Le mot aérosol désigne la présence de particules solides ou liquides en suspension dans un gaz.
Par exemple, vous venez de vous doucher, vous y voyez parfaitement clair car l’air est transparent. Il y a donc beaucoup de vapeur d’eau dans l’air. La vapeur d’eau est un gaz transparent.
Vous ouvrez la cabine de douche, faisant rentrer de l’air froid. Il apparaît des "nuages" blancs, de la "buée". L’air froid pouvant contenir moins de vapeur d’eau que l’air chaud, la vapeur d’eau vient soudain de condenser en gouttelettes d’eau liquide. L’air contient donc moins de vapeur d’eau que l’instant d’avant (moins de gaz) mais contient désormais aussi des gouttelettes d’eau liquide en suspension. Ce que vous avez devant vous est donc un aérosol.
Dans tout aérosol, les particules les plus grosses sont généralement les plus lourdes, donc elles retombent en premier.
Exemple : une voiture diesel qui démarre à froid. Vous voyez un nuage noir sortir du pot. Si le sol du garage est blanc, il y a de bonnes chances pour qu’il comporte, dès quelques secondes après le démarrage, des particules de suie. Ce sont les grosses particules, qui se déposent vite. Par contre, en venant admirer ces grosses particules posées sur le sol du garage, vous venez d’inhaler les particules les plus fines qui, elles, sont toujours en suspension dans l’air.
Eh bien, quand un malade tousse ou éternue, c’est pareil. Il expulse des postillons de toutes tailles. Les gros postillons retombent vite. S’il a toussé dans votre direction, et que vous portez un masque chirurgical et des lunettes, vous êtes protégé des gros postillons, qui vont tomber sur le masque et les lunettes (enfin bon, vous risquez quand même fort de vous contaminer ensuite, en vous frottant le visage ou en attrapant vos lunettes, mais c’est une autre histoire).
Par contre, il a aussi émis de minuscules postillons, qui sont encore en suspension dans l’air. Vois avez peut-être retenu votre respiration quand il vous a toussé au visage. 3 secondes plus tard, vous inspirez. Et là, c’est clair et net, les postillons fins, encore en suspension dans l’air, passent sur les bords du masque chirurgical et vont dans vos voies respiratoires.
A noter qu’il n’expulse pas que des postillons. Il expulse aussi un nuage de gaz, à savoir l’air qui était dans ses poumons. C’est cet aérosol d’air et de particules qui a un potentiel de dispersion très élevé. Voici un article passionnant et très sérieux sur Science et Avenir, avec de très jolies photos et vidéos, qui montre ce qui se passe quand on tousse ou qu’on éternue : Toux, éternuements : les projections vont plus loin que ce que vous pensiez - Sciences et Avenir
Presque tout le monde a déjà porté un masque "anti-poussière" pour faire du ponçage. Au bout d’un certain temps, on va aux toilettes, on enlève le masque, et on se regarde dans la glace. Et là, on voit des traces de poussière de la couleur de ce qu’on ponçait, qui vont de l’endroit où le masque n’était pas étanche (souvent les ailes du nez) vers nos narines. On a donc respiré la poussière. Au lieu de vraiment filtrer, le masque a seulement servi d’écran (contre les projections directes) et de chicane (il rallonge le circuit de l’air). Avec cette chicane, ce parcours plus long, les plus grosses particules ont peut-être pu être éliminées. Mais les plus fines, on les a respirées presque autant que si on n’avait pas porté de masque. C’est pour cela que l’une des caractéristiques essentielles d’un masque respiratoire, c’est sa bonne adaptation à la forme du visage, y compris les ailes du nez.
Un masque FFP2 dont on n’a pas pris la peine de bien plaquer la partie supérieure pour l’adapter à la forme de son nez ne protégera pas mieux qu’un masque chirurgical (à la rigueur, un tout petit peu mieux). Parce que, au lieu de servir de filtre, il sert surtout d’écran et de chicane.
Personnellement, si j’ai acheté un demi-masque à cartouches pour bricoler, ce n’est pas tellement pour la qualité des cartouches qui serait vraiment supérieure à la qualité filtrante d’un masque jetable, mais pour la qualité du masque en silicone qui s’applique bien sur le visage. Le test du miroir est passé avoir succès : quand j’enlève le masque devant le miroir, j’ai la tête de Hulk (tout vert car j’étais en train de poncer de la peinture verte) SAUF sous le masque, où il n’y a pas de traces vertes en direction des narines. Voilà pourquoi c’est un bon masque : il plaque de façon étanche sur le visage. TOUT l’air que j’ai respiré est bien passé au travers du filtre, au lieu de passer par une chicane, une fuite entre le masque et mon visage. Or, je n’ai jamais vu ce résultat avec les masques jetables. Voilà la principale différence, en pratique, entre un masque jetable et un masque durable à cartouches.
Voilà pourquoi le masque chirurgical ne peut pas protéger contre les aérosols de postillons fins : il ne plaque pas sur le visage.
Mais voilà aussi pourquoi le meilleur masque du monde ne sera pas efficace s’il n’est pas porté correctement, bien plaqué contre le visage, sans laisser de passage de fuite.
La physique appliquée, c’est passionnant.
(je précise au passage que je ne ne suis pas spécialement parano, et que je n’ai pas porté un masque depuis le début de l’épidémie, car je n’étais pas spécialement exposé et que je n’étais pas dans un contexte où l’on pouvait porter un masque sans passer pour très étrange).
Dernière modification par Bernard2K (19/03/2020 13h16)