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Harcèlement en entreprise : procédures, témoignages et limites du système

Harcèlement en entreprise : témoignages, procédures et limites du système

Cette discussion aborde le sujet sensible du harcèlement en entreprise, en se concentrant sur les procédures internes, les recours légaux et les expériences vécues par les victimes et les témoins. Un membre partage un témoignage détaillé de son expérience en tant que victime de harcèlement, soulignant les étapes de la procédure d'enquête interne, l'importance des preuves (écrits, enregistrements, témoignages) et la question des représailles.

Les membres discutent des avantages et des inconvénients de recourir à une enquête interne par rapport à un dépôt de plainte direct. L'obligation légale de l'entreprise de traiter les cas de harcèlement est soulignée, ainsi que la rapidité relative d'une procédure interne comparée à la lenteur du système judiciaire. Cependant, plusieurs intervenants expriment des réserves quant à l'efficacité réelle des enquêtes internes, mentionnant des cas où les conclusions minimisent les faits ou protègent les harceleurs, en particulier lorsqu'ils occupent des postes élevés.

La discussion met en lumière la complexité de prouver le harcèlement, la difficulté pour les victimes de parler et le risque de subir des représailles. L'importance du soutien des collègues est mise en avant, avec un exemple de collègues masculins ayant activement aidé des victimes à dénoncer un harceleur. La responsabilité de la direction est également questionnée, avec des témoignages faisant état de pressions pour étouffer les affaires ou de solutions insatisfaisantes, comme la mutation de la victime plutôt que la sanction du harceleur.

La discussion s'élargit aux conséquences psychologiques du harcèlement pour les victimes et à la lenteur et l'inefficacité du système judiciaire. Un témoignage poignant décrit l'expérience traumatisante d'un dépôt de plainte pour violences, soulignant la revictimisation possible lors du processus judiciaire. La question de savoir si le dossier d'un harceleur le "suit" dans sa carrière professionnelle est également soulevée, mettant en évidence le manque de transparence et de suivi dans de tels cas.

Enfin, la discussion aborde la question du statut des travailleurs externes (consultants, freelances) face au harcèlement, soulignant leur vulnérabilité accrue et la complexité des recours possibles. Un membre expert souligne les limites juridiques et procédurales spécifiques à ce type de situation, mettant en évidence la précarité de ces travailleurs face à de tels agissements.


5    #1 13/02/2025 19h05

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Bonjour à tous,

Je partage ci-dessous un retour d’expérience concernant un mal relativement répandu en entreprise : le harcèlement.

J’étais côté victime, on appellera "John" la personne signalée. Je me concentrerai sur les leçons à retenir de manière générale, mais je n’ai pas de problème à partager les grandes lignes de mon cas spécifique, n’hésitez pas si vous pensez que cela apporterait de la plus-value.
N’hésitez bien sûr pas à compléter ou signaler si vous avez un écho différent smile

- Enquête pour comportement inapproprié / harcèlement :


Une entreprise française répond aux exigences de la loi française.
Si quelqu’un signale un cas de harcèlement aux RH, les RH sont légalement obligés de mener une enquête.
Tant que la personne accusée est salariée de l’entreprise, ou que la victime est salariée, ou que cela se passe dans les locaux de l’entreprise (même si accusé et victime sont externes), etc, la responsabilité de l’entreprise est engagée et vous pouvez tout à fait contacter les RH.
Il peut s’agir d’une enquête menée par les RH ; ou par une société externe pour éviter toute contestation ou conflit d’intérêt ; ou par la compliance si la personne incriminée est très haut placée.

- L’anonymat de l’enquête :


Vos échanges avec une RH sont confidentiels, ainsi que toutes les preuves que vous pouvez lui transmettre. Dans mon cas, j’ai échangé pendant quelques semaines avec une RH, avant de demander "officiellement" une enquête. J’aurais très bien pu tout lui raconter, lui transmettre toutes mes preuves, puis changer d’avis : elle n’aurait alors pas pu transmettre/utiliser mes preuves et témoignage.
Les enquêtes sont également anonymes. Le rapport donnant les conclusions ne dira pas "Alpha et Beta ont dit qu’ils ont vu John dire telle insulte à Lollip", mais "les témoignages permettent de conclure que John a eu un comportement insultant et non-approprié".
La personne incriminée n’aura pas accès au rapport, et ne saura pas qui a parlé ni ce qui a été dit. (Dans mon cas, ils ont deviné que j’avais parlé, mais n’ont pas su quels collègues avaient témoigné par exemple.) La victime non plus.
Je pensais un peu naïvement qu’on demanderait à John "Lollip a dit que vous avez fait telle chose, est-ce que vous le reconnaissez ou est-ce que vous contestez", mais pas du tout ; on lui a posé des questions beaucoup plus générales, afin de préserver l’anonymat des témoins et lanceurs d’alerte.

- Preuves : écrits, enregistrements & témoignages :


Bien sûr, avoir des écrits est l’idéal.
Mais un harceleur peut être intelligent et veiller à ne pas laisser d’écrit. Du coup, depuis décembre 2023, les enregistrements pris à l’insu d’une personne peuvent être retenus contre lui dans certains cas spécifiques, dont le harcèlement. Chaque téléphone permet d’enregistrer facilement.
Ne PAS avoir de cas de conscience : si une personne se comporte mal et est enregistrée, c’est elle qui est en tort, pas celui qui l’enregistre. De manière contre-intuitive, se confier à un(e) collègue de confiance non seulement ne vous sera pas reproché, mais en plus joue en votre faveur. Cela permet d’établir une temporalité, et surtout le collègue sera désormais plus attentif aux "détails", et aura moins de scrupule à parler s’il est interviewé lors de l’enquête.
Bien sûr, la personne à qui vous vous confiez peut vous décevoir. Un collègue à qui je m’étais confiée m’a dit qu’il y aurait toujours des personnes qui se comporteraient mal avec moi, donc même si c’était John qui se comportait mal, c’était à moi d’apprendre à "laisser glisser"…

- Les représailles :


J’avais signalé un "harcèlement sexuel puis moral". La RH m’a expliqué qu’en réalité, ce que j’appelais "harcèlement moral" était des représailles : John s’acharnait contre moi à cause de mon premier signalement à son chef. Cela faisait donc toujours partie du harcèlement sexuel d’origine.
Si une personne signale une situation de harcèlement, les représailles contre elle sont complètement illégales, y compris si elle se trompe. La seule exception est si elle a fait exprès de mentir pour essayer de nuire à celui qu’elle accuse.

- La non-conclusion au harcèlement :


J’avais de nombreuses preuves : SMS, messages Teams, enregistrements, témoignages de collègues, etc, de manière répétée sur un an et demi. Malgré tout, la RH m’a prévenue qu’ils ne concluaient jamais à une situation de harcèlement, car c’était subjectif et ils souhaitaient éviter qu’un juge aux Prudhommes annule cette conclusion et ses conséquences. A la place, ils concluaient à quelque chose comme "comportement inapproprié / sexiste".
L’enquête a effectivement officiellement conclu qu’il n’y avait pas de harcèlement.
(John a indiqué à des collègues avoir reçu un blâme pour comportement inapproprié, mais officiellement j’ai uniquement reçu l’info qu’il n’y avait pas eu de harcèlement. Il a ensuite recommencé avec d’autres, et s’est cette fois fait virer.)
Avec le recul, je pense que c’est plus de la comm’ / pour éviter des demandes de dédommagement / pour ne pas complètement braquer le coupable / pour ne pas trop l’isoler dans son équipe si l’info fuite.
Je n’ai aucune idée si c’est une pratique répandue ou si c’est propre à cette entreprise.

- La diffamation :


La diffamation est constituée quand on impute à un tiers, de mauvaise foi, des faits attentatoires à son honneur et à sa réputation.
Si quelqu’un vous accuse de diffamation, vous avez comme défense : l’exception de vérité (apporter la preuve des faits en question), l’exception de bonne foi (ex "j’ai raisonnablement enquêté sur le sujet et ça semblait tout à fait vrai" ; but légitime d’information) ; l’absence de caractère diffamatoire des propos ; la prescription (généralement 3 mois).
Autrement dit, si je dis à certaines collègues "John a passé des mois à me faire des avances, alors que j’étais claire que je n’étais pas intéressée, je n’en pouvais plus, s’il fait pareil avec t*oi préviens les RH", que l’information tourne, et que j’ai un minimum de preuves : John peut être furieux et solliciter tous les avocats qu’il veut, ils lui diront tous qu’il n’a aucune chance de gagner un procès.

- Conclusion :


J’espère que ce message aidera toute victime ou témoin potentiel qui hésiterait à témoigner.
Ce n’est pas facile d’oser parler, mais vous pouvez obtenir justice pour vous + vous protégez les suivant(e)s, c’est personnellement ce qui m’a convaincue.
J’espère aussi inciter chacun à faire attention aux détails. La majorité de mon département avait vu certaines choses et se doutait qu’il y avait "un problème", mais ne savait pas quoi, et ne pensait absolument pas à ça (John est marié).
En cas de doute, vous pouvez faire un signalement anonyme auprès des RH - ce n’est pas parce que la victime reste souriante et esquive les questions qu’elle n’est pas en réalité impactée.
Enfin : tout le monde est convaincu que "le harcèlement, c’est mal", et qu’ils se comporteraient en héros si un méchant harceleur surgissait. Mais si la victime signale que le harceleur (ou la harceleuse smile ), c’est vous, ou votre "work bestie", cela peut être difficile à entendre - demandez-vous simplement si vous aimeriez que vos proches et les RH sachent comment vous vous comportez, et si la réponse est non, cela peut valoir le coup de changer vos habitudes.

Dernière modification par Lollip (13/02/2025 19h39)

Mots-clés : enregistrement, harcèlement, licenciement, moral, rh

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#2 13/02/2025 22h24

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Si effectivement il y a harcèlement avéré, pourquoi ne pas déposer plainte directement en gendarmerie ou commissariat plutôt que de laisser gérer en interne vos RH ?

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#3 14/02/2025 04h13

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Parce que l’entreprise a l’obligation de gérer ces problèmes et que le temps de réaction n’est pas du tout le même par rapport à un dépôt de plainte qui peut prendre des années avant qu’une sanction ne soit prise (décision pas forcément "transposable" dans l’entreprise).

Pour le vivre régulièrement au travers des fonctions de mon épouse et de mes enfants, une procédure disciplinaire menée au sein de l’entreprise prend quelques semaines tout au plus  si les preuves sont non discutables. Dans dépôt de plainte (pour agression physique, dossier en cours), cela prend 2 ans minimum avant qu’on arrive en justice.


Faire et laisser dire

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#4 14/02/2025 08h03

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Un blâme : l’entreprise est bien gentille.
Decreter qu’il n’y a pas harcèlement sexuel, alors que la drague lourde et répétée d’un supérieur (si j’ai bien suivi) et ensuite les représailles y ressemblent fort : l’entreprise est bien gentille.
Ne devriez vous pas porter plainte ? L’entreprise n’a-t-elle pas l’obligation de signaler les faits à la justice ?


Il faut que tout change pour que rien ne change

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1    #5 14/02/2025 08h52

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Mon employeur essaie de féminiser les métiers dit "masculins"

On constate pas mal de cas de harcèlements sexuels, mais heureusement ultra minoritaire : c’est le même indésirable qui ennuie plusieurs femmes

Les collègues corrects sont très attentifs à la situation

On a eu récemment un cas de collègues masculins qui ont pris des photos, filmés les dragues très lourdes et très répétées du même indésirable, et c’est l’équipe d’hommes qui a ensuite convaincu les femmes harcelées de se plaindre.

Les victimes étaient plutot prostrées, peur de perdre leur emploi, envie de se montrer "fortes" dans un milieu d’hommes, surtout qu’elles sont généralement fort jeunes (pas évident à 19-20 ans de s’imposer face à un homme costaud de 35-40 ans).

L’indésirable a été viré, mais je trouve qu’au niveau RH, on a pas assez mis en avant le comportement exemplaire des autres collègues des victimes qui ont quasiment monté un dossier face au comportement déplacé de l’indésirable.

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#6 14/02/2025 09h07

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Moi j’ai un ami : il a été témoin du harcèlement par le PDG d’une VP.

Pour éviter le grabuge : départ de la VP avec gros chèque et excellentes références.
Départ de l’ami avec gros chèque (7 chiffres), excellentes références.
Les deux démissionnés signent bien sûr un accord confidentiel leur demandant de la boucler.

Boite américaine cotée, qui a fait faillite depuis. Le PDG s’est recasé ailleurs et continue de palper $5m par an malgré l’échec professionnel et cette casserole.

Plusieurs poids, plusieurs mesures.


Dirige un cabinet de CGP - triple compétence France / Suisse / UK

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#7 14/02/2025 09h13

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Bernard2K a écrit :

Un blâme : l’entreprise est bien gentille.
Decreter qu’il n’y a pas harcèlement sexuel, alors que la drague lourde et répétée d’un supérieur (si j’ai bien suivi) et ensuite les représailles y ressemblent fort : l’entreprise est bien gentille.
Ne devriez vous pas porter plainte ? L’entreprise n’a-t-elle pas l’obligation de signaler les faits à la justice ?

C’est un sujet que je connais bien à double titre.
En tant qu’encadrant j’ai eu à gérer à plusieurs reprises ce genre de situation. Avant d’en arriver à de l’intolérable pour la victime, il y a pas mal de leviers. On comprend bien que les RH n’ont pas beaucoup envie de mettre en cause le management, surtout si ce dernier peut directement leur causer tort.
Ensuite une de mes proches est victime. Au final la seule chose qui a fait "bouger" est le recours à la menace de déposer plainte. 1 an plus tard le harceleur est toujours là, il est avéré qu’il n’en est pas à son coup d’essai, que le management n’a rien fait pendant 6 ans (c’est long). La solution proposée par l’employeur est la mutation et mise à l’écart "pour son bien" de la personne harcelée. le harceleur faisant une partie du travail de la harcelée à eu une belle augmentation/promotion.
Je trouve cela fou, inacceptable. La théorie et la pratique sont bien différentes.

Dernière modification par Iqce (14/02/2025 09h56)


Tant que t'as pas vendu t'as pas gagné. Mais t'as pas perdu. Mais t'as pas gagné. Mais…Oh zut fait @*

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#8 14/02/2025 09h23

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Kiwijuice :  c’est certain que c’est beaucoup plus compliqué quand c’est le PDG qui est incriminé plutot que des ouvriers…

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2    #9 14/02/2025 10h36

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Sincère bravo Lollip d’avoir eu le courage de ce partage sur un thème jamais évident, surtout quand on est concerné.

Quand je lis votre post, je félicite la qualité de la rédaction tout d’abord, mais surtout constate que votre RH a tout fait pour enterrer votre affaire en pensant que ce coup de semonce mettrait fin au comportement de John, bien à tord comme on le comprend ensuite …

Mais surtout, sa gestion est défaillante : de votre récit, il semble que l’enquête ait été orientée dans son rapport du moins, afin d’arrondir les angles et favoriser cet « enterrement de première classe ».

En vous lisant, je comprends moi deux harcèlements bien distincts, à nuancer car bien sûr nous n’avons que votre version et pas celle de La Défense si nous étions un conseil en bureau de Jugement.
Une enquête peut tout à fait conclure de façon tranchée à mon sens, c’est même à cela qu’elle sert, du moins quand elle est diligentée sincèrement …et c’est parfois une cause de contestation également.

La conclusion pour l’entreprise d’une situation de harcèlement avérée, avec des éléments probants déviants sur une autre forme et répétée est le licenciement pour faute grave du collaborateur, c’est même un automatisme.
Comme c’est un vrai casse gueule RH, la boîte aura intérêt à procéder comme elle l’a fait façon bisounours en espérant s’éviter une procédure du collaborateur licencié pour faire requalifier son licenciement comme abusif, et une de la victime pour n’avoir pas  respecte son obligation de sécurité au travail (le rapport d’enquête l’établirait donc un boulevard en indemnisation).

Depuis le barème Macron, les procédures CPH invoquant du harcèlement fleurissent : c’est la voie royale pour sortir du barème…mais de ceux que j’ai vus, les cas sont rarement étayés de pièces tangibles, on est souvent dans l’esbroufe des conclusions échangées entre avocats pour tenter une négociation avant le jugement.

Quand votre dossier arrive à l’audience de jugement, ce jour là, le président du jour sera rémunéré 30mn pour la préparer, c’est à dire prendre connaissance de tous les dossiers du jour. S’il s’en tient à cela, autant dire que c’est moins qu’un survol, il connaîtra juste les demandes principales en résumé. Parfois, et même souvent, il prendra de son temps libre pour creuser les dossiers et noter les zones d’ombre qu’il relève afin de poser des questions très a propos à  l’issue des plaidoiries.
À noter qu’en appel, les chambres sociales ont davantage de moyens et désignent parfois sur cet item des conseillers rapporteurs en amont qui vont faire un topo aux autres avant et ainsi permettre un débat de meilleure tenue.

Je mets un bémol sur les enregistrements à l’insu …de mes lectures, j’ai vu qu’une décision récente avait accepté ce principe, mais je ne parierai pas que cela reste constant sur la durée…

Porter plainte …je comprends bien la démarche tout d’abord, mais fort probable que ce volet pénal n’entraîne un sursis à statuer dans ce type de dossier (pas systématique non plus donc je nuance mon propos). Et si jamais, le pénal se terminait par un CSS classement sans suites pour faits non suffisamment constitués, cela serait alors le meilleur des arguments en défense …donc la encore, bien soupeser le pour et le contre avec son  avocat avant de foncer tête baissée…

Hasard du calendrier, j’accompagne à sa demande une proche de Carpediem sur un dossier de harcèlement moral dénoncé à la médecine du travail (vous n’en parlez pas mais j’aurai commencé par la avant la RH pour lui couper l’herbe sous le pied) ce qui n’a guère plu à sa direction qui a voulu lui faire une RC, et devant son incompréhension de cette gestion de son cas est désormais sur une procédure de licenciement faute grave : c’est aussi cela l’envers du décor en entreprise, victime et plusieurs fois, pas évident de se reconstruire derrière !


Profiter de ne rien foutre….

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#10 14/02/2025 12h32

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Avez-vous montré les enregistrements à la femme de John? Vous auriez peut-être trouvé en elle un allier inespéré. Peut-être même qu’elle aurait eu sa propre idee de comment régler le problème d’une manière efficace voire expeditive…

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#11 14/02/2025 13h24

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J’ai volontairement essayé d’être aussi généraliste que possible dans le post initial, mais mon cas spécifique était un peu particulier :

Je suis consultante indépendante (freelance : non salariée). J’étais en mission longue durée pour une grande entreprise française côtée en bourse.
"John" était un manager (pas le mien), nous devions travailler ensemble régulièrement pour mes projets. "Patrick" était le chef du département : mon client, et le manager de John. Les deux étaient amis.

John m’a donc régulièrement fait des avances. Cela virait à l’obsession, par exemple il disait être amoureux de moi et a écrit à un de mes amis pour savoir si j’étais en couple. J’ai décliné à chaque fois. Blessé, il se vengeait en se comportant mal avec moi (insultes, etc) et/ou en ne me donnant pas les informations dont j’avais besoin pour mon travail, puis se comportait à nouveau normalement, puis recommençait.

Au bout de plus d’un an, je suis allée voir Patrick. Je lui ai tout raconté, et ai conclu que je savais que je n’étais qu’une externe alors que John était un manager interne, donc j’allais perdre ma mission, mais je souhaitais être entendue par les RH pour qu’ils aient mon témoignage au cas où il recommence avec une autre.
Patrick m’a répondu qu’il n’arrêtait pas ma mission, qu’il parlerait à John pour qu’il ne me fasse plus d’avance, mais qu’on irait voir les RH uniquement s’il continuait à mal se comporter.

John ne m’a plus jamais fait d’avance. En revanche, il s’est acharné contre moi - les fameuses représailles. Il me méprisait publiquement, me mettait des bâtons dans les roues sur mes projets. Il a essayé de m’isoler du reste de l’équipe mais n’a pas réussi (j’étais très appréciée, lui moins).
J’ai régulièrement alerté Patrick, qui a toujours défendu que John se comportait "très bien", et a progressivement montré son agacement : c’était normal que John me "fasse la gueule", si des collègues inquiets me posaient des questions je n’avais qu’à leur mentir, etc.
Au bout de 6 mois, j’ai dit à Patrick que j’étais victime de harcèlement sexuel puis moral de la part de John et souhaitais que nous contactions les RH. Il m’a répondu qu’il n’y avait pas de harcèlement, je reconnaissais moi-même que John avait arrêté de me draguer, les RH ne feraient de toute manière rien comme j’étais externe, voire me vireraient, il disait ça pour mon bien. J’ai insisté, il a ajouté qu’il me virerait sur le champ si je parlais à qui que ce soit.

J’ai donc contacté les RH le lendemain. Elles ont lancé une enquête sur John, mais également sur Patrick.
Je suis partie - les RH ont essayé de me convaincre de rester mais j’étais fortement impactée.
Patrick s’est fait virer.
John était toujours dans l’équipe. Il a annoncé à des collègues avoir "juste" pris un blâme pour comportement inapproprié, ce qui prouvait que j’avais complètement surréagi en l’accusant de harcèlement, c’était moi le problème, il allait me poursuivre pour diffamation, etc.

Quelques mois plus tard, John étant le seul manager du département sur site, le management a décidé que John reprendrait le poste de Patrick.
Mais il s’est à nouveau comporté de manière inappropriée avec plusieurs collègues célibataires. Elles étaient désormais averties, elles ont contacté les RH rapidement, une nouvelle enquête a été lancée.
Il s’est fait virer.

Je comprends que les RH se soient focalisées sur Patrick car 1/ il était le responsable hiérarchique et 2/ et il a eu des propos très forts contre les RH quand il essayait de me convaincre de ne pas leur parler.
Je comprends aussi que c’est délicat de virer les deux managers d’une équipe, d’autant que Patrick était très haut placé.
Ils ont dû se dire que le licenciement de Patrick serait un électrochoc pour John et qu’il ne recommencerait pas, je comprends.
Et je comprends que si quelqu’un s’est pris un blâme mais reste dans l’entreprise, on continue à regarder où est-ce qu’il pourrait être le plus utile.
Mais je trouve ça dingue que le résultat pour John - s’il n’avait pas fait de victimes supplémentaires - aurait été une promotion.

volthur a écrit :

Si effectivement il y a harcèlement avéré, pourquoi ne pas déposer plainte directement en gendarmerie ou commissariat plutôt que de laisser gérer en interne vos RH ?

Bernard2K a écrit :

Ne devriez vous pas porter plainte ?

Je n’ai pas porté plainte - et ne compte pas le faire - pour plusieurs raisons :

- Mon but était : protéger les autres filles, et que John ne recommence pas.
Aller aux RH permettait de les protéger ; et si vous ne vous remettez pas en question même en vous prenant un blâme pro / en vous faisant virer, je ne pense pas qu’une amende changera grand chose.

- John était manager. La quasi-totalité des personnes ayant témoigné étaient des freelances externes, leur mission pouvait être arrêtée sans justification.
Je suppose (je peux me tromper) qu’en cas de plainte, les témoins ne sont pas anonymes.
Je ne souhaitais pas leur demander de choisir entre témoigner et leur job.

- Il me serait resté comme preuves les écrits et enregistrements. En terme de fréquence, ce n’était pas la même chose. Aucune idée si ça aurait été suffisant pour prouver du harcèlement.

- J’étais fortement impactée moralement, et re-vivre à nouveau la situation en la décrivant, pendant des mois voir potentiellement des années, pour un résultat incertain, franchement non merci.
Même maintenant, plusieurs mois plus tard, non merci.

Ceci n’est bien sûr PAS une incitation à ne pas porter plainte, au contraire, tout mon respect à celles & ceux qui le font.

koldoun a écrit :

on a pas assez mis en avant le comportement exemplaire des autres collègues des victimes

En effet, ça met du baume au coeur ! smile
Sans donner de détails, certains collègues m’ont également vraiment soutenue, quitte à mettre en péril leur propre mission. Ca m’a bien sûr fortement touchée.

Iqce a écrit :

La solution proposée par l’employeur est la mutation et mise à l’écart "pour son bien" de la personne harcelée.

Patrick m’a également proposé de m’envoyer dans une autre équipe, il a appelé ça "une solution normale" en opposition à ma solution anormale de contacter les RH.
Il était furieux que je décline, ne comprenant pas comment je pouvais préférer perdre mon job mais faire ce que j’estimais "juste".

Serenetis a écrit :

la médecine du travail

Je ne pense pas que j’aurais eu le droit de les contacter en tant qu’externe, mais c’est bon à savoir pour les salariés !

Macaxeira a écrit :

Avez-vous montré les enregistrements à la femme de John?

Je n’ai pas son contact, je l’aurais peut-être fait sinon une fois ma mission finie. Mais cela aurait été pour la prévenir (je la plains), pas dans l’espoir qu’il se comporte désormais professionnellement : il s’était senti trahi car il considérait "me courtiser", il prenait donc mal que j’ose présenter la situation de manière négative, il aurait eu les mêmes représailles envers moi.

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#12 14/02/2025 13h28

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volthur, le 13/02/2025 a écrit :

Si effectivement il y a harcèlement avéré, pourquoi ne pas déposer plainte directement en gendarmerie ou commissariat plutôt que de laisser gérer en interne vos RH ?

Avez-vous déjà porté plainte pour des faits de violence ?
Malgré des plaintes, féminicide, du mois dernier

Patricia Gomit, auxiliaire de vie sociale âgée de 51 ans, avait déposé plainte contre son ancien compagnon le 8 mai 2022 pour violences et menaces de mort, expliquant avoir « très peur ». Cependant, cette procédure avait été classée sans suite, faute d’éléments jugés suffisants.

Un mois plus tard, le 11 juin 2022, elle était retrouvée morte à son domicile. « Nous sommes au-delà du meurtre. Il y a eu la volonté d’anéantir la victime, de détruire son corps, de le rendre méconnaissable », a souligné l’avocate générale Nina Blanchon, qui avait requis la perpétuité. Malgré ses dénégations tout au long du procès, l’accusé a été mis en cause par plusieurs éléments matériels.

Parce que la justice est très très très lente.
Parce que dans une très très très grande majorité des cas, la plainte est classée sans suite.

serenitis a écrit :

Porter plainte …je comprends bien la démarche tout d’abord, mais fort probable que ce volet pénal n’entraîne un sursis à statuer dans ce type de dossier (pas systématique non plus donc je nuance mon propos). Et si jamais, le pénal se terminait par un CSS classement sans suites pour faits non suffisamment constitués, cela serait alors le meilleur des arguments en défense …donc la encore, bien soupeser le pour et le contre avec son  avocat avant de foncer tête baissée…

Hasard du calendrier, j’accompagne à sa demande une proche de Carpediem sur un dossier de harcèlement moral dénoncé à la médecine du travail (vous n’en parlez pas mais j’aurai commencé par la avant la RH pour lui couper l’herbe sous le pied) ce qui n’a guère plu à sa direction qui a voulu lui faire une RC, et devant son incompréhension de cette gestion de son cas est désormais sur une procédure de licenciement faute grave : c’est aussi cela l’envers du décor en entreprise, victime et plusieurs fois, pas évident de se reconstruire derrière !

La justice ravive la douleur, des longs mois après, des couteux frais d’avocat, à répéter, encore et encore la même histoire, face à des intervenants qui vous gratifient de leurs jugements.
" Elle avait qu’à partir"… et sous entendu que la victime l’avait bien cherché.

Bien avant "meet to", j’ai pu porter plainte pour "violence domestique" comme on dit. Lors d’une séparation qui ne lui a pas plu. J’avais eu la sage précaution de ne pas rentrer dans l’appartement mais d’être restée dans les communs de l’immeuble.
J’ai fini aux urgences. Avec un rapport médico légal, où vous êtes à poil devant un médecin et une infirmière qui vous regarde de bas en haut comme un objet et note les lésions.
Puis dépôt de plainte.
Plus d’un an après, l’affaire est passée devant la juge, il n’était pas là, n’a jamais répondu à aucune convocation, j’étais seule à la barre, j’étais apeurée, la juge m’a dit "on va pas commencer à aller au tribunal pour une gifle".
Il a été déclaré coupable, l’avocat général m’a demandé ce que je souhaite, je n’en avais aucune idée, la juge m’a demandé si c’était pour l’argent. Je suis ressortie en pleurs, rabaissée. Plus jamais.

Pendant un an, je n’ai plus pu être seule avec un homme dans une pièce. J’étais toujours sur le qui vive, je ne supportais aucun contact, même des proches.
Quelques années plus tard, quand, ma mère qui lit TOUS les journaux quotidiens, est tombée sur cet avis de décès
Né(e) le: 05 / 01 / 1985 à Mulhouse, 68
Décédé(e) le 12 / 01 / 2013 à Mulhouse (68) à l’âge de 28 ans
J’ai eu un poids littéralement qui s’est envolé de mes épaules.

Non, je n’y suis pour rien.
Oui, je suis convaincue qu’il a recommencé, et que cette fois les proches de la victime ont fait vengeance.
Oui, j’espère que ma plainte aura au moins servie ça, et à montrer que c’était un agresseur, qu’il est capable de tabasser qqn, et de la laisser pour morte au sol et de rentrer dans son appartement comme si de rien n’était.

Lollip a écrit :

Macaxeira a écrit :
Avez-vous montré les enregistrements à la femme de John?

Je n’ai pas son contact, je l’aurais peut-être fait sinon une fois ma mission finie. Mais cela aurait été pour la prévenir (je la plains), pas dans l’espoir qu’il se comporte désormais professionnellement : il s’était senti trahi car il considérait "me courtiser", il prenait donc mal que j’ose présenter la situation de manière négative, il aurait eu les mêmes représailles envers moi.

Au sein de mon travail, on est alerté sur lesviolences domestiques et nous devons informé sur la maltraitance animale, souvent le haut de l’iceberg des violences intra familiale.
98 % des publications concluent à un lien avéré entre cruautés exercées sur les humains et sur les animaux.
Il ne serait pas étonnant qu’il ait un comportement dangereux au sein de son foyer.

Serenitis je comprends d’autant plus la double peine de votre victime, qui doit en plus entendre "si ça lui plait pas, elle a qu’à démissionner".

Courage à Lollip, m***ci pour ce témoignage douloureux et sincère, qui met au grand jour ce qui est bien souvent cachée par les entreprises, au motif du "pas de vague". La honte doit changer de camp.
Que ceux qui ne voient pas le problème se rendent compte qu’ils cautionnent.

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#13 14/02/2025 14h10

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INTJ

Petite question :

Est-ce que le dossier "suit" John?

C’est à dire, un futur employeur sera t’il informé de la raison de son licenciement, afin de protéger d’éventuelles futures victimes?

Je ne gère pas les licenciements, seulement certains aspects pratiques, donc je ne sais pas trop quel suivi est mis en place pour des faits graves comme ceux-ci…

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#14 14/02/2025 15h28

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Si seulement,

"John" ne va pas rajouter une ligne sur son CV:
-manager à GrosseBoite de 2015 à 2025
- Quadrilingue, Anglais C2, Russe B2, Chinois C1, Portugais A2
- Harceleur : 2 femmes en 2025, 5 en 2024

"John" se fera recommander par copinage, et retrouvera une place.

Les exemples au sommet de l’état montre qu’il n’y a aucune prise de conscience, malgré la "soit disante égalité homme femme"
à lire ici

Le président de la République a été interpellé jeudi dans la rue par une lycéenne lors d’un déplacement à Gaillac, dans le Tarn. Elle lui reproche d’avoir nommé deux ministres accusés de viol. Emmanuel Macron lui a répondu en défendant la présomption d’innocence.

C’était la toute première polémique de son mandat, mais elle ne cesse de se rappeler à lui. Comment allier volonté de défendre les femmes victimes de violences tout en nommant Gérald Darmanin et Damien Abad, tous deux accusés de viol, au gouvernement ? Emmanuel Macron a été mis face à cette question jeudi lors de son déplacement à Gaillac dans le Tarn, à quelques jours du premier tour des législatives durant lequel la Nupes pourrait donner du fil à retordre à la coalition présidentielle.

Jusqu’au moment où il arrive, souriant, au niveau d’une jeune femme qui l’interpelle le temps d’un court échange.

"S’il vous plait ! Vous nous dites que l’objectif principal de votre quinquennat c’est l’égalité des femmes et la protection des femmes qui sont violentées", dit elle au chef de l’Etat qui acquiesce. Et elle poursuit : "En attendant, vous mettez à la tête de l’Etat des hommes qui sont accusés de viols et de violences. Pourquoi ?" A côté d’elle, on entend d’autres jeunes femmes dire " bah ouais ! "

Les hommes dont parle la jeune femme sont le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, visé par une plainte pour viol et pour laquelle le parquet a requis un non-lieu en janvier dernier, et le ministre des Solidarités, Damien Abad accusé pour sa part de violences sexuelles juste après son entrée au gouvernement.

On voit que leurs carrières n’ont pas été brisées….
Par contre, on notera que la lycéenne qui a interpellé le Président a eu la visite des gendarmes dans son lycée…

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#15 14/02/2025 15h41

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ESTJ

Comme Lollip n’était donc pas salariée mais free-lance, le CPH ne serait donc pas compétent pour statuer sur ce litige, sauf à lancer une procédure incluant en première demande la requalification de son contrat en contrat de travail : la clé d’entrée serait alors la démonstration d’un lien de subordination entre elle et l’entreprise, via le manager par exemple et ses messages pressants idéalement directifs (je veux ce dossier finalisé pour telle date etc..) Si c’est votre unique mission source de revenus sur une période longue, c’est un autre élément tangible qui peut aussi tendre à obtenir la requalification.

Cela compliquerait la donne car sans ce préambule obtenu, le reste du dossier ne pourrait être examiné.

Du fait de son statut, elle n’avait donc pas accès au médecin du travail non plus puisque cet organisme ne gère que les salariés.

Au travers de ce cas, on mesure un peu plus la précarité du free-lance, le pot de terre contre le pot de fer.

Fort probable que John n’en soit pas à son coup d’essai et pas grand doute qu’il rééditera ailleurs, je comprends mieux la légèreté de la RH car du fait de votre statut, c’est un peu moins son problème dans sa logique puisque vous n’êtes pas aux effectifs donc peu de chances que vous l’incriminiez elle …

Perso, je ne saurais même pas dire si un passage au TC serait la solution… de toute façon, je suppose qu’ester en justice = fin des missions avec eux, donc c’est encore plus pénible de franchir ce pas.

Koldoun, évidement que le fichage que vous suggérez n’existe pas !

J’ai été poursuivi pour harcèlement moral comme employeur autrefois, un dossier qui m’a hanté pendant 3 ans et qui aurait pu clore ma carrière d’alors jeune entrepreneur à l’époque en cas de condamnation avec ses conséquences pécuniaires, le barème Macron n’existait pas et l’avocat adverse a chargé la mule pensant nous faire sortir le pactole en nego pour couvrir le risque. J’en suis sorti en première instance puis en appel avec un article 700 employeur, chose plutôt rare et symbolique, mais surtout une immense colère froide : énergie folle perdue pour se faire entendre alors que  je posais fermement des limites à l’insubordination à mon sens. Cette sinistre expérience a changé mon rapport aux salariés ensuite, je reconnais avoir mis des barrières pour blinder mes dossiers des le premier manquement alors qu’avant je formalisais très peu car pas ma nature, ce qui était pris pour une forme de faiblesse en face. C’est aussi cela comme réalité, vue de l’autre « côté » d’une PME avec pignon sur rue dans une ville de province…

Comme conseiller appelé à juger ce genre de dossier, j’ai toujours rappelé à mes collègues qu’on ne condamne pas cela comme un autre chef de demande, et pas que pour raisons financières. La facilité d’une formation CPH ne voulant pas trancher est de se déclarer en partage de voix : ainsi, le poids de la décision incombera au juge départiteur, qui lui est un pro, pragmatique… c’est souvent riche d’enseignements pour les conseillers initiaux car le magistrat explique parfois avant l’audience son avis d’après les conclusions des parties, puis ensuite explique sa décision, éclairée des débats du jour, qu’on lira plus tard après rédaction.


Profiter de ne rien foutre….

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