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Affaire Kerviel : 16 ans après, qui est coupable ?

L'affaire Kerviel : analyse d'un documentaire et des controverses sur la responsabilité

Cette discussion analyse un documentaire sur l'affaire Jérôme Kerviel, explorant les différents points de vue sur la responsabilité de la Société Générale et du trader lui-même. Les membres débattent des interprétations divergentes présentées dans le documentaire, soulignant un biais apparent en faveur de Kerviel et une critique du système bancaire. Des participants ayant une expérience du secteur financier apportent des précisions sur les pratiques de trading et les contrôles internes des banques, contestant certains aspects du récit du documentaire.

Un point central de la discussion porte sur la gestion du risque au sein de la Société Générale. Certains membres mettent en lumière les failles de contrôle qui ont permis à Kerviel de dissimuler ses actions, soulignant une négligence considérable de la banque. D'autres participants défendent la position selon laquelle la responsabilité de Kerviel est entière, car il a commis une fraude en violant les règles internes et en effectuant des fausses écritures comptables. La discussion souligne également le manque de transparence et le débat entourant la compensation financière accordée à la banque par l'État.

La discussion aborde également la question de l'interprétation médiatique de l'affaire. Plusieurs membres critiquent le documentaire pour sa présentation partiale et manipulatrice, accusant le réalisateur de privilégier l'émotionnel au détriment de l'analyse objective. Ils pointent du doigt le récit narratif qui tend à dépeindre Kerviel comme une victime du système, minimisant ainsi son rôle dans la fraude. A l'inverse, d'autres participants reconnaissent la complexité de l'affaire et la difficulté d'attribuer la responsabilité uniquement à un seul acteur, soulignant le rôle des pressions internes et des défaillances systémiques.

Enfin, la discussion explore l'impact de la couverture médiatique sur la perception publique de la finance. Certains membres soulignent comment des reportages comme celui-ci peuvent alimenter une méfiance généralisée envers le secteur bancaire. Le débat met en évidence la nécessité d'une analyse nuancée et objective, évitant les simplifications et les stéréotypes souvent véhiculés par les médias.


2    #1 26/01/2025 23h24

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Un trader 50 milliards l’affaire Kerviel

Super intéressant comme documentaire de 4 épisodes, à des égards différents. Je découvre un peu plus en détail une affaire à laquelle je ne m’intéressais pas du haut de mes 20 ans.

Sur les traders de la SG, j’ai été "choqué" comme leur trading semble complètement aléatoire. JK n’explique pas du tout ses prises de positions, n’argumente rien, cela ressemble à du feeling. Je ne sais pas si c’est le fait que ce soit un documentaire "grand public" qui veuille ça ou si c’est vraiment comme ça qu’il travaillait. Il dit d’ailleurs qu’il tenait ses positions baissières coûte que coûte en attendant d’avoir raison, même s’il devait trainer des pertes latentes monstrueuses pendant des mois.
Dans The Big Short tout est expliqué, la logique derrière les shorts, les faits, les chiffres, là il n’y a absolument aucune explication. Il en est à scruter les news de toute la Terre entière à la recherche de la moindre catastrophe permettant de faire baisser les marchés mondiaux.

Ses supérieurs se réjouissent également d’attentats ou autres drames humains. Ecoeurant.

Au milieu des années 2000 (2005 de mémoire) il commençait sa carrière avec des expositions de 200 keur, cela me semble tellement petit.
Puis il éclate en 2008 à exposer sur 50 milliards d’euros, plus que les fonds propres de la banque.

Fin 2007 il avait gagné 1.4 milliards d’euros de gains sur l’année, mais il n’en déclare que 55 millions, transfert un peu à des collègues traders en dessous de leur objectif…
55 millions ce qu’il déclare, c’est la moitié des gains de l’ensemble des autres traders.

Ils étaient 8 à Delta One, le desk de Kerviel, donc si à 7 ils faisaient 100 millions ça fait 14 millions chacun, ça correspond globalement aux objectifs initiaux qu’avait eu à faire Kerviel. 1 million la première année, puis 2, puis rapidement 10/12.

Tout le monde dans la banque faisait des fausses écritures comptables, pour masquer des pertes le plus souvent, des pertes hors limite, en attendant que le trader se refasse.

Il détaille son salaire, il disait avoir en 2006 40 keur de fixe annuel + un bonus 2006 de 60 keur après avoir généré 11 m€ de profit pour la banque.
Ridiculement faible. Ils étaient moins payé que les autres car il n’avait pas de cursus universitaire prestigieux, mais si bas c’est vraiment étonnant.

Il est tombé seul, mais pourtant, beaucoup auraient pu être qualifiés de complices, tant ils ont profité de ses trades et manière totalement éclairée : courtier qui passe les ordres et prend les commissions, chefs de services N+1 N+2 etc

Son desk était débridé, temps qu’il gagne pas de limite sur ses prises de position, et quand il est perd il devient le fusible.

En 2007, ses prises de positions ont déclenché 74 alertes de dépassement d’autorisations. Et personne ne lui a mis le stop.
Il ne prenait jamais de vacances, ça n’alertait personne, arrivait le premier, partait le dernier, ne vivait que pour ça et quand on voit son salaire personnel y compris bonus, on se demande quelles étaient ses motivations, à part l’adrénaline du casino géant.
Pour dire à quel point il semblait faire n’importe quoi, en 2007 il a appelé à 460 reprises un cabinet de voyance…

Le verdict improbable de la "justice" qui le condamne seul à 5 ans de prison dont 3 fermes, et à rembourser les 4.9 milliards d’euros perdus sur ses prises de positions en 2008 (je ne sais pas si c’est du net de ses gains de 2007).

Au delà de ses lacunes personnelles, incroyable de voir ccmment il a été pris pour cible et la SG longtemps blanchit alors qu’ils étaient parfaitement au courant de ses agissements… Et la justice à deux vitesses, qui couvre les gros.

L’Etat qui offre 2.5 milliards d’euros de crédit d’impôts à la SG…. too Big to Fail, circulez continuez la machine peut recommencer. Ecoeurant…

Avec une telle issue, on peut comprendre la haine viscérale des français envers la finance et la bourse. Malheureusement des raccourcis sont fait mais ce genre d’histoire est une sacré tâche d’encre…

On dit souvent qu’une banque est une boite noire et qu’il est tendu d’y investir, c’est le moins que l’on puisse dire! Même si la il s’agit des activités de marché, ça donne pas envie du tout.


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2    #3 27/01/2025 00h35

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Le reportage sur Kerviel est, comme beaucoup de documentaires sur Arte, exclusivement à charge contre les banques; c’est ce que l’audience d’Arte demande. Une caricature supposée alimenter l’idée que les banquiers sont des monstres à pieds fourchus ne vivant que par et pour l’argent. Ce foin se digère particulièrement bien sur Arte.

"Ses supérieurs se réjouissent également d’attentats ou autres drames humains. Ecoeurant."

Le réalisateur Fred Garson ne connait rien à la Finance mais est un professionnel de l’audiovisuel et connait bien les attentes de ses clients et l’idéologie à véhiculer.

"Il détaille son salaire, il disait avoir en 2006 40 keur de fixe annuel + un bonus 2006 de 60 keur après avoir généré 11 m€ de profit pour la banque."   11M ne veut rien dire si on ne rapporte pas le gain aux fonds propres engagés. Un peu comme si vous jouiez 20M à la roulette sur le rouge et que le rouge sort.

"On dit souvent qu’une banque est une boite noire et qu’il est tendu d’y investir, c’est le moins que l’on puisse dire! Même si la il s’agit des activités de marché, ça donne pas envie du tout."   Objectif atteint. Mission accomplie Mr Garson, vous vous inscrivez dans la veine du réalisateur qui a fait le reportage sur Goldman Sachs.

A l’époque de Kerviel, j’ai eu de très nombreux contacts (et trades) avec la SG. J’ai eu de nombreuses discussions avec des protagonistes.  Si la SG s’est faite berner par Kerviel, elle n’est coupable que de (très grosse) négligence. Pour info, Kerviel a demandé un bonus de 600 000 euros à ses supérieurs en décembre, avant que la supercherie soit éventée et que la SG ne découvre horrifiée que 100% des fonds propres de la SG avaient été engagés par le petit escroc trader. C’est plus de 100 000 salariés qui auraient pu perdre leur job. Les profits de Kerviel au vu des fonds propres engagés sont ridicules. Cela a coûté 4Mds de déboucler en urgence ses positions monstrueusement grosses.
Kerviel n’a aucun génie de la Finance, il a été malin pour abuser de la confiance du Back-office d’où il venait et dissimuler ses trades avec la complicité passive de courtiers qui en profitaient.

Dans un autre contexte, j’ai été interviewé jadis par le journal d’Arte: j’ai pris un shoot de réalité à quel point leur approche n’était pas informative mais téléguidée par l’idéologie; leur leitmotiv était de me faire prononcer le mot "Spéculer". Je ne l’ai pas fait, ils l’ont dit à ma place. Puis après 1h d’interview pour  finalement moins de 30 secondes à l’antenne, soigneusement découpées, il y a un un "économiste autoproclamé" d’Attac qui a vomi 4mn sans interruption sur le capitalisme.

Plus récemment dans une soirée: une dame me questionne sur les fonds d’investissement, elle me dit "ah les fonds d’investissement, ça veut pas dire un peu la fraude fiscale? J’ai vu un reportage d’Arte". La propagande fonctionne bien.

Je regarde beaucoup Arte (histoire, films) mais je sais que le journal est vérolé de militants qui n’ont que faire des faits et que leur ligne éditoriale doit répondre à leur audience. Pourtant, sur mon domaine de prédilection, les marchés financiers, ce que fait Arte est faux, outrageusement manipulé, et propagandiste. Quelle tristesse.

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#4 27/01/2025 07h47

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C’est le genre de reportage où on n’apprend rien du tout à part que le gentil JK est la victime de la méchante banque et que le monde de la finance est pourri.

JK est juste un trader raté qui est passé d’un job de subalterne au back-office à un desk de trading le plus basique ( le delta one ) et qui a su profiter des failles de la banque pour jouer au casino et masquer des pertes ( même si je crois moyennement à cette version ).

Pour avoir travaillé dans une salle de marché, cette affaire est invraisemblable :
- tous les accès sont vérifiés quotidiennement pour s’assurer qu’une même personne n’a pas le droit de faire en même temps des trades, valider des paiements et du backoffice ( segregation of duties ).
- tous les jours, il y a des alertes qui remontent et toute anomalie est détecté en moins de 24h
- il y a une armée de contrôleurs internes qui vérifient quotidiennement les risques pris par la banque
- il y a des contrôles trimestriels par des auditeurs externes
- il y a tous les jours des réconciliations pour vérifier que les montants engagés auprès des contreparties correspondent à ce qu’il y a dans les livres de la banque
- les paiements importants nécessitent la validation de 2 personnes ( 4eyes )
- les appels et tous les échanges sont enregistrés


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#5 27/01/2025 08h05

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Merci des compléments.

Flavius a écrit :

"Ses supérieurs se réjouissent également d’attentats ou autres drames humains. Ecoeurant."

Le réalisateur Fred Garson ne connait rien à la Finance mais est un professionnel de l’audiovisuel et connait bien les attentes de ses clients et l’idéologie à véhiculer.

Ce passage c’est Jérôme Kerviel qui le prononce… ajoutant qu’on lui disait "*t*es émotions *t*u les laisses à la porte du desk.".

11M ne veut rien dire si on ne rapporte pas le gain aux fonds propres engagés. Un peu comme si vous jouiez 20M à la roulette sur le rouge et que le rouge sort.

J’ai juste évoqué salaire vs gains, pas performance vs fonds engagés….

"On dit souvent qu’une banque est une boite noire et qu’il est tendu d’y investir, c’est le moins que l’on puisse dire! Même si la il s’agit des activités de marché, ça donne pas envie du tout."   Objectif atteint. Mission accomplie Mr Garson, vous vous inscrivez dans la veine du réalisateur qui a fait le reportage sur Goldman Sachs.

Dans les deux, que les supérieurs de la SG aient vu ses agissements en toute conscience ou bien qu’il ait berné tout le monde et soit passé sous l’ensemble des radars, dans les deux cas ça donne pas envie.

Si la SG s’est faite berner par Kerviel, elle n’est coupable que de (très grosse) négligence.

C’est le moins que l’on puisse dire, le coup des 74 alertes informatiques en 2007 sur les prises de positions trop massives de Kerviel, est-ce inventé par Arté ?

Les profits de Kerviel au vu des fonds propres engagés sont ridicules.

Oui, jamais dit le contraire.

Kerviel n’a aucun génie de la Finance

Oui c’est ce que je dis également quand je parle de sa façon de spéculer au pif sans argument et de faire appel à un cabinet de voyance.

Plus récemment dans une soirée: une dame me questionne sur les fonds d’investissement, elle me dit "ah les fonds d’investissement, ça veut pas dire un peu la fraude fiscale? J’ai vu un reportage d’Arte". La propagande fonctionne bien.

La propagande ou l’incompréhension de gens qui font des raccourcis?


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#6 27/01/2025 10h25

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Pour compléter, il y avait eu une excellente interview sur Tune podcast, d’un trader, surnommé le "Jérome Kerviel" de la Caisse d’Epargne : https://www.thunepodcast.fr/index.php/2 … -depargne/

Dans l’interview, il revient sur un point : quand il y a une fraude sous la seule responsabilité du trader, l’Etat en compense une partie sous la forme la forme d’un crédit d’impôts. Ceci peut expliquer un certain zèle pour tout mettre sur le trader.

D’ailleurs, dans le cas de Kerviel, comme le rappelle Bibike, la Société Générale avait obtenu 2,2 Md€ dans un premier temps, avant de devoir les rembourser (pas bien clair si finalement elle a remboursé ou non d’ailleurs) :
- https://www.radiofrance.fr/francecultur … at-4226425
- https://www.francetvinfo.fr/societe/jus … 66395.html
- https://www.anticor.org/2020/06/16/anti … e-generale

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#7 27/01/2025 10h28

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Je pense qu’il serait intéressant d’avoir un droit de réponse du principal intéressé qui a été membre actif de ce forum pendant des années mais je ne sais pas s’il est toujours membre.

Carpediem

IH : vous confondez, Jérome n’a jamais été membre de nos forums


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#8 27/01/2025 10h39

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InvestisseurHeureux a écrit :

D’ailleurs, dans le cas de Kerviel, comme le rappelle Bibike, la Société Générale avait obtenu 2,2 Md€ dans un premier temps, avant de devoir les rembourser (pas bien clair si finalement elle a remboursé ou non d’ailleurs) :
- L’affaire Kerviel : secret fiscal ou secret d’Etat? | France Culture
- Affaire Kerviel : la Société Générale devra rembourser 2,2 milliards d’euros à Bercy
- https://www.anticor.org/2020/06/16/anti … e-generale

Ils disent dans le très mauvais reportage Arté (si j’en crois les premières réactions à mon post..) que la SG n’a finalement pas utilisé le crédit d’impôt qui lui avait été octroyé par l’Etat.

@carpediem : notre ami du forum JeromeLeivreik n’a rien à voir avec le trader de la SG big_smile


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#9 27/01/2025 11h17

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InvestisseurHeureux a écrit :

Pour compléter, il y avait eu une excellente interview sur Tune podcast, d’un trader, surnommé le "Jérome Kerviel" de la Caisse d’Epargne : Le « Jérôme Kerviel » de la Caisse d?épargne - Thune Podcast

En gros, il avait une perte de 3,5Me, il a joué au casino et faire perdre 115Me à la banque, mais ce n’est pas de sa faute.

Le vrai scandale c’est qu’il dit qu’il était payé 3ke pour faire du trading, c’est du vol smile

Pour la banque, c’est à partir du 15 septembre que son trader a adopté une « gestion particulièrement agressive et risquée, en violation totale de son mandat de gestion prudentielle extinctive ».« A cette date, il perd 3,5 millions d’euros, il prend peur et monte une activité parallèle où il va essayer de se "refaire" mais la machine s’emballe jusqu’à perdre 115 millions d’euros le 1eroctobre. Il joue une martingale », soutient Jean Reinhar

S’il admet avoir commis une faute professionnelle en effectuant de mauvais choix, il nie toute intention frauduleuse.


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#10 27/01/2025 11h28

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Quelques ajouts :
- les événements politiques comme des attentats font bouger fortement les prix des actifs. Attentat du métro de Londres en 2005 : "buying opportunity" disait mon desk. On ne se réjouit pas de l’attentat, on constate un lien attentat > baisse ponctuelle des prix à saisir.
- un trader Delta se fait payer 2-3% des résultats il me semble. Donc Kerviel était sous payé mais s’il réclamait 600k€ de bonus, alors il devait faire un bien plus gros résultat.
- un peu au contraire à Oblible, je dirais que pré-2008, c’était bien plus open-bar qu’aujourd’hui. A partir de 2009, les contraintes sont devenues extrêmement fortes. Le service risque donnait son avis avant 2008, après, il réduit lui-même les expositions pour schématiser.


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#11 27/01/2025 12h22

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J’ai aussi visionné ce documentaire qui s’avère parfois intéressant sur certains points mais aussi extrêmement discutable sur d’autres. Points qui se retrouvent à travers le récit du documentaire fait dans le premier post de cette discussion.

bibike a écrit :

Sur les traders de la SG, j’ai été "choqué" comme leur trading semble complètement aléatoire. JK n’explique pas du tout ses prises de positions, n’argumente rien, cela ressemble à du feeling. Je ne sais pas si c’est le fait que ce soit un documentaire "grand public" qui veuille ça ou si c’est vraiment comme ça qu’il travaillait. Il dit d’ailleurs qu’il tenait ses positions baissières coûte que coûte en attendant d’avoir raison, même s’il devait trainer des pertes latentes monstrueuses pendant des mois.

Le documentaire n’explique pas du tout l’activité du desk de Kerviel, qui était de faire du market making et non pas de prendre des positions directionnelles (ce que faisait Kerviel). Et au global le documentaire est très léger et superficiel sur le fond financier de l’affaire.

Heureka a fait une série de vidéos bien plus précises techniquement :

Vidéo YouTube

bibike a écrit :

Ses supérieurs se réjouissent également d’attentats ou autres drames humains. Ecoeurant.

bibike a écrit :

Ce passage c’est Jérôme Kerviel qui le prononce… ajoutant qu’on lui disait "*t*es émotions *t*u les laisses à la porte du desk.".

Effectivement, c’est Kerviel qui l’affirme dans son interview. Est-ce qu’il dit la vérité ou est-il en train de mentir ?

C’est le second problème de ce documentaire, dont le principal interviewé de loin est, jusqu’à preuve du contraire (cf. suite de mon post), quelqu’un qui a commis une fraude à grande échelle avec de multiples abus et manipulations. Lorsque je regardais le documentaire, je me demandais souvent : mais jusqu’à quel point peut-on croire ce qu’il raconte ? Je n’ai pas la réponse…

bibike a écrit :

Tout le monde dans la banque faisait des fausses écritures comptables, pour masquer des pertes le plus souvent, des pertes hors limite, en attendant que le trader se refasse.

Même remarque que précédemment, mais là on touche au coeur de l’affaire !

bibike a écrit :

Le verdict improbable de la "justice" qui le condamne seul à 5 ans de prison dont 3 fermes, et à rembourser les 4.9 milliards d’euros perdus sur ses prises de positions en 2008 (je ne sais pas si c’est du net de ses gains de 2007).

Au delà de ses lacunes personnelles, incroyable de voir ccmment il a été pris pour cible et la SG longtemps blanchit alors qu’ils étaient parfaitement au courant de ses agissements… Et la justice à deux vitesses, qui couvre les gros.

Jusqu’à aujourd’hui la justice a tranché clairement plusieurs fois sur le fait qu’il est le seul coupable et que la banque, si elle a évidemment été incroyablement négligente, n’avais pas connaissance de ses agissements.

C’est le dernier problème de ce documentaire : refaire en partie le procès en donnant beaucoup de temps d’interview à Kerviel lui-même, à son avocat actuel, à certains proches, à deux journalistes de 20 Minutes et de Mediapart, etc. Au final cela donne cette impression d’une affaire mal jugée, manipulée et que la banque serait finalement tout ou partie coupable.

Cela devient une question de conviction mais à titre personnel j’ai confiance dans la justice française jusqu’à preuve du contraire. On a le sentiment que le réalisateur de ce documentaire n’a pas vraiment cette même confiance ! Evidemment, il se peut que nous soyons en fait sur une sorte d’affaire Dreyfus moderne.

bibike a écrit :

L’Etat qui offre 2.5 milliards d’euros de crédit d’impôts à la SG…. too Big to Fail, circulez continuez la machine peut recommencer. Ecoeurant…

Comme il est indiqué à la toute fin du documentaire (c’est écrit en petit !), la banque n’a finalement pas utilisé ce crédit d’impôt.

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#12 27/01/2025 12h22

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ENFP

La série semble d’abord donner les tords à Kerviel puis s’oriente au fur et à mesure sur la SG. Je ne l’ai pas trouvé vraiment à charge de la SG si l’on écoute bien, puisqu’il est aussi question de la gestion de l’image, du marketing, qui ont permis de renverser l’image du trader voleur en peut être victime du système et bouc émissaire. Je n’en ai pas retenu que JK était innocent, mais que lui et ses conseils ont réussi à faire pencher la balance de l’opinion public en sa faveur.

D’un autre côté, dans un pays ou d’office les banques sont vues comme des voleurs, ou le complotisme se développe et tout est suspect, rien d’étonnant.

Pour beaucoup d’entre nous, je suis certain que nous avons tous des exemples dans nos sociétés ou les process soit disant de sécurité, les contrôles hiérarchiques et même les compte rendus sont fait de manière légère et non vérifiés réellement.  L’envoi d’un mail régulier de la part de la hiérarchie sur les rappels de bonnes pratiques suffisent à se couvrir et dire "j’ai fait mon job, je leur ai encore dit la semaine dernière qu’il ne fallait pas faire comme ça".  J’ai des connaissances qui reçoivent des messages d’alerte en back office pour ce justifier d’être allé sur un profil externe, un accès règlementé.. il leur suffit d’une réponse lambda et c’est ok.

Nous avons tous lu des histoires dans les journaux de conseillers bancaires, d’assureurs… qui ont détourné l’argent des clients, qui ont fait du benef en souscrivant de force des produits à des personnes âgées sans leur signature, qui ont fait des faux en écriture… Ils sont souvent très sympathiques, ne veulent pas quitter leur poste et restent en place longtemps. Ma femme m’avait raconté l’histoire d’un collègue qui refusait même les avancements jusqu’au jour ou les services de police sont venu le chercher.

En tout cas, même avec des avocats pointures du barreau, il a été reconnu coupable par la justice. Quand au petit message sur la réjouissance de la hiérarchie sur une catastrophe ou un attentat, nous ne vivons pas dans le monde des bisounours.  On peut à titre personnel être choqué par un évènement et a titre financier prévoir les répercussion négatives et positives. En l’occurrence, si elles sont positives pour le bénéfice, surtout en milllions de dollars, exprimer sa satisfaction.  Demain le prix dupétrol grimpe, pour votre voiture et vos déplacement ça vous embête, si vous avez des actions Total vous êtes content.  Si il y a de grosses inondations, un ouragan, et que vous êtes artisan dans le secteur, vous êtes content d’avoir du boulot à ne plus ou donner de la tête et de vous faire de l’oseil.
On trouvera toujours évidement quelques rares exceptions humanistes et altruistes.


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#13 27/01/2025 13h29

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carpediem a écrit :

Je pense qu’il serait intéressant d’avoir un droit de réponse du principal intéressé qui a été membre actif de ce forum pendant des années mais je ne sais pas s’il est toujours membre.

Zut, j’ai été repéré malgré mon pseudo crypté.

Je dois vous avouer (en exclusivité pour l’IH) que je ne suis pas complètement guéri de mes errances du passé : je prends maintenant de folles positions spéculatives sur Cofidur, Gaumont, Hipay ou Lexibook.

Déontologie : je détiens une position acheteuse/vendeuse sur une ou plusieurs société(s) listée(s) dans ce message.

Dernière modification par JeromeLeivrek (27/01/2025 16h56)

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#14 27/01/2025 15h58

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INTJ

Il n’a jamais été longtemps question des conditions de la liquidation de sa position.
Le faire dans la précipitation n’a fait qu’accentuer la perte, le faire sur 1 mois aurait surement été moins perdant.
Mais dans ce cas, ils n’auraient pas pu tout mettre sur le seul trader…

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#15 27/01/2025 16h32

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Il n’est pas dans l’interet de l’executant de l’ordre (cloturer les positions prise par X) de le faire uniquement en minimisant les pertes. La priorote absolue es de cloturer les positions.
C’est un arbitrage qui tient compte du temps pour cloturer (tres court, rarement plus que 2 seances), et la taille de la position. Dans ce cas precis  vu l’ampleur de la position ca a ete une boucherie.
Dans la logique d’un trader ca n’a pas d’importance, le PnL quelqu’il soit sera assigner a Mr K.
Vous on vous demande de faire du mieux possible pour faire le menage d’ici ce soir.

Je n’ai pas (encore) vu la mini serie mais Kerviel explique bien dans son livre qu’il y avait un enorme "mismark" dans son book:
Le book etait valorise a Mid market sans tenir compte de l’inventaire. Hors celui representait tellement de fois le volume quotidien de trading que la "mark" n’avait pas de valeure.


Parrainage :  BitPanda

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#16 27/01/2025 16h46

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Bonjour
la discussion porte sur la série télé
Il faudrait confronter les synopsis avec l’Outsider, le film de 2016 qui met Kerviel en scène !


Ericsson…!  Qu'il entre !

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#17 27/01/2025 17h12

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La série est bien foutue : c’est bien léché ; vous avez envie de regarder l’épisode suivant sans attendre.

Le plus intéressant pour les gens comme moi (qui n’ont pas suivi le feuilleton dans le détail ni ne sont familiers des salles de marché) c’est que ça semble bien résumer l’affaire elle-même (engagements gigantesques au regard des fonds propres de la banque et les risques macro induits) mais aussi sa chronologie jusqu’à nos jours. Et les réactions des uns et des autres quand ils "apprennent" l’affaire et la gèrent (notamment en interne).

Ma perception : pas vraiment un panégyrique de M. Kerviel (ce serait difficile…) ni outrageusement à charge à l’égard de la SG (par ex. on verserait presque une larme pour M. Bouton) ; mais tout de même clairement orientée en faveur du premier.

Curieusement je n’ai pas perçu une charge violente contre le système bancaire, dont certains se font l’écho dans des posts ci-dessus. Plutôt une critique sous-jacente à un système qui a (de fait) failli. Simple perception perso (peut-être ai-je instinctivement filtré certaines info ou commentaires smile

Dernière modification par carignan99 (27/01/2025 17h58)

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#18 27/01/2025 18h41

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Flavius a écrit :

A l’époque de Kerviel, j’ai eu de très nombreux contacts (et trades) avec la SG. J’ai eu de nombreuses discussions avec des protagonistes.  Si la SG s’est faite berner par Kerviel, elle n’est coupable que de (très grosse) négligence.

J’ajoute au propos de Flavius que dans les media on aura souvent entendu tout et n’importe quoi concernant cette affaire et que, si l’on souhaite y voir plus clair, la lecture de 2 rapports publiés en 2008 est éclairante.

1. Le premier fait suite à une enquête approfondie menée par l’Inspection Générale de la banque pour le compte du Comex et du Conseil d’Administration, qui sont tombés de leur sièges à la découverte de la fraude. Il est par exemple encore trouvable en ligne ici. Extrait :

La fraude a consisté en une prise massive de positions directionnelles que JK a masquées, ainsi que leurs risques et leurs résultats (Cf. Focus n°3), au moyen d’une série de techniques de dissimulation que l’on peut regrouper en trois catégories :
─ la saisie puis l’annulation d’opérations fictives dissimulant les risques de marché et les résultats latents des positions directionnelles non autorisées (2) ;
JK saisissait une ou plusieurs fausses opérations dans les systèmes afin qu’elles soient prises en compte dans le calcul des risques et de la valorisation. JK paramétrait ces opérations de telle sorte qu’elles couvrent les positions frauduleuses réellement prises par ailleurs. Nous avons identifié 947 transactions de ce type.
─ la saisie de couples de transactions fictives en sens inverse (achat / vente) portant sur des quantités égales d’un même sous-jacent pour des prix différents « hors marché », dans le but de masquer un résultat figé, c’est-à-dire réalisé à l’issue du débouclement de positions ;
Par exemple : le 01/03/2007, achat de 2 266 500 titres SOLARWORLD à 63 EUR et vente de 2 266 500 des mêmes titres à 53 EUR, ce qui engendre un résultat fictif négatif de 22,7 MEUR sans créer de position. Nous avons identifié 115 opérations de ce type.
─ le passage de provisions intra-mensuelles venant temporairement annuler le résultat (latent ou figé).
JK utilisait la possibilité, normalement réservée aux assistants traders (mais sans blocage informatique pour les traders) pour corriger des biais de modélisation, de saisir des provisions positives ou négatives venant modifier la valorisation calculée par le système front office. JK passait de telles écritures pour dissimuler le montant de résultat généré par ses positions frauduleuses en cours de mois (elles ne sont contrôlées qu’en fin de mois). Nous avons identifié au moins neuf opérations de ce type.

L’ensemble des techniques utilisées par JK (i) pour dissimuler ses positions et (ii) pour contourner les contrôles susceptibles de mettre au jour le caractère fictif ou indu des écritures passées sont présentées en Focus n°4.
S’agissant des transactions fictives, JK les annulait avant qu’elles ne donnent lieu à confirmation, règlement ou contrôle. Pour cela, il utilisait des caractéristiques qui lui laissaient le temps de les annuler et de les remplacer par de nouvelles fausses transactions. En particulier, il a largement exploité les transactions à départ différé (i.e. avec une date de valeur largement postérieure à la date de l’opération), qui, conformément à une pratique de place, ne sont confirmées que quelques jours avant la date de valeur, laissant du temps à JK avant de les annuler.

De plus, dans les cas où JK devait faire face à des questions de la part de supérieurs hiérarchiques ou de fonctions de contrôle, il formulait des réponses mensongères, avec dans plusieurs cas de faux e-mails à l’appui (Cf. Focus n°5).

2. Le deuxième fait suite aux analyses menées par un cabinet indépendant (PwC), mandaté par le Conseil d’Administration. Il est par exemple encore trouvable en ligne ici. Extrait :

Synthèse du diagnostic sur les faiblesses du dispositif de contrôle interne

Dans un contexte de forte croissance des volumes du pôle « Actions », les moyens alloués aux fonctions de support et de contrôle se sont retrouvés en décalage par rapport aux activités du front office. Ce phénomène s’est accompagné d’une fragilisation des équipes de back et de middle offices du fait d’un manque de séniorité.
De plus, l’environnement général s’est complexifié sans que le dispositif informatique, malgré les investissements réalisés, n’évolue d’une manière suffisante et adéquate pour assurer notamment la fluidité du traitement des transactions. L’importance des traitements manuels et la charge de travail des opérateurs ont dans la pratique rendu inopérants certains contrôles existants.
Le dispositif de contrôle, incluant les back et middle offices ainsi que les grandes fonctions transversales, fragilisé par cet environnement général a souffert de faiblesses au niveau de sa conception, de sa mise en œuvre et de son pilotage qui ont réduit son efficacité face à la Fraude.

En matière de conception, les insuffisances du dispositif se sont manifestées à différents niveaux :
- plusieurs contrôles clés susceptibles d’identifier les mécanismes frauduleux se sont révélés manquants ;
- la fragmentation des contrôles entre plusieurs unités de la même fonction ou, parfois, le partage du contrôle entre différentes fonctions, ainsi que des procédures insuffisamment explicites, n’ont pas permis d’obtenir une vision d’ensemble et une compréhension appropriée des exceptions relevées. L’absence de centralisation systématique des alertes et de remontée aux niveaux hiérarchiques adéquats n’a fait qu’accentuer ce manque de transversalité ;
- les procédures n’ont pas correctement intégré le principe d’analyse de cohérence des risques, des résultats et des positions tel que prévu dans la directive du groupe. En pratique, ce rôle qui aurait permis de disposer d’une vision d’ensemble de la Table Delta One Listed Product n’a pas été assumé. En outre, il n’est pas fait mention explicite du suivi de la consommation de trésorerie comme d’un élément contribuant au dispositif de contrôle qui aurait pu constituer un signal d’alerte complémentaire sur le niveau réel de l’activité de cette table.

En matière de mise en œuvre, en l’absence d’une sensibilisation adéquate au risque de fraude, l’attention a été portée de façon prioritaire à la bonne exécution opérationnelle des transactions. Ceci s’est traduit par une confusion entre, d’une part, la production de rapports d’alertes et la résorption des écarts et, d’autre part, la réalisation de contrôles visant à confirmer le bien-fondé des explications données et des corrections apportées.

En matière de pilotage, le dispositif a souffert du manque de réactivité requis pour apporter des corrections urgentes sur les points les plus sensibles, alors même que certaines faiblesses de contrôle interne, exploitées par le Trader 1 , avaient été identifiées par l’Inspection Générale comme devant faire l’objet d’actions correctrices.

Dans la pratique, la conjonction de ces faiblesses, sur l’ensemble de la chaîne de traitement des opérations (notamment initiation, comptabilisation, suivi des limites et réconciliation) a permis au Trader de dissimuler ses positions spéculatives.

Même s’il n’est pas exclusif d’un contrôle indépendant, le premier niveau d’un contrôle efficient reste le suivi managérial. Au niveau de l’équipe Delta One, il s’est montré défaillant tant en matière de supervision de l’activité qu’en matière de gestion des hommes.

Ainsi la hiérarchie du Trader n’a pas effectué les diligences nécessaires qui auraient consisté à exploiter les états existants (états de position, de valorisation, de suivi de résultat ou encore de trésorerie) et qui auraient pu lui permettre d’identifier la véritable nature de l’activité du Trader.

Les activités du front office se sont développées à partir d’une culture entrepreneuriale forte, fondée sur la confiance. Le développement des activités de Delta One et la croissance significative de ses résultats se sont accompagnés par l’apparition de pratiques non autorisées telles des dépassements fréquents de limites de risque de marché, ou encore le lissage ou le transfert de résultat entre traders.

L’environnement général n’a pas favorisé l’émergence de fonctions de support fortes, en mesure d’assumer toutes leurs responsabilités en matière de sécurisation des opérations et de maîtrise du risque opérationnel. Ainsi, il s’est créé un déséquilibre entre le front office, concentré sur le développement de ses activités, et les fonctions en charge des contrôles, celles-ci n’ayant pas été en mesure de développer un véritable regard critique inhérent à leur rôle.

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2    #19 27/01/2025 18h43

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Patience a écrit :

Il n’a jamais été longtemps question des conditions de la liquidation de sa position.
Le faire dans la précipitation n’a fait qu’accentuer la perte, le faire sur 1 mois aurait surement été moins perdant.
Mais dans ce cas, ils n’auraient pas pu tout mettre sur le seul trader…

Ce n’est pas exactement ce qui s’est passé. La raison pour laquelle SG a clôturé les positions de Kerviel le plus rapidement possible était liée à la crainte que le vrai niveau d’exposition de la banque ne devienne connue du marché et que tout le marché se mette à parier contre SG. Dans ce scénario, la faillite de la banque était certaine en quelques minutes, ses fonds propres étant dérisoires par rapport à l’exposition.
Pour avoir été proche de l’affaire professionnellement, la culpabilité de Kerviel ne fait aucun doute (il fraude, dissimulé, fait des faux en écriture, camoufle, etc), pas plus que ne fait de doute la négligence de la Banque, qui aurait dû l’empêcher de nuire à de multiples occasions avant d’en arriver au drame (l’intégralité de la chaîne hiérarchique de K a d’ailleurs sauté, sauf Christophe Miannay). Mais la principale victime a bel et bien été la banque, en ce compris ses collaborateurs et ses actionnaires : SG ne s’est jamais remise de cet épisode traumatique et qui se débat depuis 2008 dans une lutte perdue d’avance, entre arrêt d’activités dans la CIB, vente des activités qui peuvent attirer un vendeur (Lyxor, SG Equipment Finance), recherche désespérée de gains d’efficacité opérationnelle (fusion des réseaux Retail, convergence SI), qui bien qu’utiles ne compenseront jamais les revenus perdus. Et au final une banque qui n’a plus de narratif, plus de projet et qui finira inexorablement par une vente à la découpe ou par un rachat si ce genre d’opérations devait redevenir encouragé dans le cadre de l’union bancaire.

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Sens interdit 1    3    #20 27/01/2025 19h15

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"Curieusement je n’ai pas perçu une charge violente contre le système bancaire".

La dimension pernicieuse du reportage est dans l’apparente volonté d’équilibrer les "camps"…
Car la duplicité est de renvoyer dos à dos les protagonistes avec des torts partagés. A une époque où il est de bon ton de sanctuariser les victimes, il est fallacieux de ne pas présenter avec simplicité: il y a un escroc, Kerviel, et une victime, la SG.
Va-t-on reprocher à une victime -autre que quand il s’agit d’une banque- ses faiblesses? Reprocher à la vieille dame qui se fait arnaquer par un brouteur d’avoir été négligente? Reprocher à la femme de provoquer son agresseur? Mais quand une banque est piégée, on sonne l’hallali.
Kerviel a intelligemment renversé les charges en se faisant passer pour une victime, en ayant le jeu facile de mettre à l’index une banque, percluse de polytechniciens….Argent, élites…

J’accuse Arte de systématiquement oeuvrer à caricaturer les banques: ce que l’on voit dans le reportage Kerviel est aussi visible dans les reportages sur Goldman Sachs. Ou encore récemment la Finance verte, pitoyablement présentée. Les réalisateurs sont brillants, oui ça donne envie de voir le prochain épisode. Et c’est manipulé avec audace pour semer l’idée que les torts sont partagés, que les banques sont des monstres froids animées d’intentions ignobles contrairement aux gentils individus de notre société, faibles et vulnérables (comme Jérome K) pétris d’altruisme. Manichéisme grossier.
Mais si Kerviel a violé les règles internes et mis en péril toute la banque, c’est pour demander un bonus de 600 000 euros à titre personnel. Il ne me semble pas que la simplicité de la situation ait été explicitée quand le reportage se perd en conjectures sur les failles du contrôle bancaire. Enquêter c’est aussi un métier, mais pas celui de ces plumitifs du monde moderne, experts en réalisation mais ignorants et pire, non concernés par l’objectivité. Arte ministre de la Vérité. C’est beau comme du Orwell.

Cette attitude d’Arte, illustrée par ces documentaires sur la Finance, me consterne car tous les jours nous nous rapprochons d’une justice (du peuple, médiatique) où ce ne sont pas les faits qui prévalent, mais qui les commet. Les uns coupables de tout à jamais (les banques) et d’autres systématiquement excusés (pas Kerviel qui n’a pour se défendre que d’avoir volé le méchant) pour ce qu’ils sont, pas ce qu’ils font.
Comprenez: l’émotion clanique, qui nous sommes, est devenue plus forte que la logique des faits. Dans "les animaux malades de la peste" La Fontaine expose déjà que la foule aime crier "haro sur le baudet". Arte ne fait que prendre la suite.

Je lance  le challenge de trouver sur Arte, mais aussi sur une chaîne publique, une fiction où un banquier tient le rôle du héros ou même de type bien. Inversement trouver un banquier voleur assassin ou bouilleur d’enfant est monnaie courante dans nos séries écrites avec les pieds (mais si bien réalisées). La distribution des rôles a été donnée une fois pour toute (par Arte mais aussi tout ce qui est sujet à "sensitivity readers" comme Netflix) et ce matraquage médiatique est orchestré par des professionnels du reportage, Torquemada modernes, qui ignorent largement les arcanes du sujet traité, et s’en accommodent car l’objectif n’est pas d’informer, mais de conforter ce que l’audience veut entendre et les a priori largement répandus sur une profession; ou pire: faire naître des idées partisanes sur un agent économique. Un président s’est bien fait élire en déclamant "mon ennemi c’est la Finance". Ce n’est pas neutre.

Pourquoi tant de haine? L’explication se trouve à mes yeux dans "Race et histoire" de Levy Strauss: une minorité n’est acceptée que si elle est perçue comme dominée. Les banques sont, aux yeux de nombreux médias, notamment publics, le juif du XXIeme siècle, coupables de tout à jamais.

Mais peut-être la Direction d’Arte m’expliquerait qu’elle est là pour faire de l’Audimat; ou que sa mission publique n’est pas d’informer; ou que le renouvellement de son mandat passe par la diffusion des idées diffusées plus haut.

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#21 28/01/2025 10h41

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Je ne nie pas le biais d’Arte, mais dans la production audiovisuelle française et même anglo-saxonne, les banquiers/financiers sont très rarement présentés sous un jour favorable. Je me rappelle de L’Argent, de L’Argent Des Autres, le loup de Wall Street, mais à part Mary Poppins, le banquier sympathique est  introuvable.

Mais oui, Arte est une chaîne d’information qui devrait être plus neutre.

Et même ici, rares sont les posts qui louent les banquiers, les CGP, les assureurs ou les professionnels de la finance. Rares aussi les posts qui louent qui que ce soit d’ailleurs.

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#22 28/01/2025 11h06

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Flavius, le 27/01/2025 a écrit :

"Curieusement je n’ai pas perçu une charge violente contre le système bancaire".

La dimension pernicieuse du reportage est dans l’apparente volonté d’équilibrer les "camps"…

Je vous le répète : je n’ai simplement pas perçu de charge violente contre le système bancaire. Dans "perçu" il y a "perception".

J’ai retenu de ce documentaire :
- Un bon résumé d’une chronologie pourtant pas évidente à suivre (bref de la vulgarisation)
- Des témoignages plutôt intéressants des membres de la direction de la SG
- …Et leur effarement devant le problème à traiter
- Un biais plutôt en faveur de M. Kerviel (qui a beaucoup de temps pour exposer sa vision)

Après rien de polémique hein. Je ne suis pas un suppôt d’Arte (trop intello pour moi) ni son contempteur (je vous laisse ce rôle, vous avez sans doute vos raisons).

Flavius, le 27/01/2025 a écrit :

Va-t-on reprocher à une victime -autre que quand il s’agit d’une banque- ses faiblesses? Reprocher à la vieille dame qui se fait arnaquer par un brouteur d’avoir été négligente? Reprocher à la femme de provoquer son agresseur? Mais quand une banque est piégée, on sonne l’hallali.

Si j’étais taquin, je vous paraphraserai : les parallèles que vous faites sont pernicieux. Certainement malvenus.

Il ne vous aura pas échappé que la différence entre la SG et une vieille dame ou une femme agressée c’est que la SG est une organisation 1) professionnelle, 2) qui a les moyens de se défendre, 3) qui a des obligations en matière de contrôle et 4) une responsabilité telle au plan macro que ça l’oblige à une obligation de résultats.

La SG a failli. Tout bêtement en laissant passer un truc aussi gros. Après on peut verser des larmes de crocodiles sur ces pauvres banquiers qui se sont laissés berner par un méchant trader. Ça c’est la culture de l’excuse (avec laquelle j’ai du mal en règle générale). Ou respecter les membres de la SG en les prenant pour ce qu’ils sont : des professionnels. Qui ont failli dans leur mission. Ce sont des grands garçons, ils assument sans doute.

Cette bourde aurait quand même pu faire sérieusement tanguer le système bancaire. C’est pas rien.

Ce qui n’enlève rien à ce que M. Kerviel soit l’auteur des faits et un repris de justice. Pas besoin d’un reportage sur Arte pour le savoir.

Dernière modification par carignan99 (28/01/2025 11h22)

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