupart des fonds ne peuvent pas investir dans les activités de défense (réglements des fonds qui l’interdisent comme d’investir dans les autres activités du "vice" type tabac). Ca va prendre pas mal de temps avant de changer cela (convaincre les LPs, les faire bouger,…).
Les banques idem (mais ça change).

Ce fonds Bpi ne va certes pas pas résoudre le problème du financement des boites de défense a lui seul mais il a au moins le mérite de provoquer un effet d’entrainement et d’envoyer le message que la défense ce n’est pas sale (contrairement au message qui prédominait ces dernières années)


"Le côté obscur de la force, redouter tu dois"

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#33 24/03/2025 16h31

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Ce fond ne va rien révolutionner du tout, dans le sens où les investisseurs avertis n’ont pas besoin de l’état pour avoir envie d’investir en private-equity sur un secteur d’activité appelé à une forte croissance dans les prochaines années.
Et les sociétés d’investissement sont tout à fait capables de proposer des fonds pour que les particuliers investissent là-dedans.

Vous pouvez probablement parler de coup de comm du gouvernement, mais c’est la vision négative de la chose.
La vision positive c’est que ça permettra d’orienter un peu d’épargne vers le tissu économique, de la part de personnes qui sont habituellement averses au private-equity voire à la bourse en général en dehors de ça. En somme un petit pas vers une meilleure compréhension de l’économie réelle et de l’investissement par les Français.

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#34 24/03/2025 17h58

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D’après la rédactrice en chef Patrimoine des Échos interviewée par Boursorama dans cette vidéo, il s’agirait d’un fond evergreen, ce qui explique l’expression "argent bloqué au moins 5 ans" sans plus d’explications.

Évidemment, qui dit evergreen, dit poche de liquidité, donc diminution du rendement.

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#35 24/03/2025 19h02

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Un fond evergreen serait cohérent avec les nécessaires investissements à long terme. On s’éloigne tout de même un peu de fonds ’grand public’ (gestion des rachats, gestion des valorisations, etc…)


Parrainage TotalEnergie 114632151, Lucya Cardif sur demande

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2    #36 24/03/2025 19h07

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J’ai cherché un peu plus de contexte au sujet des investissements en général sur la BITD (Base Industrielle et Technologique de Defense, environ 4500 PME et ETI du secteur de la défense), j’ai trouvé les articles intéressants alors je les partage ici.

Tout d’abord un article au sujet d’un rapport du Gicat (le "Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres") publié en 2020 :

Ouest France - les banques rechignent à financer l’industrie française d’armement

Ouest France en 2020 a écrit :

Inquiètes des risques de poursuites judiciaires, les banques françaises refusent de plus en plus souvent de financer des entreprises exportant du matériel militaire qui pourrait être impliqué dans des crimes contre des civils. L’industrie française de défense a alerté le gouvernement.

Le Groupement des industries françaises de défense et de sécurité terrestres et aéroterrestres (Gicat) vient d’adresser un rapport alarmiste aux ministères des Armées et de l’Économie : " Le système bancaire et financier français est de plus en plus réticent à accompagner nos entreprises, tant pour leur développement qu’en soutien à l’étranger. " Son équivalent dans le secteur naval, le Gican, est sur la même longueur d’onde.

Tous deux estiment que l’attitude des banques en est au point de menacer la " base industrielle et technologique de défense " (BITD), ce socle d’entreprises dont la France estime avoir besoin pour ses armées en général et pour la dissuasion nucléaire en particulier.

Explications de certaines banques rapportées par le Gicat : " Vous accompagner est trop risqué pour nous compte tenu de la part de la défense dans vos contrats à venir. " Ou bien : " Le critère de souveraineté n’est pas notre sujet quand nous évaluons un financement. " Ou encore : " Ce n’est pas parce que BPI (N.D.L.R. : banque appartenant à l’État) vous soutient, que vous avez des contrats déjà signés, que nous devons vous suivre aveuglément… "

Ensuite une interview récente du secrétaire général du Gicat qui confirme que ces problèmes sont encore d’actualité en 2025:

Ouest France - "La défense pâtit d’un manque d’investisseurs" dit un représentant des industriels

Interview Ouest France du secrétaire général du Gicat a écrit :

Ouest France : Les PME de votre secteur ont-elles du mal à obtenir des prêts bancaires, comme le dit un rapport parlementaire ?

Gicat : Nous avons eu un problème avec les banques. Certaines considéraient que le financement des industries de défense n’était pas compatible avec les normes ESG (environnementales, sociales et de gouvernance, NDLR) (1). Un dialogue constructif s’est instauré. Il a conduit à la mise en place de référents défense dans les banques et d’un médiateur à la Direction générale pour l’armement. Désormais, le problème que font remonter nos PME est plutôt celui de la sous-capitalisation.

Ouest France : C’est-à-dire ?

Gicat : La défense pâtit d’un manque d’investisseurs. Pour se développer, les entreprises ont parfois besoin de faire entrer des fonds d’investissement dans leur capital. Or, certains de ces fonds rechignent à le faire, toujours par crainte de ne pas respecter les critères ESG. Il est paradoxal d’invoquer cela, alors que la sécurité est, pour un pays, un gage de durabilité et de stabilité économique et sociétale.

Pendant mes recherches, je suis aussi tombé sur cet article du Monde qui montre que le phénomène de frein à l’investissement affecte non seulement les PME et ETI de la BITD, mais aussi les grandes entreprises de défense :

Le Monde - Ces entreprises françaises dans lesquelles les fonds d’investissement refusent d’investir

Le Monde a écrit :

Les premiers groupes hexagonaux – Airbus, Safran et Thales – arrivent à partir de la 57e place du classement mondial [des entreprises exclues par les fonds pour des raisons ESG], rejetés par plus de 40 grands investisseurs [, suivis par Dassault qui est exclu par 35 fonds et sociétés de gestions]. Des fleurons boycottés, comme une majorité de firmes nationales, en raison de leur implication dans l’armement, nucléaire en particulier.

Bien à vous


Parrainage : Bourse Direct 2023843726 / cryptos Bitvavo A59632382E / AV Linxea (me contacter)

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#37 25/03/2025 19h16

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Une ( courte) analyse de Boursier.com.

Peut-être vais-je me laisser tenter…du private equity ( certes spécialisé) avec un faible ticket d’entrée   il y a de quoi réfléchir.

Fonds Défense : quel rendement espérer ?

Mafo

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#38 25/03/2025 19h30

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Flavius, le 22/03/2025 a écrit :

Pourquoi empêcher une souscription dans un PEA ou PEA-PME (même bloqué sur 5 ans)? N’est pas -exactement- l’objet, que de financer des sociétés françaises (ou européennes)?

On empêche une souscription en PEA alors que ce serait parfaitement son objet. Dans le même temps, on peut souscrire en PEA un ETF World composé principalement de valeurs américaines.

Dans le même temps et sur le même sujet de défense européenne, l’Allemagne ne remet pas en cause l’achat de F35 américains.

Les derniers propos de JD Vance et du secrétaire à la défense donnent le ton. C’est effarant.

Le général de Gaulle doit s’en retourner dans sa tombe. Il nous avait pourtant mis en garde, ce qui arrive est presque prophétique.


Parrain Octopus Energy : lien, Bourse Direct : 2022815944, Cautioneo (GLI) : lien, Linxea (me contacter)

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#39 26/03/2025 15h26

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INFP

Allons à la source. BpiFrance parle d’investir dans des entreprises non cotées mais pas forcément d’en être actionnaire.

Celà permettrait à ces sociétés de trouver rapidement une source de financement autres que les sources "classiques" qui l’estiment trop risquées ou ne correspondant pas à leur image.

Ceci exclue donc logiquement l’éligibilité au PEA.

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