Auxerrois : vous utilisez un argument d’autorité. Un expert-comptable ne se trompe jamais ? Surtout quand il a 38 salariés ?
L’expert-comptable n’est qu’un conseil juridique de premier niveau. Son métier, c’est la comptabilité, pas le droit, qu’il n’exerce qu’à titre accessoire. Je recommande, dès qu’il y a un risque significatif, de recourir plutôt à un avocat fiscaliste ou un avocat d’affaires. L’avocat fiscaliste cité par Gaultier relevait des risques significatifs ; alors qui a raison, l’expert-comptable ou le fiscaliste ?
Vous demandez qui je suis ; je suis un chef d’entreprise qui a déjà eu, parfois, l’occasion de corriger les assertions d’expert-comptable, d’avocats et de notaires. J’aimerais bien pouvoir dire : "c’est un expert-comptable/avocat/notaire, professionnel, tellement compétent, donc je lui fais confiance les yeux fermés. " Malheureusement, ça ne fonctionne pas. Quand je relis, je tombe, parfois, sur des erreurs.
Remarquez que je suis néanmoins très admiratif de leur savoir et de leur compétence professionnelle. Presque toujours, ils ont raison. Et ils m’apprennent quelque chose bien plus souvent que l’inverse. Mais tout de même, parfois, ils se trompent.
L’argument d’autorité est toujours relatif. Les juges, qui sont des juristes très compétents, se trompent, puisqu’il existe des cours d’appel. Les cours d’appel se trompent, puisqu’il existe des cours de cassations…
Geronimo :
Le cas des startups est différent : elles exercent une activité conforme à leur objet social, elles déposent des brevets, elles acquièrent des actifs… Elles préparent l’acquisition d’un CA futur. Là on parle bien d’une société qui fait zéro effort pour trouver du chiffre d’affaires, alors même qu’elle sait le faire, puisque cette tréso a été accumulée de cette façon.
"En tant que représentant légal il a une fonction de représentation et d’administration, qu’il est tout à fait justifié de rémunérer". Certes, il administre, mais quand est-ce qu’il poursuit l’objet social ? Par son objet social, une société dit ce qu’elle fait ; ensuite, elle doit faire ce qu’elle dit. Et là, elle ne le fait plus.
Vous dites : "il ne se passe pas rien, puisqu’il y a des produits financiers". Je vous réponds : accepter de dire que le dirigeant ne s’occupe que de gérer les produits financiers de la société, ça veut dire que l’activité principale a changé : l’activité n’est plus celle déclarée dans l’objet social et qui a rapporté cette tréso accumulée, elle est devenu une activité de gestion de patrimoine pour compte propre, ou quelque chose comme ça. Avec les conséquences fiscales d’un changement d’activité. Dans ce cas, autant faire le changement d’activité officiellement, et on sera à nouveau dans les clous.
Après, j’entends bien que le risque est très faible. Je suis peut-être trop rigoriste dans la présentation d’un risque théorique qui serait extrêmement faible en pratique. En pratique, il y a plein de gens qui font ce qu’ils veulent avec leur société (et des choses bien pires) et ne se font pas prendre. Certes. Vous avez raison. Mais on n’est jamais totalement à l’abri de se prendre un retour de bâton, ou de tomber sur quelqu’un qui fait son travail. Sur ce, je vais m’arrêter là. Comme je disais, tout le monde aura lu les arguments divers, se fera son idée, et fera ses déclarations sous sa propre responsabilité.